Une autre tuile nous est tombée dessus en fin de semaine dernière quand notre quart-arrière Matt Hasselbeck a été frappé au genou et devra s'absenter pour une période minimale de trois semaines. Ça sera intéressant de voir comment l'équipe réagira en l'absence de nos deux meilleurs joueurs. D'après moi, la perte de Hasselbeck sera plus difficile à surmonter que celle de Shaun Alexander.

Oui, Alexander a été le joueur le plus utile de la NFL l'an passé et c'est un gros morceau de notre attaque, mais toute notre offensive tourne autour de Matt. La position de quart-arrière est vraiment la plus importante au sein d'une équipe et aussi la plus difficile à jouer. Ce n'est pas pour rien que ces gars-là sont les mieux payés de la ligue. Il ne s'agit pas seulement de ce qu'ils peuvent faire avec leur bras, mais aussi avec leur tête.

Souvent, si Shaun trouve une brèche pour un long gain, c'est parce que Matt a apporté des ajustements à la ligne d'engagement après avoir décelé une faiblesse dans la défensive adverse. L'efficacité du quart-arrière se mesure par bien d'autres façons que le nombre de passes qu'il peut compléter ou le nombre de verges qu'il peut gagner. Matt est notre leader incontesté, le visage de notre équipe.

Si Matt a fait ses preuves dans la NFL, c'est tout le contraire de son remplaçant, Seneca Wallace. On a tous confiance qu'il pourra bien faire, mais reste qu'il n'a jamais joué quand ça compte. La force de Hasselbeck, c'est son intelligence. Avec lui, les entraîneurs savent qu'ils peuvent se permettre d'élaborer des plans de match plus compliqués, de changer les jeux à la ligne de mêlée. Je doute qu'on fasse la même chose avec Seneca, et c'est tout à fait normal.

Le point positif, c'est que Seneca apportera tout de même une toute autre dimension à notre attaque. C'est un athlète extraordinaire. Si vous demandez aux joueurs de l'équipe de nommer le meilleur athlète au sein de notre formation, 95% vont vous répondre Seneca Wallace.

Si son nom ne vous est pas totalement étranger, c'est peut-être parce que vous avez suivi notre parcours lors des éliminatoires la saison dernière. Contre les Panthers de la Caroline, Mike Holmgren l'avait envoyé dans la mêlée comme receveur de passes et il avait réussi un attrapé spectaculaire d'une trentaine de verges.

Dans les entraînements, quand il prend la position de receveur, personne n'est capable de le couvrir. C'est un joueur qu'on pourrait comparer à Antwaan Randle El et qu'on pourrait utiliser à toutes sortes de sauces, sauf que c'est notre deuxième quart-arrière et on doit lui faire attention. Notre troisième quart, David Greene, a encore moins d'expérience et n'est vraiment pas prêt à jouer. S'il fallait que Seneca se blesse, je vous avoue qu'on serait dans le trouble.

Seneca a la confiance de ses coéquipiers parce qu'on sait que c'est un bon gars, un bon travaillant qui a confiance en ses moyens. Il ne pourra pas remplacer Matt Hasselbeck, mais on sait qu'il est capable de faire des choses que celui qu'il remplace ne peut pas faire. Je suppose que le plan de match va inclure des jeux différents avec beaucoup de feintes de remises, des dérobades du quart. Avec sa mobilité, Seneca va être capable d'acheter du temps pour mieux repérer ses receveurs. Et vous allez voir que s'il se met à courir avec le ballon, il pourrait être dangereux. Il n'a évidemment pas le talent de Michael Vick, mais c'est le même genre de joueur.

Ça sera aussi plus difficile pour la défensive adverse, en l'occurrence celle des Chiefs de Kansas City, de se préparer en prévision du match parce qu'ils ne le connaissent pas. Ils ne l'ont jamais vu jouer et n'ont aucune séquence vidéo pour l'étudier. Je suppose que c'est le petit avantage que ça peut nous donner.

Le passé sera-t-il garant de l'avenir?

J'étais sur les lignes de côté lorsque Matt s'est blessé. Je ne peux pas dire que ça a eu un effet néfaste sur le moral de l'équipe, mais je vous assure que ça a eu un impact sur nos partisans. Notre stade, qui est réputé pour être très bruyant, est devenu aussi silencieux qu'une église. Le match était égal 10-10 à ce moment et on a finalement perdu 31-13.

C'est certain que les joueurs se demandaient tous ce qui était arrivé à Matt, on en parlait. Mais on ne peut pas se servir de ça comme excuse pour notre défaite. On est habitué de faire face à ce genre de malchance. Il faut dealer avec et continuer.

On avait vécu un peu la même situation la saison dernière. Après quatre matchs, on a perdu nos deux receveurs partants, Darrell Jackson et Bobby Engram, pour quelque chose comme huit semaines. On avait alors une fiche de 2-2, mais d'autres joueurs, comme Joe Jurevicius, sont venus combler le vide et ont connu une grosse saison. On doit espérer que la même chose nous arrive cette année.

Une marée rouge

Seneca Wallace effectuera son premier départ dans la NFL dans l'un des environnements les plus hostiles qui soient : le Arrowhead Stadium de Kansas City.

