À ma grande déception, je me retrouve encore sur la liste des joueurs blessés en raison d'un étirement au muscle ischio-jambier.

Lors de ma dernière chronique, quelques jours avant la fin du camp d'entraînement, je vous racontais que je m'amusais comme un petit fou après avoir repris mon poste de maraudeur.

Mais je me suis malheureusement blessé lors du dernier match-concours et j'ignore la date de mon retour au jeu.

Je sais seulement que les médecins ont évalué mon absence à quelques semaines et je dois prendre mon mal en patience.

La seule bonne nouvelle est que je n'ai subi aucune déchirure. Mais je dois m'assurer de prendre du repos afin de revenir à 100%. C'est le type de blessures que je dois guérir complètement pour éviter des récidives.

Cette blessure crée comme un noeud dans le muscle et je dois donc subir plusieurs sortes de traitement pour corriger la situation.

Évidemment, ça commence très mal une saison, mais je ne veux surtout pas prolonger cette absence et je me dis que si je manquais seulement trois matchs, ce ne serait pas si dramatique.

Pour le moment, je n'ai aucune idée quand je vais pouvoir reprendre l'entraînement. J'ai recommencé à “jogger” et je peux faire quelques exercices comme du vélo et de la piscine ce qui m'aide à garder la forme.

Difficile de garder le moral

Depuis mon arrivée dans la LCF, j'ai subi mon lot de blessures et j'avoue que c'est difficile de garder le moral.

Quand je me blesse, je vis comme un cauchemar et ça devient difficile de ne pas y penser lors des premiers jours.

J'adore jouer au football, c'est ma passion dans la vie. Je veux pratiquer ce sport et je ne le fais pas pour porter l'uniforme des Alouettes. Si bien que lorsqu'une blessure m'empêche d'être sur le terrain avec mes coéquipiers, j'ai l'impression d'effectuer tous ces efforts pour rien.

Je ne m'en cache pas, je broie du noir quand je me blesse. Mais ensuite je me raisonne en songeant au fait que la saison est longue et je tente d'être rationnel.

Je ne dois jamais trop m'éloigner du football afin de suivre ce qui se passe pour assimiler les nouvelles stratégies développées à chaque semaine ou chaque match. En tant qu'équipe, on progresse tout au long d'une saison et je ne peux pas me permettre d'accuser du retard.

Je tente toujours de rester positif en me disant que ça va guérir vite. Ce n'est compliqué, c'est la seule façon de faire. Si je fais le bougon, ça ne me servira à rien.

Une question de malchance?

Lorsque je réfléchis à ma situation des dernières années et que je songe à tous ces joueurs qui peuvent passer une carrière sans jamais manquer de parties, je n'ai pas le choix de conclure que j'ai probablement une prédisposition à me blesser.

Je ne suis pas médecin, mais ça me semble évident qu'il y a une part de malchance et prédisposition.

Je ne peux simplement pas croire que quelqu'un se blesse aussi régulièrement et à des mauvais moments comme ce qui m'arrive.

Je ne peux pas le nier et seulement dire que je suis malchanceux.

Ce que je trouve encore plus difficile, c'est que j'ai tout mis en oeuvre pour être en forme et en santé. Cet hiver, mon entraînement s'est orienté sur la santé et j'ai vraiment changé mon mode de préparation. J'ai effectué davantage de traitements pour être fin prêt et malgré tout cette approche n'a pas porté fruits.

J'évite d'en parler

Honnêtement, je crois que tous les athlètes vivent leurs blessures à leur façon. Je n'aime pas vraiment aborder ce sujet avec d'autres athlètes et ce n'est pas le type de sujet dont tu veux parler très souvent. En fait, j'essaie de ne pas trop en parler, je ne veux surtout pas déranger les autres joueurs avec ça.

C'est dommage à dire et j'exagère sans doute, mais j'ai probablement fait plus d'entrevues au sujet de blessures que pour des bons coups sur un terrain de football depuis que j'évolue avec les Alouettes. Ça devient fatigant.

Un bon premier match

Terminé les sujets négatifs, j'aimerais maintenant revenir sur notre première victoire de la saison.

Je suis content de la prestation de mes coéquipiers, mais je suis conscient que certaines personnes vont tempérer cet excellent résultat puisque nous affrontions les Tiger-Cats d'Hamilton.

La plupart des experts ne nous prédisent pas une très bonne saison et c'est normal.

J'ai même dit avant le début de la saison que j'aurais agi de façon semblable si j'étais un analyste. Avec tous les changements qui sont survenus cette année, ils ne s'attendent pas à ce que nous soyons une équipe explosive dès le départ.

Toutefois, notre camp d'entraînement s'est avéré très efficace et exigeant et tout le monde en a entendu parler.

Ce camp a été ultra-productif ce qui est tout à l'honneur de l'équipe d'entraîneurs. Ils ont su mettre en place de nouveaux systèmes efficaces pour l'attaque, la défensive et les unités spéciales en plus ou moins 20 jours, c'est du beau travail!

