Je tiens à souligner l’excellence des Patriots de la Nouvelle-Angleterre. C’est absolument extraordinaire ce qu’ils ont réussi à accomplir en fin de semaine face aux Rams de Los Angeles pour remporter un sixième titre du Super Bowl en 18 ans.

On connaît toutes les statistiques, avec le vétéran quart-arrière Tom Brady qui obtient son sixième trophée en carrière. Le propriétaire du club Robert Kraft a d’ailleurs mentionné lors de la cérémonie de dimanche à quel point c’est incroyable, et c’est vrai. Aujourd’hui dans le monde du sport professionnel avec le plafond salarial imposé, tous les mouvements de personnel, l’absence de loyauté des équipes et des joueurs les uns envers les autres, réussir à bâtir une organisation qui demeure au sommet année après année, c’est inédit. Les adjoints s’en vont, les joueurs s’en vont, tu n’as jamais de grosse vedette mis à part le quart-arrière ou encore un joueur comme Rob Gronkowski. Quand quelqu’un devient trop grand pour les Patriots, on le laisse partir ailleurs et on embauche quelqu’un de moins dispendieux qui peut tout aussi bien faire l’affaire. Pourtant, on continue de gagner. Pour moi, c’est quelque chose qu’on ne reverra pas de sitôt, c’est unique dans le sport professionnel des années 2000 de voir ce qu’ils ont accompli.

ContentId(3.1307067):Super Bowl 53 : Patriots 13 - Rams 3 (NFL)
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Il n’y a pas de gros nom, pas de grande vedette, même s’il ne faut pas négliger Stephon Gilmore qui est quand même un joueur de premier plan, ou encore Trey Flowers qui est un bon ailier défensif mais qui est bien loin d’un Von Miller. On a aussi Kyle Van Noy et Dont’a Hightower qui sont de bons secondeurs, mais ce ne sont pas des Luke Kuechly ou des joueurs de cette sorte-là. Malgré tout, hier on a vu pourquoi ça marchait : c’est une équipe qui fonctionne bien ensemble. On construit un système, on embarque dans ce système et ça marche. Difficile de mieux l’illustrer qu’en regardant la performance défensive d’hier chez les Pats.

Ce sont vraiment des joueurs qui respectent le système, qui comprennent leur rôle et qui effectuent le plan de match. C’est exactement ce qui s’est passé hier. On se demandait au niveau stratégique si l’entraîneur-chef des Pats Bill Belichick allait avoir le dessus sur celui des Rams, Sean McVay, et hier la stratégie de Belichick a eu le dessus sur McVay. On savait qu’on voulait courir, utiliser le jeu au sol dans ce qu’on appelle du outside zone. On avait un plan pour ça. On a complètement enlevé le jeu au sol, on est revenu avec du inside zone, donc de la course à l’intérieur. Après on a forcé le match entre les mains de Jared Goff, ce qu’on savait qu’on voulait faire, et on lui a constamment enlevé sa première lecture. Goff est un quart-arrière de système : si ton système est meilleur que le sien, ça va être difficile pour lui parce qu’il ne peut pas créer comme un Patrick Mahomes a réussi à créer avec les Chiefs de Kansas City il y a deux semaines. C’est exactement ce qui s’est produit.

Comme on le sait, Sean McVay envoie des indications à Jared Goff dans ses écouteurs jusqu’à ce qu’il reste 15 secondes au cadran. Donc souvent ce qu’on fait chez les Rams, c’est qu’on s’aligne vite, ensuite on regarde l’unité défensive qu’on nous présente, et là McVay donne des indications : voici ce que la défense te présente, qui est placé où, voici ta confrontation, où tu dois aller. Il parle à Goff tout le long. Hier on a fait ça, McVay a donné ses indications, mais soudainement l’unité défensive commençait à bouger donc on changeait ce qu’on lui présentait comme stratégie. Au niveau stratégique et du travail d’équipe chez les Pats, tout le monde était sur la même page, tout le monde était toujours prêts. Les Rams n’ont pas réussi à créer de confrontation avantageuse dans le match. Et alors qu’on a joué beaucoup en couverture homme à homme durant la saison régulière, dimanche on a joué beaucoup de couverture de zone. On a vraiment changé ce qu’on fait pour s’adapter à l’équipe adverse et c’est ça la force des Pats.

Mon collègue Pierre Vercheval parle souvent d’« équipe caméléon ». Une équipe caméléon est une équipe qui s’ajuste à ce que l’adversaire présente en déterminant ce qu’elle peut faire pour le battre. Il n’y a pas juste une chose qu’on fait bien, il y en a plusieurs, donc on est capable de s’ajuster. Les Patriots se sont effectivement bien ajustés à Jared Goff. En attaque, ils sont capables de courir si l’adversaire est vulnérable par la course, mais ils sont également capables de faire des passes si l’adversaire y est vulnérable. Goff n’est pas un quart habile en improvisation, ce n’est pas un magicien, et en plus, on l’a constamment dérangé. On a appliqué de la pression, on l’a mêlé, on a enlevé le jeu au sol et ça a résulté en une récolte de seulement trois points pour une des attaques des plus dynamiques cette saison.

On parle beaucoup de Tom Brady depuis des années, et à juste titre. Il a réussi à faire des séquences en fin de match qui ont permis d'arracher la victoire, mais cette victoire-là, c’est une victoire d’équipe et c’est ça les Patriots, c’est la meilleure équipe. Le football est un sport collectif et c’est pour ça que les meilleures équipes gagnent et non pas juste les meilleurs athlètes.

 

* Propos recueillis par le RDS.ca

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