HAMILTON, Ont. – Glen Constantin et Justin Chapdelaine ont 26 ans de différence d’âge, mais ils ont tous été introduits au football par leur père.

Le jeune Glen Constantin, alors au primaire, allait voir les parties de l’équipe de sa future école secondaire avec son père sur les plaines d’Abraham. L’amour pour le sport qui lui a procuré son emploi est tout de suite né.

Chapdelaine, aujourd’hui âgé de 25 ans et qui est l’entraîneur des receveurs des Dinos de Calgary, a suivi son père Jacques à Québec lorsque ce dernier a pris la tête du programme du Rouge et Or en 1997.

Constantin et Justin Chapdelaine croiseront le fer samedi lors de la Coupe Vanier alors qu’ils étaient dans le même camp en 1999 lors de la première conquête de l’Université Laval.

Le sport est souvent une histoire de famille et ce n’est pas différent pour le football. Adam Auclair évolue au sein de la même équipe que son grand frère Antony pour la première fois de sa vie avec le Rouge et Or.

Pour Hugo Richard, son père a été son premier entraîneur de football alors qu’il jouait au civil. À l’époque, Richard était loin de se douter qu’il serait un jour le quart-arrière partant des Lavallois lors de la 52e Coupe Vanier.

Voici le récit de la naissance de la passion pour le football de ces quatre hommes.

Glen Constantin : une carrière choisie jeune

Alors qu’il assistait aux matchs de l’école Saint Patrick's, Glen Constantin ne pouvait même pas rêver d’être entraîneur-chef du Rouge et Or puisque le programme n’existait pas encore.

Mais son feu sacré pour le football commençait à naître tranquillement.

« Mon père m’amenait sur les plaines d’Abraham pour voir du football. J’étais à l’école primaire à l’époque. J’ai ensuite commencé à jouer des matchs dans l’équipe de mon frère qui est plus vieux que moi. J’ai tout fait dans ce sport. J’ai même été gérant d’équipement dans l’équipe de mon frère. J’adore ce sport.»

« Parfois, je vois certains de mes joueurs qui ont de la difficulté à trouver avec quoi ils vont gagner leur vie. Personnellement, je savais que j’allais gagner ma vie avec le football. Tout jeune, je pensais que ça allait être comme joueur, mais ça n’a pas duré longtemps. Après, je savais que ça allait être comme entraîneur. »

Environ 40 ans plus tard, force est d’admettre que le jeune Constantin avait vu juste pour son choix de carrière puisqu’il a construit un programme solide à l’Université Laval. Sa plus grande fierté, mis à part les titres de la Coupe Vanier? De voir ses joueurs devenir de bonnes personnes et de bons citoyens. Il est heureux pour tous ceux qui ont suivi ses pas et qui sont maintenant entraîneurs. Mais il rappelle qu’il y a aussi bon nombre d’avocats, de médecins et d’ingénieurs qui sont passés par le Rouge et Or.

« Je suis très fier des joueurs dans la LCF et des entraîneurs, mais on doit compter aussi le nombre d’avocats, de médecins et d’ingénieurs qui sont sortis du programme. Le sport étudiant, à la base, ça demeure ça. »

« Il a fallu que j’aille récemment en cour pour une affaire, mais elle n’était pas criminelle. J’étais représenté par deux de mes anciens joueurs qui sont maintenant avocats. C’était comme se présenter dans le tunnel au PEPS pour un match, mais cette fois, c’était devant un juge. C’était vraiment spécial pour moi. »

Justin Chapdelaine : un professeur plus qu’un entraîneur

Alors âgé de sept ou huit ans, Justin Chapdelaine a vécu le premier titre de l’histoire du Rouge et Or en tant que fils de l’entraîneur-chef.

« J’ai des souvenirs de la coupe Vanier qu’il a gagnée en 1999 et j’étais à Toronto. Je me souviens aussi d’être allé à tous les matchs au PEPS. Ce n’était pas ce que c’est aujourd’hui. C’était des années mémorables et je sais que c’est vraiment à cet endroit qu’il s’est épanoui comme entraîneur. »

C’est le paternel, qui était entraîneur-chef par intérim des Alouettes pour la fin de la saison 2016, qui lui a donné sa première chance comme entraîneur après sa carrière de quart-arrière à l’Université Queen’s.

« Je ne voulais pas retourner à l’école quand j’ai terminé ma mineure. Mon père m’a alors demandé si je voulais être entraîneur avec lui à Simon Fraser. C’était mon année d’expérimentation et j’ai adoré cela. Je l’ai suivi avec les Roughriders de la Saskatchewan. Nous avons eu une bonne année en attaque. »

Son père a ensuite pris le chemin de Montréal et Justin celui de Calgary. A-t-il le même style que son père comme entraîneur?

