J’ai écouté tous les matchs, pris connaissance de toutes les statistiques et écouté ce que chacun avait à dire. Le coup d’envoi du Super Bowl XLVII sera donné dans quelques jours et j’ai encore de la difficulté à prédire avec conviction l’équipe gagnante.

Sur papier, si j’étudie les forces en présence et que j’analyse tout ça le plus objectivement possible, je n’ai pas le choix de prendre pour les 49ers. Par contre, l’ampleur de l’élan avec lequel les Ravens sont arrivés à La Nouvelle-Orléans, l’adversité à laquelle ils ont récemment dû faire face, la présence accrue de vétérans au sein de leurs rangs et toute l’histoire entourant le dernier match de Ray Lewis sont tous des points en faveur de ceux qui ont été établis négligés par les preneurs aux livres.    

Vous allez peut-être vous demander où je m’en vais avec ça, mais je trouve aussi que les Ravens font preuve d’un meilleur sens de l’humour. C’est vrai! Marc Trestman nous disait toujours que les équipes championnes ont toutes un bon sens de l’humour. Elles sont sérieuses quand c’est le temps, mais sont aussi capables d’avoir du plaisir en faisant leur travail. J’écoutais l’entraîneur des Ravens John Harbaugh lors de la journée des médias et si on compare son comportement à celui de son frère Jim, c’est le jour et la nuit!

Je ne dis pas que c’est ce dernier facteur qui déterminera du gagnant dimanche soir au Superdome, mais c’en est un parmi tant d’autres qui, à mes yeux, avantagent les Ravens.

Voici mon avis sur quelques histoires et enjeux qui entourent ce 47e Super Bowl, que vous pourrez écouter sur les ondes de RDS dimanche à compter de 17 h 30.

La tactique de Lewis

C’est vrai qu’on fait tout un plat avec le bruyant leader de la défensive des Ravens. Pour les journalistes, ce théâtre est du vrai bonbon, mais une fois que le ballon sera dans les airs et que 22 joueurs entreront en contact pour la première fois, tout ce tapage ne voudra plus rien dire.

Mais dites-vous bien que ce n’est pas un hasard si Ray Lewis a annoncé publiquement son intention de prendre sa retraite avant que ne débutent les éliminatoires. Généralement, un joueur qui décide de tirer un trait sur sa carrière va garder le secret jusqu’à la fin de la saison, ne serait-ce que pour se donner le temps de réfléchir et de s’assurer qu’il ne se trompe pas.

Mais Lewis ne fera pas un Brett Favre de lui-même. Son idée est coulée dans le béton et s’il l’a fait connaître à qui voulait l’entendre, c’est justement dans le but de motiver ses coéquipiers.

Le facteur Ray Lewis, selon moi, ça se traduit par une petite demi-heure de plus dans la salle vidéo, 15 minutes supplémentaires après l’entraînement ou une rencontre d’équipe qui n’aurait autrement peut-être pas eu lieu. Personne ne pensera au dernier match de Ray Lewis pendant le match, mais c’est une pensée qui aura certainement aidé les Ravens dans leur préparation.  

Une troisième dimension?

Il y a déjà quelques années que la défensive des 49ers impose sa loi aux quatre coins de la NFL. Ce qu’on a appris au sujet de cette équipe dans la deuxième moitié du calendrier, c’est qu’elle possède maintenant une attaque qui peut semer le même genre de régime de terreur.

Le pain et le beurre de l’attaque des 49ers, ce sont les jeux de courses en puissance. Formations multiples, regroupements de personnels hors de l’ordinaire, déploiements à tous vents des joueurs de ligne... Tout ça rend leur onze offensif très dynamique.   

Avec l’arrivée de Colin Kaepernick dans le portrait, les Niners ont ajouté une balle courbe à leur arsenal : le jeu d’option. C’est une tactique qui leur a permis de surprendre plusieurs équipes cette saison. Les Packers de Green Bay n’étaient pas prêts à la contrer au deuxième tour éliminatoire et les 49ers n’ont pas hésité à en abuser. Une semaine plus tard, les Falcons d’Atlanta se sont montrés déterminés à ne pas se faire battre de la même façon et ils se sont fait servir une bonne dose de Frank Gore et de LaMichael James en plein centre.

Une équipe qui prépare sa stratégie défensive contre les 49ers doit maintenant être prête à deux éventualités et avec la semaine supplémentaire de préparation qui précède le Super Bowl, je ne serais pas surpris que Jim Harbaugh et son coordonnateur offensif Greg Roman aient ajouté une troisième dimension à leur attaque. Plusieurs variantes peuvent découler du jeu d’option et on sait que Kaepernick est auss capable de gagner un match avec son bras.  

