Un club qui ne panique pas
Football lundi, 20 juil. 2009. 19:24 samedi, 14 déc. 2024. 16:59
Les Alouettes ont déjà réalisé plus en trois semaines contre les équipes de l'Ouest que durant toute la saison 2008.
L'an dernier, les Alouettes n'avaient pas remporté de partie sur la route dans l'Ouest alors que cette année, il y en a déjà deux en banque. Les hommes de Marc Trestman ont conservé une fiche de 3-5 contre l'association adverse en 2008 alors que cette saison, il y a déjà trois parties de gagnées.
Ce que j'aime des Alouettes, c'est que c'est une équipe qui ne panique pas. Au deuxième quart lors du match à Calgary par exemple, on a vu l'effondrement des unités spéciales et on n'a pas assisté à un vent de panique. Les gars sont simplement revenus plus fort en deuxième demie. Contre les Roughriders, on a assisté à un début de rencontre chancelant de l'offensive mais l'équipe est tout de même parvenue à gagner.
Anthony Calvillo et l'entraîneur Marc Trestman sont des gars intelligents et ils s'ajustent rapidement. Contre eux, les adversaires ne doivent pas présenter du réchauffé. Ils doivent toujours présenter de nouvelles stratégies. C'est sans doute pour cette raison que l'attaque a mis du temps avant de se mettre en marche en Saskatchewan. Encore une fois, on n'a pas vu les Alouettes paniquer. Ils ont plutôt apporté des ajustements et ils sont revenus plus forts en deuxième demie. Les Alouettes me font penser à un bon boxeur qui est capable d'encaisser les meilleurs coups sans plier les genoux et sans paniquer.
Tout baigne pour la défensive
J'adore la façon avec laquelle l'équipe termine les parties, ce qu'on reprochait aux Alouettes l'an dernier. Maintenant, ils terminent les rencontres en force et avec le jeu au sol pour contrôler l'horloge. J'adore aussi le travail de la défensive qui empêche l'adversaire de revenir dans le match, contrairement à l'an dernier. Cette défensive a été exceptionnelle durant tout le match contre les Riders.
Les Alouettes ont provoqué six revirements contre les Riders, qui n'ont même pas amassé 200 verges en attaque. On peut dire qu'après seulement trois semaines en 2009, la défensive joue déjà à un niveau supérieur à la saison dernière.
Les quatre joueurs de la ligne défensive appliquent beaucoup de pression avec une efficacité remarquable. On voit plus de défensive homme à homme et moins de blitz parce que les quatre joueurs en avant font un travail exceptionnel. Ils mêlent toute l'attaque adverse avec des jeux en croisé (stunt) quand les plaqueurs et les ailiers défensifs se croisent. Les joueurs créent beaucoup de mouvements et gardent la ligne attaque de l'autre club sur le qui-vive.
Il y a tellement de pression, qu'on dirait qu'il y a six joueurs plutôt que quatre en défensive.
Pourtant la défensive ne fait rien de compliqué. Cette unité gagne simplement ses batailles un contre un. C'est juste une question d'effort et de volonté. Le responsable de la défensive des Alouettes, Tim Burke, sent qu'il a les chevaux pour déployer ce type de stratégie. Cette défensive joue vite, avec agressivité et avec un niveau de confiance élevé. On parvient à briser le rythme du quart adverse et je peux vous dire qu'en Saskatchewan, on n'a jamais laissé les Riders prendre un quelconque rythme.
Il y a un bon mélange de couverture en zone et homme à homme. On défie les receveurs adverses et le quart ne sait pas ce qui s'en vient comme défensive contrairement à l'an dernier où c'était plus prévisible.
Les douze joueurs gagnent leurs douze batailles individuelles et ça donne un résultat collectif exceptionnel. Anwar Stewart a l'instinct pour aller au ballon. Il a d'ailleurs réussi une interception incroyable samedi. C'est un gars intelligent qui fait une lecture du jeu exceptionnel en plus d'être un vétéran qui prêche par l'exemple. On dirait qu'il a retrouvé la fontaine de jouvence.
Keron Williams est toujours dans le champ arrière adverse. John Bowman connaît aussi un début de saison spectaculaire. Les plaqueurs en rotation Eric Wilson et Darrell Campbell se chargent de leur côté de contrer le jeu au sol au centre.
Le but ultime d'une unité défensive est de redonner le ballon à l'attaque le plus rapidement possible. Les Riders ont eu 17 séquences offensives et 14 fois ils ont cédé le ballon en raison soit, d'un revirement ou après deux essais ratés. 14 sur 17, c'est presque la perfection. J'ai rarement assisté à une telle domination.
Préparation mentale
Marc Trestman insiste pour que la préparation mentale de ses hommes soit toujours au plus haut niveau. Vendredi, la veille du match contre les Riders, les joueurs ont été conviés à des réunions d'équipe de cinq heures. Plusieurs équipes passent à peine une heure ou deux avant une partie avant de libérer les joueurs pour le reste la journée.