« Nous sommes des entraîneurs similaires. Nous sommes calmes et avons du sang-froid. Je nous vois plus comme des professeurs que des entraîneurs. Nous avons une bonne tête pour l’attaque pour savoir où placer les joueurs sur le terrain pour développer un jeu afin d’exploiter la défense adverse. On se parle souvent des différents schémas et stratégies pour déjouer une défense. Même quand il est à Montréal, on s’envoie des messages textes pour se parler de stratégies. »

La famille Chapdelaine regorge d’entraîneurs alors il n’était pas surprenant que Justin suive la lignée familiale. La mère de Justin est une entraîneuse d’athlétisme et son frère un entraîneur personnel. Comment Justin envisage-t-il l’avenir?

« C’est difficile à dire présentement. J’ai vu beaucoup d’entraîneurs-chefs à l’œuvre. C’est beaucoup d’organisation et d’administration. En tant que jeune entraîneur, je ne crois pas que je voudrais me soumettre à cela pour le moment. Je veux tout d’abord devenir un coordonnateur offensif. Je crois être en mesure de le faire dans le football universitaire canadien. Mais pour l’instant, je ne pense qu’à la Coupe Vanier et à mon rôle pour aider les Dinos à l’emporter. »

Adam Auclair : le football pour se défouler

Le talent au football est de famille chez les Auclair.

Le grand frère d’Adam, l’ailier rapproché Antony Auclair, dispute sa quatrième saison avec le Rouge et Or et a réussi à attirer les regards des dépisteurs de la NFL. Adam a pour sa part été nommé sur la deuxième équipe d’étoiles au pays à la position de demi défensif et ce à saison recrue.

C’est un peu grâce à son frère qu’Adam a découvert le football.

« J’ai commencé à jouer alors que j’étais en quatrième année du primaire. Mon grand frère était en sixième année. La première partie à laquelle j’ai assisté était un match d’Antony au printemps. Je crois même que c’était du neuf contre neuf. Je sentais que je pourrais me défouler. À l’époque, je faisais du karaté. On dirait que je n’étais pas capable de me défouler au karaté. Quand j’ai commencé à jouer au football, je sortais le méchant que j’avais en dedans. Le réservoir d’énergie se vidait sur le terrain. »

Auclair a suivi les traces de son frère en jouant dans le football civil durant son passage à l’école secondaire. Il a ensuite évolué avec les Cougars du Collège Champlain-Lennoxville au niveau collégial, programme qui avait aussi produit Antony. Les deux Auclair se retrouvent maintenant pour la première fois dans la même équipe et pourrait gagner la coupe Vanier ensemble.

« J’ai joué dans les mêmes programmes que mon frère, mais c’est la première fois que nous sommes dans la même équipe. Nous en sommes fiers et nous profitons du moment présent. »

Hugo Richard : choisir entre différents sports

Comme plusieurs jeunes, Hugo Richard pratiquait plusieurs sports. Le basketball et le hockey occupaient la grande partie de son temps au primaire.

Son père lui a ensuite fait une proposition.

« Mon père aimait beaucoup le football et avait joué au cégep. Comme pour le hockey, il m’avait demandé si je voulais essayer le football et j’ai dit oui. J’ai commencé et mon père me dirigeait quand j’étais jeune. Il aimait ça mettre du temps là-dedans et il dirigeait avec des amis. C’était un peu un sport de famille. Ma sœur a joué aussi au football contact avec les gars jusqu’au niveau pee-wee et ç’a été le fun. Ça m’a mené où je suis aujourd’hui. »

Après avoir joué au football civil à Saint-Bruno, Richard a développé sa passion pour ce sport au Collège Notre-Dame avec les Cactus.

« Quand j’étais jeune, je faisais plusieurs sports et je ne savais pas trop dans lequel j’allais me spécialiser. En fin de compte, j’ai choisi le football. Quand je suis allé au Collège Notre-Dame, c’est là que ma passion pour le football a repris un deuxième souffle. Après cela, j’avais des objectifs. Ce n’était pas nécessairement de devenir le quart-arrière du Rouge et Or, mais je voulais me rendre à l’université. »

« Le hockey, c’était le fun. Mais l’atmosphère autour, ce n’était pas pour tout le monde et personnellement je n’en raffolais pas. Ma mère non plus. Elle était contente que je ne choisisse pas ce sport. Le basketball, je n’avais pas un avenir ou une volonté d’aller plus loin. J’avais déjà arrêté avant le secondaire parce que trois sports, c’était trop difficile à faire. »

Avec le recul, Hugo Richard ne regrette aucunement son choix. Il demeure toujours un adepte des autres sports. Lors des deux dernières années, il était même parfois le marqueur lors des matchs de basketball des équipes du Rouge et Or.