Durant notre victoire de 33-10 face à Hamilton, nous avons déployé beaucoup de jeux défensifs et encore davantage en attaque. Le résultat était très varié et les gens ont aimé ce qu'ils ont vu.

Nous avons conservé le ballon pendant 38 minutes dans la partie. Je ne me souviens pas d'avoir vu ça depuis que je suis ici. En contrôlant le ballon ainsi, ça donne le temps à notre défensive de se reposer et d'arriver en grande forme sur le terrain sans oublier que ça décourage l'adversaire.

La nouvelle philosophie en défensive

Les entraîneurs ont mis en place un nous système defensive que je vais tenter de vous expliquer.

L'an dernier, les demis-défensifs devaient s'impliquer beaucoup pour appliquer de la pression sur le quart-arrière. L'emphase était sur les blitz et la pression et nous devions ensuite réagir à la situation.

Cette saison, l'entraîneur des demis-défensifs se concentre sur la passe. Nous avons maintenant une couverture défensive beaucoup plus complexe. On exécute moins de blitz et tout est orienté sur stopper la passe. Cette approche nous force à réfléchir encore plus comme demi-défensif. On opte sur plus de couvertures de zone et moins de couvertures homme à homme.

Ensuite, on demande à la ligne défensive d'y aller à fond de train et de ne pas penser. Ça devient vraiment leur tâche de contenir le quart et on leur offre moins d'aide dans cet aspect en réduisant la quantité de blitz. Voilà, en résumé, le changement au sein de notre unité.

Quand je prends en considération mes forces et mes faiblesses, ce système m'avantage.

L'an dernier, les entraîneurs disaient au maraudeur Étienne Boulay: “Tout le monde est homme à homme alors aide quelqu'un, couvre du terrain et effectue des jeux.

Maintenant, en tant que maraudeur je suis impliqué d'une autre façon. Je m'occupe d'une zone et de la passe comme les autres. Mon travail devient plus une question de lecture et de compréhension que de vitesse et ça m'aide beaucoup.

Lors du premier match, Pascal Masson a accompli du très bon boulot au poste de maraudeur. J'en profite d'ailleurs pour rectifier une information, Pascal n'avait jamais joué comme maraudeur auparavant dans la LCF contrairement à ce que plusieurs personnes croient.

En réalité, il a déjà amorcé un match comme maraudeur, mais il a changé de position après un seul quart.

Je vous assure que pour un premier test à ce poste, il a été impressionnant. Bien sûr, c'est difficile pour les gens de voir tout ce qu'il a accompli à la télévision. Mais lors de nos séances vidéo en équipe, nous avons observé son travail et ses lectures ainsi que ses couvertures étaient bonnes. De plus, il a bien dirigé ses coéquipiers. Quand tu es maraudeur, tu es en charge que tous les membres de l'unité soient au bon endroit. Il a bien réussi ce travail, chapeau à Pascal.

Les Blue Bombers représentent un bon test

Vendredi, pour notre ouverture locale, nous recevons les Blue Bombers de Winnipeg et ce sera un défi intéressant.

J'ai hâte de voir ce que leur front offensif fera contre notre ligne défensive qui a excellé lors du premier match avec une belle pression à quatre joueurs. Ils étaient toujours dans le champ-arrière et j'espère qu'ils vont réusssir la même chose.

De l'autre côté, le travail de notre ligne offensive sera crucial face à leur front défensif efficace. Ces deux batailles seront la clé du succès. Notre système plus simple fait en sorte qu'on se débarasse plus rapidement du ballon et mes coéquipiers de la ligne offensive doivent protéger Anthony Calvillo moins longtemps. Je me demande donc si Winnipeg pourra appliquer beaucoup de pression.

Mauvais “timing” pour mon bon ami Phillip Gauthier

Une semaine après s'être joint à notre équipe d'entraînement, mon bon chum, Phillip Gauthier a été libéré par les Alouettes et j'ignore pourquoi ce fut si rapide.

Souvent, c'est une question de nombre de joueurs. Nos entraîneurs devaient trouver une place pour Donovan Alexander, un joueur repêché en 2007 qui vient d'être retranché par les Seahawks de Seattle. C'est Phil qui a écopé probablement en raison d'une mauvais timing.

Mais Phil est un gars mature et très intelligent. Bien sûr, il trouve ça dommage et difficile, mais il est capable d'encaisser cette épreuve et il a des personnes autour de lui pour l'encourager. Pour le moment, j'ignore s'il trouvera un poste avec une autre équipe et ça dépend aussi de ce qu'il désire faire.

Si jamais ça n'arrive pas, ce ne sera pas en raison d'un manque de talent. Il peut contribuer en défensive et exceller sur les unités spéciales. La question est de savoir s'il veut continuer à jouer et ce sera à lui de décider.

*Propos recueillis par Éric Leblanc