On a presque vécu le jour de la marmotte la semaine dernière lors de notre deuxième match de la saison contre les Roughriders de la Saskatchewan. Heureusement, contrairement à ce qui s'était produit lors de notre première partie de la saison, on a été capable de tenir le coup et de s'en tirer avec la victoire.

Comme lors de notre visite à Regina, on menait 24-10 à la mi-temps vendredi dernier, mais je n'avais pas l'impression qu'on avait été aussi dominant que la première fois. Vous pouvez facilement vous imaginer à quoi ressemblait le discours quand on est rentré au vestiaire.

"Les gars, la dernière fois qu'on les a affrontés, on menait par 14 points à la demie et on a perdu 54-51. Alors il ne faut pas se faire jouer le même tour cette fois-ci."

Et pourtant, on s'est presque fait avoir une fois de plus. Dans le premier match de la saison, je suis prêt à admettre qu'on est peut-être devenu un peu trop confortable avec notre position, mais vendredi, je peux vous dire que le problème n'était pas là. On a toujours maintenu le focus et le niveau d'effort nécessaire.

Je ne sais pas comment l'expliquer. De un, on n'a pas su générer assez d'attaque, comme en font foi nos 39 verges de gains totaux en deuxième demie. Rien ne fonctionnait et d'après ce que j'ai pu comprendre, il s'agit de quelques petits problèmes ici et là, des choses qui se corrigent bien. Des erreurs d'assignations, des erreurs d'alignement, des trucs du genre...

En défensive, tout a été numéro un en situation de premier essai et dix, mais en deuxième et long, ça a été très pénible. Je serais curieux de voir les statistiques. En 1er et 10, on doit être la meilleure équipe de la Ligue canadienne tandis qu'en situation de deuxième et long, on doit être la pire.

En 1er et 10, on dirait que notre mentalité est d'attaquer et d'être très agressif. On est dans la face des receveurs, on met beaucoup de pression sur le quart-arrière... Mais toute cette efficacité disparaît quand vient le temps de sortir l'adversaire du terrain dans les situations qui sont pourtant à notre avantage. J'ignore si c'est une question d'aisance avec le système, mais on joue soudainement beaucoup plus passivement, on laisse l'attaque dicter le rythme et on se contente de réagir.

C'est quelque chose qu'il faudra absolument corriger. D'ailleurs, quand est venu le temps de revenir sur notre performance, on s'est attardé uniquement sur cet aspect. On n'a même pas visionné le film complet du match. On a plutôt pris le temps de ressortir des séquences de nos rencontres précédentes pour étudier nos mauvaises tendances, parce que ce n'est pas d'hier qu'on est aux prises avec ce problème.

On est donc retourné au tableau. On a apporté des correctifs sur les directives collectives qui semblaient ambigües pour certains joueurs en plus de clarifier le rôle de chacun dans différentes situations. C'est toujours plus facile d'œuvrer dans une défensive quand tu sais ce que les gars autour de toi sont supposés faire et les discussions qu'on a eues depuis notre dernière victoire devraient nous aider grandement dans le futur.

Mes explications peuvent vous sembler négatives, chers partisans, et laisser sous-entendre que la discorde est en train de s'installer au sein de notre unité défensive, mais je vous rassure immédiatement. Il n'y a pas de "pointage de doigt" présentement chez les Alouettes. Au cours des dernières années, j'avoue que c'est peut-être un problème qu'on avait. On revenait au banc est des gars capotaient, la ligne défensive pouvait commencer à nous crier après, etc. Mais l'édition actuelle des Alouettes est très mature. Nous formons une équipe de vétérans qui comprennent que tous les membres de la défensive sont liés un à l'autre.

Vendredi, personne, mais vraiment personne n'a élevé le ton de sa voix pour critiquer un coéquipier. Même si Darian Durant complétait de longues passes, les Anwar Stewart, Eric Wilson et John Bowman nous encourageaient toujours de façon positive. Ils nous demandaient de ne pas lâcher, de simplement leur donner une seconde de plus pour se rendre au quart-arrière.

Cette attitude nous a permis de garder le fort malgré tout et de réaliser de gros jeux. Quand on fait le décompte, on remarque qu'on a mis de la pression sur Durant 25 fois sur les 80 jeux offensifs des Riders et qu'on l'a frappé un total de 19 fois, ce qui est immense. On a aussi réussi deux interceptions et un touché de sûreté qui s'est avéré d'une importance capitale en fin de match.

Et dire qu'il était supposé être malade!

Ce qui explique aussi la belle solidarité entre tous les membres de notre unité défensive dans le match contre la Saskatchewan, c'est qu'on savait qu'on s'attaquait à un athlète d'exception en Darian Durant. Souvent, notre pression était efficace et aurait suffi à rabattre plusieurs quarts-arrières au sol, mais Durant, lui, parvenait à trouver une porte de sortie. Je crois que c'est sa plus grande qualité. Il a le don de trouver la brèche pour échapper à une situation corsée et garder un jeu en vie.

Ses statistiques sont impressionnantes : il domine la Ligue canadienne avec des gains aériens de 2040 verges et du lot, près de 900 verges ont été amassées contre nous. C'est complètement ridicule! Depuis que je suis dans la LCF, il est assurément l'un des quarts qui ont donné le plus de fil à retordre aux Alouettes.

Il faudra trouver une façon de le contrer parce que même si la saison est encore très jeune, je ne serais pas surpris si la finale de la coupe Grey nous opposait encore aux Roughriders.

Chip Cox, un athlète d'exception

On a beau avoir accordé près de 500 verges à l'attaque des Riders, le joueur défensif de la semaine dans la LCF se trouve dans notre équipe. Chip Cox a vraiment joué un match formidable pour nous en fin de semaine dernière.