Ce qui m’impressionne surtout de Kaepernick, c’est sa capacité à se contenter de ce que la défensive adverse lui donne. Il lit extrêmement bien les intentions du joueur adverse responsable de l’option et prend plus souvent qu’autrement la bonne décision. Que ce soit lui ou ses coéquipiers qui récoltent les fleurs, il a l’air de s’en foutre éperdument. C’est évident que son seul but est de mener son équipe aux grands honneurs.  

Je ne veux pas que vous pensiez que je me joins au fan club toujours grandissant de Kaepernick simplement parce qu’il est rendu au Super Bowl! Mais je suis forcé de constater qu’il est supérieur à ses jeunes pairs à presque tous les niveaux. Il est une version plus grosse, mais aussi rapide (sinon plus) que RG3. La puissance de son bras se compare aux meilleurs de sa profession, mais il est aussi très précis. Et comme si tout ça ne suffisait pas, il a rapidement prouvé qu’il avait le QI de football pour s’exécuter dans le système de son entraîneur.  

Kaepernick possède aussi un beau mélange d’insouciance et de confiance en soi. Le jeune ne croit pas à la pression, qu’il associe simplement à une mauvaise préparation. C’est une naïveté qui le sert plutôt bien. Dans dix ans, peut-être qu’il se souviendra de ses premières années dans la NFL et qu’il réalisera l’ampleur de ce qu’il est en train d’accomplir, mais pour l’instant, il se contente de jouer au foot. Il s’amuse et son plaisir est visiblement contagieux auprès de ses coéquipiers.

Un vis-à-vis pas piqué des vers

Beaucoup de louanges envers le général de l’attaque des 49ers, mais ne vous en faites pas, je n’ai pas oublié celui qui lui donnera la réplique dimanche. Joe Flacco est hot, très hot présentement. Meilleure cote d’efficacité de la Ligue en éliminatoires avec huit passes de touché sans une seule interception? Difficile d’arriver au plus gros match de la saison plus en confiance!

Présentement, Flacco lance la balle profonde mieux que quiconque. Ses passes sont précises et si ses cibles favorites, Torrey Smith et Anquan Boldin, ont une chance de mettre une main sur le ballon, celui-ci ne verra jamais la couleur du gazon.

Cette belle complicité a commencé à prendre sa forme actuelle le jour où la ligne à l’attaque a été partiellement remodelée en fin de saison. Depuis, Flacco habite sa pochette sans se faire toucher : il n’a été victime que de quatre sacs à ses trois derniers matchs.

Une ligne hermétique, un quart-arrière en confiance et des receveurs aux mains fiables : c’est la recette parfaite pour connaître du succès.

Les frères Smith

Flacco sera-t-il capable de faire son travail en toute sécurité dimanche? La réponse à cette question importante sera fournie par Aldon et Justin Smith, le duo qui détient l’une des clés cruciales des succès de leur équipe.

Les 49ers ne blitz pratiquement jamais. C’est une équipe qui joue du football simple au possible : une pression à quatre joueurs, deux maraudeurs assis dans les zones profondes et des secondeurs rapides capables de couvrir la largeur du terrain. Mais ses résultats extraordinaires, elle les doit à son exécution parfaite. Et elle cogne fort! C’est vraiment devenu sa marque de commerce.

Dimanche, face à une ligne protectrice qui profite d’un deuxième souffle, les deux Smith, ceux qui ont causé du chaos de si belle façon pendant la majeure partie de la saison, devront faire le travail. Ce n’est pas un choix, mais une nécessité.

Bryant McKinnie, le vétéran plaqueur à gauche des Ravens, aura son mot à dire là-dessus. Sera-t-il capable de tenir? Il commence à se faire vieux, mais il est gros et très talentueux. Pour que son équipe ait des chances, il devra empêcher les deux Smith de voler le show.

Le verdict

Depuis le début des éliminatoires, les Ravens et les 49ers n’ont pas encore été impliqués dans un match ennuyant. Les deux équipes savent apporter les bons ajustements en cours de partie et ont le caractère pour revenir de l’arrière tard dans le match. Je m’attends à un Super Bowl serré jusqu’à la toute fin et c’est drôle, mais je suis incapable de me débarrasser de cette impression que l’équipe qui s’inscrira au pointage la première perdra le match.

Ultimement, je crois que l’équipe championne sera celle qui parviendra à gérer le mieux le contrôle du ballon. Les Ravens n’ont pas été très impressionnants dans cette facette du jeu récemment. Leur défensive a passé plus de temps sur le terrain que n’importe quelle autre unité dans l’histoire de la NFL et Dieu sait que l’attaque des 49ers peut vous faire trouver le temps long.

Au final, je crois que les deux semaines de préparation permettront au personnel d’entraîneurs des 49ers de concocter le plan de match gagnant pour un groupe d’athlètes globalement plus talentueux.

Prédiction : 49ers 24, Ravens 20

Joueur par excellence : Colin Kaepernick

*Propos recueillis par Nicolas Landry.