INDIANAPOLIS (AP) - Quand Tony Dungy a commencé à gravir les échelons comme entraîneur, un employeur potentiel lui a demandé s'il était prêt à raser sa barbe parce que les dirigeants du football étaient à la recherche d'un certain type de personne.

Dans la plupart des cas, cette personne ce n'était pas lui. En fait ce n'était aucun autre entraîneur de race noire non plus.

Dungy en a fait du chemin depuis ces premiers pas. C'est le cas aussi de la NFL.

Quand il s'est levé lundi matin, Dungy, meneur des Colts d'Indianapolis, s'est retrouvé un des entraîneurs engagés dans le Super Bowl. Dans deux semaines, il affrontera un de ses protégés, Lovie Smith, des Bears de Chicago, dans le match de championnat du football américain. Ils seront les deux premiers entraîneurs noirs à s'affronter.

"J'ai pensé aux générations de jeunes qui ont grandi en regardant le Super Bowl sans voir d'entraîneurs noirs et sans penser qu'ils pouvaient devenir entraîneurs un jour, a dit Dungy. J'espère que dorénavant, les jeunes noirs pourront se dire qu'ils pourront accéder à ces postes un jour. C'est très spécial."

Par ailleurs, un autre ancien adjoint de Dungy, Mike Tomlin, a été embauché comme entraîneur-chef des Steelers de Pittsburgh, le premier Noir à accéder à un tel poste."

"C'est incroyable," a dit Dungy.

Tout cela faisait partie des plans de Dungy quand il a été embauché comme adjoint en 1981. Il rêvait de voir un jour une quinzaine de Noirs comme entraîneurs dans cette profession.

Et il a lui-même montré rapidement qu'il avait l'étoffe d'un entraîneur. Mais il a vite réalisé aussi qu'il y avait des choses étranges dans la NFL quand il s'agissait d'histoires de races.

Il a compris comme tout le monde qu'à part les quarts-arrières, la plupart des joueurs étaient noirs. Mais les entraîneurs étaient tous blancs et les dirigeants étaient tous blancs également.

Plutôt que de se sentir frustré, Dungy a été motivé encore plus par la situation.

Il a juré que s'il en avait jamais un jour la chance, il allait tenter d'introduire de jeunes entraîneurs noirs dans le système. Et quand il a eu cette chance avec les Buccaneers de Tampa Bay en 1996, il s'est mis à l'oeuvre.

Herm Edwards et Tomlin, qui sont noirs, et Rod Marinelli, qui est blanc, sont parmi les entraîneurs embauchés par Dungy. Smith est son protégé qui connaît le plus de succès.

Les deux hommes se sont parlé dimanche soir après avoir célébré leurs succès respectifs.

Smith comprend bien l'importance de leur rencontre au Super Bowl et il rêve au jour, on ce ne sera plus tout un plat de voir deux entraîneurs noirs s'affronter au Super Bowl.

"Ey ça viendra un jour, sans doute très bientôt, a dit Smith. Bien sûr, nous en parlons maintenant, mais nous n'en sommes pas encore vraiment là."

Mais l'affrontement Dungy-Smith ne sera pas la seule première de ce Super Bowl. Le quart Peyton Manning, des Colts, a finalement atteint la grande finale après avoir permis aux siens de combler un écart de 18 points pour finalement disposer des Patriots de la Nouvelle-Angleterre 38-34 dimanche.

Les Bears représentent eux aussi une belle histoire puisqu'ils sont de retour au Super Bowl pour la première fois depuis 1985.

"Je crois que lorsqu'on jette un coup d'oeil aux jeunes entraîneurs qui arrivent dans le football, plusieurs d'entre nous pensent qu'un entraîneur devrait agir de telle ou telle façon, a dit Smith. Mais je crois que Tony Dungy m'a montré qu'on n'a pas vraiment à agir de la sorte."

Avec l'embauche de Tomlin, il y a maintenant six entraîneurs noirs dans le Super Bowl, soit un de moins qu'au début de la saison 2006 après les congédiements de Art Shell à Oakland et Dennis Green en Arizona.

C'est pire dans les rangs collégiaux américains. Dans la section 1-A, il y a 119 équipes. Sept seulement sont dirigées par des Noirs.