Au fil des derniers mois, David Foucault n’a jamais cessé de franchir les étapes avec succès et il n’est pas impossible que le gentil géant puisse accomplir le tour de force suprême d’accéder à la NFL dès sa première tentative.

Tranquillement, mais sûrement, l’ancien des Carabins de l’Université de Montréal gagne ses galons au camp d’entraînement des Panthers de la Caroline et il pourrait profiter d’une situation favorable sur la ligne offensive pour réaliser son rêve. 

Au niveau de l’effectif, le dossier majeur concerne la retraite du vétéran bloqueur à gauche, Jordan Gross. Par conséquent, les Panthers ont orchestré une compétition entre Nate Chandler et Byron Bell – qui évoluaient pourtant du côté droit la saison dernière – pour hériter de ce rôle crucial.

C’est donc dire que Foucault occupe une position enviable dans la hiérarchie de la ligne offensive puisque la profondeur demeure une denrée rare à cette position chez la troupe de Ron Rivera.

« Ils m’ont fait jouer à droite et à gauche, mais ça fait deux jours que je m’entraîne seulement à gauche car les entraîneurs ont remarqué que j’ai plus d’aisance de ce côté », a confié Foucault qui se plaît à ravir dans son nouvel environnement fort compétitif.

Même s’il évolue sur la ligne offensive depuis seulement trois ans, Foucault brille comme un diamant à l’étape de la finition aux yeux des dirigeants des Panthers. Celui qui a grandi à La Prairie avait justement choisi avec son agent l’offre des Panthers en raison des ouvertures sur le front offensif.

« (Le manque de profondeur) Ça pourrait m’avantager et les entraîneurs aiment vraiment mon physique. Ils savent que je suis peu expérimenté à cette position sauf que j’apprends rapidement », a admis celui qui observe de près le travail de Chandler et Bell pour peaufiner son jeu.

À 25 ans, Foucault s’assure de ne pas s’emballer trop vite surtout qu’il n’a jamais été repêché dans la NFL. Ceci dit, il croit en son potentiel et il constate qu’il pourrait réussir la mission qui semble souvent impossible.

David Foucault« Je pense que j’ai une chance de faire l’équipe ou celle d’entraînement à tout le moins. Je ne veux pas me faire d’idées, mais quand je regarde comment je me débrouille et comment je progresse, je crois que je pourrais y arriver », a-t-il avoué avec tout le sérieux de sa démarche.

En joignant les Panthers, Foucault hérite aussi du privilège de « grandir », car il mesure quand même un six pieds huit pouces, sous la supervision de John Matsko. L’entraîneur de la ligne offensive possède un curriculum vitae épatant ayant notamment gagné le Super Bowl avec les Rams en plus d’être le mentor de Michael Oher avec les Ravens de Baltimore.

D’ailleurs, les entraîneurs des Panthers n’hésitent pas à faire plonger dans l’action leurs espoirs ce qui permet à Foucault de vivre des expériences inestimables.

« Après avoir commencé sur la troisième unité, ça fait deux jours que je m’entraîne sur la deuxième », a dévoilé Foucault en précisant que certaines blessures aident parfois sa cause.

« J’ai pu effectuer des répétitions face à la ligne défensive partante incluant Greg Hardy (élu au Pro Bowl en 2013) et Frank Alexander. Dans le fond, ils nous disent : si vous êtes en mesure de tenir votre bout contre ceux qui jouent les matchs, vous pourriez disputer des parties », a-t-il expliqué.

Mais ce n’est pas de tout repos d’évoluer sous les ordres de Matsko qui n’épargne pas ses protégés.

« Je n’ai jamais été aussi nerveux pour des entraînements qu’avec lui comme entraîneur. Il a un style très agressif et tu es certain de le savoir quand tu fais une petite erreur car il va te le rappeler. C’est simple, il voit les plus petits détails. Ce qui le frustre le plus, c’est quand tu commets une erreur technique ou une erreur sur un jeu que tu devrais connaître puisqu’il te l’a enseigné », a révélé celui qui se fait autant reconnaître par sa tignasse blonde que son accent français.

Parlant de la sonorité de son anglais, même l’entraîneur Rivera blague à ce sujet.

