C'est avec plaisir que je vous retrouve pour mes chroniques football.

Le moment est bien choisi de reprendre le collier avec l'ouverture du camp d'entraînement des Alouettes de Montréal dimanche. Ce camp sera le théâtre de quelques enjeux intéressants à surveiller. Pour cette première chronique, je vous présente les aspects incontournables du camp en attaque.

Cette année, les joueurs et les entraîneurs se présentent dans un contexte complètement différent. En 2008, les Alouettes amorçaient un important virage avec un nouvel entraîneur et de nouveaux coordonnateurs. Face à l'inconnu, on gardait nos réserves au sujet des attentes envers la formation montréalaise. On espérait que les Alouettes allaient connaître une belle saison et nous donnions la chance au coureur.

Évidemment, la présence des Alouettes à la coupe Grey a changé la donne. Sans évoquer le mot pression, on s'attend à rien de moins qu'une conquête de la coupe Grey cette fois. Les partisans, les joueurs, les entraîneurs et le propriétaire en veulent davantage lors de la deuxième saison de l'ère Marc Trestman.

L'an passé, tous les joueurs étaient en quelque sorte des recrues avec les nouveaux systèmes, mais cette fois personne ne doit partir à zéro.

Pour s'amuser, on pourrait dire que les Alouettes ont construit la fondation et la charpente. Ils ont monté le rough alors que le moment est venu de terminer la façade, peinturer, installer les plates-bandes et compléter le paysagement de la maison.

Voilà pourquoi je m'attends à un camp qui débutera en force. La cadence sera très importante et c'est pourquoi j'ose espérer que les recrues auront profité des quatre journées d'entraînement supplémentaires pour prendre le rythme. Les recrues vont constater que ça va décoller rapidement dimanche matin et ils vont s'apercevoir que le niveau est plus élevé.

Les Alouettes doivent donner le ton très tôt puisqu'ils feront face à un calendrier très difficile en début de saison en disputant sept de leurs dix premiers matchs contre des équipes de l'Ouest. D'ailleurs, les Alouettes jouent cinq rencontres seulement en juillet dont trois dans l'Ouest canadien à Calgary, Regina et Edmonton.

Il s'agit donc d'une bonne nouvelle que les entraîneurs soient de retour ce qui évite de repartir à neuf avec un calendrier aussi exigeant. Bien sûr, les Alouettes doivent connaître un bon début de saison. En théorie, la deuxième moitié s'annonce plus facile, mais un faux départ pourrait démoraliser tout le monde et affecter l'équipe.

Le mot d'ordre du camp sera : finir le travail! Voici ce qui explique pourquoi tous les vétérans qui étaient joueurs autonomes et qui ont reçu des offres de contrat, sont revenus rapidement dans le nid. Ils sentent quelque chose de spécial et ils veulent compléter leur mission.

D'ailleurs, quoi de mieux que de remettre la monnaie de la pièce aux Stampeders en remportant la coupe Grey à Calgary; ce serait un scénario fort intéressant.

Les enjeux en attaque

Les Alouettes ont la chance de miser sur le retour de 23 des 24 partants. En fait, le joueur de ligne défensive Devone Claybrooks s'avère le seul qui ne poursuit pas sa carrière à Montréal puisqu'il n'a pas vraiment reçu d'offre de contrat.

Ce contexte permet aux entraîneurs d'ajouter quelques pages au livre de jeux puisque les joueurs seront plus confortables dans le système et on pourra leur demander d'effectuer des choses plus complexes.

Il est important de rappeler que neuf des 12 partants offensifs des Alouettes ont été nommés sur l'équipe d'étoiles de la section Est en 2008. Il s'agit d'un accomplissement assez spectaculaire menant à des attentes très élevées à ce chapitre.

1. Identifier un quart numéro deux

Parmi les points d'interrogation, les entraîneurs devront identifier le quart-arrière numéro deux de l'équipe et le faire jouer. Dans le passé, nous avons longuement parlé de ce sujet qui n'est pas nouveau dans l'entourage des Alouettes. En fait, on s'époumone à en parler à chaque saison, mais les entraîneurs ont le droit de gérer le tout comme ils le désirent. Tout de même, ce serait bien de faire jouer ce jeune quart et pas seulement en fin de partie pour passer la moppe… Idéalement, j'aimerais le voir en action au deuxième quart alors que l'enjeu est encore présent. Je comprends que ce n'est pas facile à effectuer, qu'il y a un équilibre à garder et que les équipes veulent avant tout gagner au football professionnel.

