Tom Brady a « choké », et pas à peu près, au Super Bowl XLVI.

Les Patriots de la Nouvelle-Angleterre n'avaient pas seulement le momentum, ils avaient pratiquement le match en poche quand l'attaque dirigée par Brady était installée au début du territoire des Giants de New York avec un peu plus de quatre minutes à jouer au quatrième quart.

Sur un 2e et 11, Brady a repéré l'ailier espacé Wes Welker, qui avait trouvé une faille dans la défensive des Giants, mais sa passe imprécise a forcé son receveur à se contorsionner pour tenter de réaliser l'attrapé. Le ballon s'est retrouvé au sol et les Pats ont raté une belle occasion d'avancer les chaînons à la ligne de 20.

Sur le jeu suivant, Brady a eu tout le temps au monde pour analyser la situation et décocher le ballon vers un receveur libre. Il a trouvé Deion Branch, mais sa passe était derrière sa cible qui a rapidement été contrôlée par Corey Webster.

Brady a eu deux chances en or de prolonger la possession des siens. Dans le pire des scénarios, il écoulait du temps précieux et son équipe finissait par se contenter d'un placement. Si tout se passait bien, il ajoutait sept points au tableau et clouait le cercueil des Giants.

Il a plutôt redonné le ballon à Eli Manning et le reste fait maintenant partie de l'histoire.

C'est triste, parce qu'avant d'en arriver là, Brady connaissait vraiment un match extraordinaire. Il avait notamment fracassé une marque de Joe Montana, un record qui est maintenant insignifiant et dont il ne voudra probablement jamais parler. Tout ce dont on se souviendra, ce sont les deux passes qu'il a ratées à la fin du match.

Chapeau aux Giants!

Il ne faudrait surtout pas penser que je critique Brady pour discréditer l'effort des Giants. Au football, on ne remporte pas un championnat grâce à un coup de chance et il faut donner à Eli Manning tout le mérite auquel il a droit pour avoir réussi cet autre tour de force.

Cette année, au quatrième quart, Manning et ses receveurs ont été pratiquement impossibles à contrer. Dans le match le plus important de la saison, ce groupe tissé serré a orchestré une remontée victorieuse de dernière minute pour la SEPTIÈME fois. L'attrapé de Mario Manningham pour donner un peu de marge de manœuvre à son quart-arrière au début de la séquence décisive était remarquable. Ce sont des jeux du genre qui restent gravés dans la mémoire des amateurs.

On a souvent dit que le parcours qui avait permis aux Giants d'accéder au Super Bowl XLVI ressemblait à celui qui avait mené à leur conquête de 2008. C'est vrai, mais en plus, je trouve que le match de dimanche était comparable en plusieurs points à celui d'il y a quatre ans. Je revois encore Asante Samuel échapper une interception presque assurée alors que la saison parfaite des Patriots étaient en jeu. J'y ai repensé quand j'ai vu l'édition 2012 des Pats rater des occasions en or de récupérer des ballons échappés et éventuellement perdre la bataille des revirements.

Manning a complété 75 % de ses passes et a amassé près de 300 verges par la passe. Il a encaissé quelques sacs, mais jamais dans des situations dramatiques et a surtout su protéger le ballon plutôt que de lancer des interceptions coûteuses. C'est une belle preuve de sa progression au cours des dernières années.

Contrairement à ce que bien des observateurs avaient prédit, la ligne défensive des Giants n'a pas dominé le rempart offensif des Patriots. J'avais d'ailleurs souligné pendant la semaine précédant le match qu'on avait un peu négligé le potentiel de la ligne à l'attaque de la Nouvelle-Angleterre au profit de la belle histoire du front des G-Men, qui n'a pas eu l'impact espéré. En défensive aussi, les Patriots ont bien fait. Comme ce fut le cas en saison régulière, ils ont accordé des verges, mais on a resserré notre couverture à mesure que la zone des buts approchait. On a mis de la pression et on a souvent été capable de limiter les dégâts.

Mais en bout de ligne, les Giants ont prévalu. Ils ont encore une fois prouvé que l'idée, ce n'est pas d'avoir une fiche parfaite, mais bien de jouer ton meilleur football au bon moment.

Quelle saison des Giants! Chapeau!

*Propos recueillis par Nicolas Landry.