Les Seahawks y ont joué deux fois depuis que je porte leurs couleurs, la dernière fois en 2001. C'est là que j'ai joué le quatrième match de ma carrière, un lundi soir. C'est un stade qui peut contenir environ 80 000 personnes qui font un vacarme d'enfer. Tout le monde est habillé en rouge. C'est vraiment une belle place de football. Quand on y arrive en autobus quatre heures avant le match, il y a déjà un paquet d'amateurs confortablement installés dans le stationnement qui mangent et qui boivent de la bière. Tu vois l'amour qu'ils ont pour le sport et pour leur équipe. Je compare un peu ça avec le Lambeau Field, à Green Bay.

Un autre aspect qui peut incommoder les visiteurs à Kansas City, c'est la température. Les équipes qui viennent jouer chez nous peuvent s'attendre à ressortir avec un bon mal de tête en raison du bruit, mais il faut toujours relativement beau à Seattle. À Kansas City, il fait souvent froid, il vente et il peut neiger. Ce ne sont pas des matchs faciles à jouer.

Non, ça ne sera pas évident pour notre nouveau quart de nous mener à la victoire à son premier départ, mais c'est un beau challenge pour lui, sans aucun doute.

La clé : Larry Johnson

À chaque match, la priorité de toutes les équipes est d'arrêter la course. Si tu n'es pas capable de faire ça, tu ne peux rien faire d'autre et tu vas trouver la journée longue. Et disons que quand le porteur de ballon de l'autre côté s'appelle Larry Johnson, ça complique un peu les choses. On sait qu'on va avoir à l'arrêter tout au long du match pour avoir du succès et les Chiefs vont appeler son numéro à profusion.

Au poste de quart, les Chiefs aussi doivent faire avec leur numéro 2 en Damon Huard, mais leur situation est bien différente de la nôtre. Ça fait longtemps qu'il est dans la ligue, c'est un joueur expérimenté et il a connu du succès depuis le début de la saison en remplacement de Trent Green. Ce n'est pas un inconnu et on sait à quoi s'attendre.

En gros, on va affronter une équipe équilibrée qui compte sur une défensive améliorée. Et il y a Dante Hall pour retourner les bottés, une idée toujours stressante pour les joueurs des unités spéciales.

Le frère de l'autre

Mon frère Mathieu a déjà huit buts en sept matchs cette saison dans la Ligue américaine de hockey, ce qui le place parmi les meilleurs marqueurs du circuit. Ses affaires vont bien et il en est très heureux. Il ne lui manque plus qu'à avoir sa chance avec le grand club.

L'an passé, il est allé jouer en Allemagne et n'a pas aimé l'expérience. Il n'a pas eu de difficulté à s'adapter à la culture, mais c'est sur la glace que ça n'a pas cliqué. Il a trouvé que c'était moins bien dirigé, moins bien structuré qu'ici. C'était moins professionnel. Il était déçu et voulait revenir.

Il a signé un contrat à deux volets avec les Sharks de San Jose et il joue maintenant avec leur club-école. Au rythme où il met la rondelle dans le filet, jamais je ne croirai qu'il ne sera pas rappelé à un moment donné. C'est vrai que les Sharks sont bien nantis en attaque, mais une blessure est si vite arrivée!

C'est un joueur qui a toujours eu de la difficulté à percer, mais je crois qu'il pourrait être aidé par les fameux nouveaux règlements de la LNH. Il a joué un certain nombre de matchs avec les Blue Jackets de Columbus, mais chaque fois qu'il a été rappelé, on le mettait sur le quatrième trio avec le goon et le quatrième centre, mais lui c'est un marqueur.

Il est aussi capable de s'impliquer physiquement, il joue dur le long des rampes, c'est un gars qui marque les buts difficiles, qui va ramasser les retours de lancers. J'espère qu'il va avoir sa chance. C'est souvent comme ça le sport professionnel… Le secret, c'est d'arriver à la bonne place au bon moment.

Les Cards me surprennent

Ce n'est pas parce que les Mariners ne sont pas de la Série mondiale qu'on ne parle pas de baseball à Seattle. Dans les journaux et à la radio, les Seahawks sont le principal sujet de discussions mais on parle aussi beaucoup de baseball.

Personnellement, je pensais que les Cards de St-Louis allaient subir le même sort qu'en 2004 alors qu'ils avaient été balayés par les Red Sox de Boston, mais je dois avouer qu'ils m'étonnent. Avec encore deux matchs à jouer à St-Louis, avec les règlements de la Ligue nationale, je dois leur donner l'avantage, mais c'est loin d'être fini.

Je suis allé à quelques reprises cette saison voir les Mariners au Safeco Field, un stade extraordinaire. Au début de la saison, Matt Hasselbeck avait été invité à effectuer le premier lancer et j'avais été faire un tour sur le terrain.

J'étais là aussi quand les Expos étaient venus en visite. Je me dis que si on avait été capable d'avoir un stade au centre-ville à Montréal, j'aurais encore l'occasion d'aller les voir jouer…

*Propos recueillis par RDS.ca