Je peux vous garantir que le quart numéro deux qui sait qu'il verra de l'action à un moment important va se préparer comme un partant et il passera autant d'heures dans la salle vidéo que Calvillo.

Rappelons que Marcus Brady, le substitut d'Anthony Calvillo la saison dernière, est maintenant l'entraîneur des receveurs des Moineaux.

2. Une attaque au sol plus constante

Deuxièmement, les Alouettes ont besoin d'un jeu au sol plus constant. Je sais que l'entraîneur des Alouettes vit avec le système west coast et le jeu aérien. Cependant, lorsqu'on analyse les moins bonnes performances des Alouettes en 2008, on remarque souvent un déséquilibre au niveau de l'attaque. Parfois, les Alouettes effectuaient quelques courses en première demie avant d'oublier cette option après la demie ou l'inverse. Je n'en démords pas et l'exemple du match de la coupe Grey durant lequel les Alouettes ont tenté seulement huit jeux au sol prouve ce point. Après tout, les Alouettes ne tiraient pas de l'arrière par quatre touchés. Ils ont perdu par huit petits points, 22 à 14.

Un examen de conscience doit être fait à ce niveau et j'aimerais découvrir plus de constance en attaque. On en venait même à oublier le porteur de ballon Avon Cobourne et tout d'un coup il pouvait exploser avec une rencontre de 23 courses. Je suis persuadé qu'il faut ramener une constance avec le jeu terrestre. Bien sûr, Cobourne a été blessé la saison dernière ce qui n'a pas facilité la situation et il devra rester en santé.

3. Améliorer le travail des receveurs

En 2008, les Alouettes ont constaté que les receveurs doivent davantage remporter leurs batailles à un contre un. Ils ont réalisé le tout particulièrement contre Calgary. Les Stampeders sont l'une des équipes qui jouent de façon très robuste contre les receveurs et ils utilisent souvent une défensive homme à homme. Pendant le match de la coupe Grey, ils ont varié leur stratégie en ayant fréquemment recours à une défense de zone en deuxième demie, mais le plan de match était avant tout d'être robuste avec les receveurs.

Durant le camp d'entraînement, les receveurs devront pratiquer leurs techniques pour esquiver les demis défensifs et sortir de la ligne d'engagement plus rapidement pour éviter leurs couvreurs et revenir dans leur tracé de passe.

Les trois pires performances offensives des Alouettes en 2008 sont survenues contre les Stampeders. En trois matchs, les Alouettes n'ont jamais marqué plus de 14 points contre Calgary. L'entraîneur de la formation montréalaise est conscient que ses adversaires vont regarder ces matchs pour comprendre les raisons de leur succès. Toutefois, en tant que bon entraîneur, Trestman s'est autoévalué et il a admis qu'en 2009 son équipe devra absolument battre les unités défensives qui utilisent surtout un système homme à homme tout en utilisant cette stratégie défensive plus souvent. Voilà deux enjeux que Trestman a identifiés pour aller jusqu'au bout.

L'an dernier, l'entraîneur américain avait insisté sur le fait que les Alouettes devaient mieux protéger leur quart et mettre plus de pression sur le quart adverse.

4. Un entonnoir format géant

Comme à tous les camps d'entraînement, il y a des batailles intéressantes à suivre. Pour celui des Alouettes, je vous invite à garder un œil sur les joueurs de ligne offensive. Le camp montréalais accueille énormément de jeunes joueurs de ligne canadiens dont Andrew Woodruff (repêché en 2008), Dylan Steenbergen (repêché en 2009), Luc Brodeur-Jourdain (repêché en 2008) et Skip Seagraves notamment.

Ce phénomène crée une équation complexe : est-ce que les Alouettes préfèrent garder un vétéran qui joue encore très bien pouvant les aider encore pour une ou deux saisons et prendre le risque de perdre un jeune canadien qui pourra te donner huit, neuf, ou dix saisons?

Paul Lambert, qui a été choisi sur l'équipe d'étoiles l'an dernier, pourrait être ciblé et sentir cette pression.

Je peux comparer cette situation à un énorme entonnoir dans lequel tous ces joueurs entrent, mais ils ne pourront pas tous en sortir.

Les Alouettes peuvent décider de garder les services d'une valeur sûre qui coûte cher, mais prendre le risque de perdre un jeune choix au repêchage qui pourrait être embauché par une autre équipe.

Je complète le volet offensif avec le receveur Éric Deslauriers qui en sera à sa troisième saison dans l'uniforme des Alouettes. Deslauriers doit en donner davantage en attaque.

Dès lundi, je poursuis ce tour d'horizon avec les enjeux du côté défensif.

*Propos recueillis par Éric Leblanc