Dans l'esprit de Trestman, tout commence par la préparation mentale. Il se dit que si les joueurs sont mentalement prêts, il n'y aura pas d'hésitation sur le terrain. Les joueurs n'auront pas besoin de réfléchir dans le feu de l'action, ils vont agir par instinct. Ça permet aussi aux joueurs de jouer vite.
Calvillo
Calvillo et Trestman s'entendent à merveille. Ce sont deux cérébraux. L'entraîneur sait que son quart est intelligent et il le défie mentalement. Dans les circonstances, Calvillo a juste hâte au match suivant pour voir le nouveau plan de match à appliquer. Le quart ne devient donc pas paresseux mentalement.
Calvillo est un grand quart et ce n'est pas un hasard s'il a rejoint Ron Lancaster au deuxième rang de la LCF avec 333 passes de touché. On n'établit pas ce genre de plateau sans être bon. Il a fait partie de grandes équipes c'est vrai mais en bout de ligne, c'est lui qui a lancé les 333 passes. À mes yeux, ça représente la longévité et pour jouer longtemps, tu dois être capable d'exceller à un haut niveau de performance sinon, c'est la porte.
L'ironie dans l'histoire, c'est qu'il n'a jamais été blessé et s'il n'a pas été blessé, c'est parce qu'il n'était été très mobile. Les quarts mobiles sont généralement plus souvent blessés. Dans le fond, le style classique qu'on reprochait à Calvillo est sans doute la raison de cette marque. Quoique cette année, il a démontré qu'il pouvait courir quand la situation le commandait.
Ne pas prendre Hamilton à la légère
Trestman a un beau cadeau devant lui parce que les Tiger-Cats de Hamilton ont remporté leurs deux derniers matchs. Je n'aurais jamais cru que les Alouettes et les Tiger-Cats allaient jouer pour le premier rang dans l'Est jeudi au Stade Molson.
L'entraîneur va s'assurer que ses hommes prennent Hamilton au sérieux en trouvant des séquences vidéo qui démontrent qu'ils ont de bonnes stratégies et qu'ils sont capables de bien faire. Les gars des Alouettes vont alors voir que ce ne sera pas facile.
D'ici la fin de la campagne, les Alouettes seront leurs propres ennemis. Si les joueurs clés subissent des blessures ou s'ils commencent à faire la grosse tête ou s'ils sont victimes de revirements, ça pourrait se gâter mais parions que Trestman ne laissera pas ses hommes tomber dans la facilité.
*propos recueillis par Robert Latendresse
L'an dernier, les Alouettes n'avaient pas remporté de partie sur la route dans l'Ouest alors que cette année, il y en a déjà deux en banque. Les hommes de Marc Trestman ont conservé une fiche de 3-5 contre l'association adverse en 2008 alors que cette saison, il y a déjà trois parties de gagnées.
Ce que j'aime des Alouettes, c'est que c'est une équipe qui ne panique pas. Au deuxième quart lors du match à Calgary par exemple, on a vu l'effondrement des unités spéciales et on n'a pas assisté à un vent de panique. Les gars sont simplement revenus plus fort en deuxième demie. Contre les Roughriders, on a assisté à un début de rencontre chancelant de l'offensive mais l'équipe est tout de même parvenue à gagner.
Anthony Calvillo et l'entraîneur Marc Trestman sont des gars intelligents et ils s'ajustent rapidement. Contre eux, les adversaires ne doivent pas présenter du réchauffé. Ils doivent toujours présenter de nouvelles stratégies. C'est sans doute pour cette raison que l'attaque a mis du temps avant de se mettre en marche en Saskatchewan. Encore une fois, on n'a pas vu les Alouettes paniquer. Ils ont plutôt apporté des ajustements et ils sont revenus plus forts en deuxième demie. Les Alouettes me font penser à un bon boxeur qui est capable d'encaisser les meilleurs coups sans plier les genoux et sans paniquer.
Tout baigne pour la défensive
J'adore la façon avec laquelle l'équipe termine les parties, ce qu'on reprochait aux Alouettes l'an dernier. Maintenant, ils terminent les rencontres en force et avec le jeu au sol pour contrôler l'horloge. J'adore aussi le travail de la défensive qui empêche l'adversaire de revenir dans le match, contrairement à l'an dernier. Cette défensive a été exceptionnelle durant tout le match contre les Riders.
Les Alouettes ont provoqué six revirements contre les Riders, qui n'ont même pas amassé 200 verges en attaque. On peut dire qu'après seulement trois semaines en 2009, la défensive joue déjà à un niveau supérieur à la saison dernière.
Les quatre joueurs de la ligne défensive appliquent beaucoup de pression avec une efficacité remarquable. On voit plus de défensive homme à homme et moins de blitz parce que les quatre joueurs en avant font un travail exceptionnel. Ils mêlent toute l'attaque adverse avec des jeux en croisé (stunt) quand les plaqueurs et les ailiers défensifs se croisent. Les joueurs créent beaucoup de mouvements et gardent la ligne attaque de l'autre club sur le qui-vive.