« Tout le monde rit gentiment de mon accent, ils m’apprécient beaucoup et ils me donnent plusieurs surnoms amicaux comme « Frenchie »; on plaisante beaucoup là-dessus. »

Un puissant baume sur une année éprouvante

Engagé dans un marathon débordant d’obstacles depuis janvier, Foucault est parvenu à attirer les regards de la NFL jusqu’à l’obtention de son contrat avec les Panthers pour participer à leur camp d’entraînement.

Cette magnifique nouvelle a atteint une ampleur encore plus spéciale puisque son père a dû subir une opération pour un cancer de la prostate au cours des derniers mois. L’émotivité était au rendez-vous quand il a partagé cette réussite avec ses parents qui ont joué le rôle principal derrière sa progression.

« Mes parents ont toujours été là pour me pousser et m’aider à ne jamais abandonner. Même dans les moments difficiles, ils m’ont supporté dans tous les aspects de la vie et je suis rendu à ce point grâce à leur encadrement », a remercié Foucault qui pense immédiatement à eux quand il se dit qu’il cogne aux portes de la NFL. 

« Depuis janvier, j’ai vécu un gros stress de m’entraîner fort en participant à trois camps d’évaluation (combines) dans un mois pour me prouver. Cette nouvelle du cancer est arrivée et ça me poussait à travailler encore davantage en pensant à mes parents », a ajouté le choix des Alouettes (5e échelon) au repêchage 2014 de la LCF. David Foucault

Rien n’est acquis pour le colosse qui arbore le numéro 63, surtout que le camp d’entraînement des Panthers n’est vieux que d’une semaine, mais Foucault pourrait vivre une autre expérience précieuse puisque le premier match préparatoire pointe déjà à l’horizon le 8 août avec la visite des Bills de Buffalo.

« Je veux démontrer ce que je peux accomplir parce que ce sont vraiment les performances dans les parties qui permettent de se tailler une place dans l’équipe et dans la NFL. Je devrai limiter les erreurs », a souhaité l’un des 19 Canadiens participant aux 32 camps NFL.

La possibilité d’inspirer la relève

Même s’il ne jouit pas d’un statut de premier plan comme certains hauts choix au repêchage, Foucault a été accueilli à bras ouverts chez les Panthers qui visent l’étape ultime après avoir été éliminés en demi-finale d’association par les 49ers de San Francisco.

Encouragé par cette réception chaleureuse qui se poursuit, Foucault entend poursuivre son fulgurant chemin alors qu’il évoluait tout récemment sur la colline du Mont-Royal dans l’uniforme des Carabins.

« Ça peut sembler impressionnant, mais je vois cela comme une autre étape car je dois continuer pour obtenir mon but. Tout le monde me dit que je suis rendu à côté de grands joueurs et que je suis pratiquement devenu une vedette, mais je ne regarde pas les choses ainsi. J’apprécie l’endroit où je suis rendu et je veux poursuivre ma progression », a souligné celui qui a abandonné le hockey à 13 ans et qui est le cousin de Joël Perrault.

Le ton heureux de sa voix s’illumine encore davantage quand il aborde sa fierté d’ajouter de la représentativité québécoise et canadienne dans la NFL.

« J’aimerais tellement ça, ce serait un rêve. Ce serait vraiment un grand pas vers l’avant cette année si Laurent (Duvernay-Tardif avec les Chiefs) et moi pouvions y arriver. On deviendrait une motivation pour les jeunes et le football québécois et c’est agréable vu que ça comporte un petit côté historique », a espéré Foucault qui rejoindrait ses compatriotes Louis-Philippe Ladouceur et Andy Mulumba sans oublier Henoc Muamba qui a habité au Québec et qui fait bonne impression chez les Colts.

Avant de savourer la frénésie d’un premier match professionnel, Foucault est épaté de découvrir l’attachement des partisans des Panthers qui assistent aux entraînements en grand nombre.

« C’est tellement le fun, je n’ai jamais vu des partisans aussi motivés. Par exemple, il pleuvait très fort jeudi et des partisans sont restés pendant deux heures à nous regarder malgré tout et ils nous ont demandé des autographes à la fin », a conclu Foucault qui a notamment été observé par Jim Popp, le directeur général des Alouettes, un spectateur régulier au camp des Panthers.