J'en ai parlé sur les ondes de RDS après la rencontre et je l'ai répété aujourd'hui à David Arsenault : pour moi, Chip est notre joueur par excellence en défensive cette saison et il pourrait même l'être à l'échelle de la Ligue. C'est tout un joueur de football!

Chip est capable de tout faire sur un terrain. Il blitz, il court, il frappe, il est probablement le joueur le plus rapide au sein de notre équipe. Il a commencé la saison en feu à Regina et depuis, il m'impressionne de plus en plus à chaque match. C'est vraiment cool de pouvoir compter sur un gars comme lui dans notre équipe.

En 2007, Chip avait eu sa chance au camp des Redskins de Washington, mais était revenu avec nous après avoir été retranché. Aux yeux des partisans, il n'était plus le même joueur à son retour à Montréal. Je me souviens très bien de cet épisode et si je suis prêt à concéder qu'il avait connu une baisse de régime, je suis aussi capable de me mettre dans ses souliers et de comprendre d'où venait la déception qui l'empêchait peut-être de mettre tout son cœur à l'ouvrage.

Quand tu grandis aux États-Unis et que tu rêves de jouer dans la NFL, tu vois la Ligue canadienne comme un tremplin pour accéder à l'étape supérieure. Quand tu as finalement ta chance, mais que ça ne fonctionne pas, ça ne peut pas faire autrement que d'affecter ton moral.

Le football est un sport qui se joue énormément entre les deux oreilles. Es-tu motivé? Mets-tu le temps nécessaire dans ta préparation? As-tu vraiment le goût d'être là? Si tu réponds non à ces questions, ça va paraître lors des matchs et je crois que c'était le cas de Chip Cox à l'époque.

Chip vient d'avoir 27 ans et ça ne me surprendrait pas qu'il tente de nouveau sa chance dans la NFL quand son contrat avec les Alouettes arrivera à échéance. Je ne vois pas comment un athlète de son niveau ne se trouve pas dans la meilleure ligue de football au monde.

Dans ma vie, Chip fait partie, avec Diamond Ferri, des meilleurs athlètes qu'il m'ait été donné de voir et je sais qu'il possède encore tout le potentiel au monde pour accéder à la NFL. Si c'est encore son désir, je lui souhaite de faire le saut.

Tim Maypray, le digne remplaçant de Larry Taylor

Parlant de joueurs qui obtiennent des essais dans la NFL, il y a notre ancien spécialiste sur les retours de bottés, Larry Taylor, qui tente présentement de saisir sa chance avec les Jets de New York. Heureusement, en Tim Maypray, on a été capable de dénicher un remplaçant qui n'est pas piqué des vers!

Tim ne maîtrisait pas totalement l'art du retour de botté en début de saison, mais il s'améliore de semaine en semaine. Ce qu'il fait mieux aujourd'hui, c'est d'attraper le ballon dans les airs. Ça a l'air niaiseux comme ça, mais c'est important!

Un retour de botté, c'est une question de timing entre le retourneur et ses bloqueurs. Tim serait probablement le premier à vous dire que ce n'est pas le travail d'un seul homme. Alors quand le retourneur laisse le ballon toucher au sol avant de le capter, ce sont de précieuses secondes qui sont perdues et ça peut faire déraper le travail de tout le reste de l'unité.

Tim l'a compris et a commencé à mieux juger le ballon. Les gars bloquent très bien pour lui et avec sa vitesse, ça donne ce qu'on a vu contre les Riders : un retour de botté de précision raté de 118 verges. Tim montre aussi la meilleure moyenne de la LCF sur les retours de bottés de dégagement.

On ne s'ennuie donc pas trop de Larry, mais on ne dirait pas non s'il revenait avec nous non plus!

Le point sur les blessures

Quelques joueurs sont sortis amochés du match contre les Roughriders, mais selon ce que j'ai pu comprendre, leurs blessures ne semblent pas trop graves.

Anthony Calvillo devrait être à son poste samedi à Toronto. On a tenu un léger entraînement aujourd'hui au cours duquel la défensive a seulement fait huit jeux contre l'attaque, mais néanmoins, Anthony a lancé un paquet de ballons. Il semblait tout à fait précis et n'avait pas du tout l'air embêté par l'index de sa main droite. Ça fait du bien de savoir que sa blessure n'est pas trop grave parce qu'il est vraiment le pilier de notre équipe. Personne n'est plus important qu'un autre dans une équipe de football... sauf le quart-arrière!

John Bowman aussi était sur le terrain aujourd'hui et semble en état de jouer. John, c'est un gars qui tombe souvent au combat, mais qui se relève toujours! C'est un gars de finesse qui joue à une position très physique. Ça arrive qu'il se fasse brasser, mais il retombe toujours sur ses pieds.

Les nouvelles semblent toutefois un peu moins bonnes dans le cas de Mark Estelle. Je sais qu'il a rencontré les médecins lors des deux derniers jours et il n'a pas pu s'entraîner avec nous. Pour pouvoir faire le voyage et jouer samedi, il faudrait qu'il pratique mercredi ou jeudi, alors on verra.

Si Mark devait être forcé de rater le match, on pourrait le remplacer par Paul Woldu, un excellent jeune demi de coin canadien qui joue toujours très bien quand on lui en donne la chance. C'est d'ailleurs lui qui a été à l'origine de la deuxième interception de Chip Cox la semaine dernière. On a aussi Stanford Samuels et De'Audra Dix qui peuvent remplacer, alors on est très bien nantis à cette position.

Là-dessus, on se reparle la semaine prochaine!


*Propos recueillis par Nicolas Landry.