Il y a tellement de pression, qu'on dirait qu'il y a six joueurs plutôt que quatre en défensive.
Pourtant la défensive ne fait rien de compliqué. Cette unité gagne simplement ses batailles un contre un. C'est juste une question d'effort et de volonté. Le responsable de la défensive des Alouettes, Tim Burke, sent qu'il a les chevaux pour déployer ce type de stratégie. Cette défensive joue vite, avec agressivité et avec un niveau de confiance élevé. On parvient à briser le rythme du quart adverse et je peux vous dire qu'en Saskatchewan, on n'a jamais laissé les Riders prendre un quelconque rythme.
Il y a un bon mélange de couverture en zone et homme à homme. On défie les receveurs adverses et le quart ne sait pas ce qui s'en vient comme défensive contrairement à l'an dernier où c'était plus prévisible.
Les douze joueurs gagnent leurs douze batailles individuelles et ça donne un résultat collectif exceptionnel. Anwar Stewart a l'instinct pour aller au ballon. Il a d'ailleurs réussi une interception incroyable samedi. C'est un gars intelligent qui fait une lecture du jeu exceptionnel en plus d'être un vétéran qui prêche par l'exemple. On dirait qu'il a retrouvé la fontaine de jouvence.
Keron Williams est toujours dans le champ arrière adverse. John Bowman connaît aussi un début de saison spectaculaire. Les plaqueurs en rotation Eric Wilson et Darrell Campbell se chargent de leur côté de contrer le jeu au sol au centre.
Le but ultime d'une unité défensive est de redonner le ballon à l'attaque le plus rapidement possible. Les Riders ont eu 17 séquences offensives et 14 fois ils ont cédé le ballon en raison soit, d'un revirement ou après deux essais ratés. 14 sur 17, c'est presque la perfection. J'ai rarement assisté à une telle domination.
Préparation mentale
Marc Trestman insiste pour que la préparation mentale de ses hommes soit toujours au plus haut niveau. Vendredi, la veille du match contre les Riders, les joueurs ont été conviés à des réunions d'équipe de cinq heures. Plusieurs équipes passent à peine une heure ou deux avant une partie avant de libérer les joueurs pour le reste la journée.
Dans l'esprit de Trestman, tout commence par la préparation mentale. Il se dit que si les joueurs sont mentalement prêts, il n'y aura pas d'hésitation sur le terrain. Les joueurs n'auront pas besoin de réfléchir dans le feu de l'action, ils vont agir par instinct. Ça permet aussi aux joueurs de jouer vite.
Calvillo
Calvillo et Trestman s'entendent à merveille. Ce sont deux cérébraux. L'entraîneur sait que son quart est intelligent et il le défie mentalement. Dans les circonstances, Calvillo a juste hâte au match suivant pour voir le nouveau plan de match à appliquer. Le quart ne devient donc pas paresseux mentalement.
Calvillo est un grand quart et ce n'est pas un hasard s'il a rejoint Ron Lancaster au deuxième rang de la LCF avec 333 passes de touché. On n'établit pas ce genre de plateau sans être bon. Il a fait partie de grandes équipes c'est vrai mais en bout de ligne, c'est lui qui a lancé les 333 passes. À mes yeux, ça représente la longévité et pour jouer longtemps, tu dois être capable d'exceller à un haut niveau de performance sinon, c'est la porte.
L'ironie dans l'histoire, c'est qu'il n'a jamais été blessé et s'il n'a pas été blessé, c'est parce qu'il n'était été très mobile. Les quarts mobiles sont généralement plus souvent blessés. Dans le fond, le style classique qu'on reprochait à Calvillo est sans doute la raison de cette marque. Quoique cette année, il a démontré qu'il pouvait courir quand la situation le commandait.
Ne pas prendre Hamilton à la légère
Trestman a un beau cadeau devant lui parce que les Tiger-Cats de Hamilton ont remporté leurs deux derniers matchs. Je n'aurais jamais cru que les Alouettes et les Tiger-Cats allaient jouer pour le premier rang dans l'Est jeudi au Stade Molson.
L'entraîneur va s'assurer que ses hommes prennent Hamilton au sérieux en trouvant des séquences vidéo qui démontrent qu'ils ont de bonnes stratégies et qu'ils sont capables de bien faire. Les gars des Alouettes vont alors voir que ce ne sera pas facile.
D'ici la fin de la campagne, les Alouettes seront leurs propres ennemis. Si les joueurs clés subissent des blessures ou s'ils commencent à faire la grosse tête ou s'ils sont victimes de revirements, ça pourrait se gâter mais parions que Trestman ne laissera pas ses hommes tomber dans la facilité.
*propos recueillis par Robert Latendresse