Même s’il ne s’agissait que d’un match préparatoire, les indices ne mentaient pas. Les Carabins de l’Université de Montréal n’entendent pas à rire cette année et ils veulent venger leur fin en queue de poisson en 2012 après une superbe saison.

Vendredi dernier, à la conclusion de la partie, la boucane sortait par les oreilles de Danny Maciocia. Mécontent de quelques décisions des arbitres, l’entraîneur a déversé son fiel sur leur superviseur qui ne s’attendait sûrement pas à une soirée aussi mouvementée. 

Si Maciocia avait retrouvé son calme quelques minutes plus tard, David Ménard, le vétéran joueur de ligne défensive, se flagellait lui-même en confiant que sa partie avait été décevante.

Dès samedi à 13 h, les Carabins auront l’honneur de lancer la saison du circuit québécois contre les Stingers de Concordia qui savent ainsi de quel bois les Carabins se chauffent.

Gabriel CousineauSans être parfait, le portrait de la performance des Bleus semblait plus reluisant des gradins qui étaient bondés par 3641 spectateurs. Alexandre Nadeau-Piuze étant devenu entraîneur des quarts avec les Carabins après son parcours de cinq saisons, la lutte était ouverte à cette position et Gabriel Cousineau (photo à gauche) semble en voie d’hériter du ballon pour la première rencontre.

« Il détient trois ans d’expérience au sein de notre système. On ne peut pas lui demander de compléter 80 % de ses passes puisqu’il n’a pas beaucoup joué au cours des dernières années, mais il peut accomplir des jeux comme il l’a fait sur le touché de (Mikhail) Davidson et il est talentueux », a raconté Maciocia au sujet du touché de 103 verges.

« Ce n’était pas mon meilleur match, j’ai encore raté quelques lectures de jeu, mais ça viendra avec le temps parce que j’ai l’impression que le rythme ralentit devant moi à chaque match en prenant de l’expérience », a commenté Cousineau (photo).

D’ailleurs, Nadeau-Piuze a abondé dans ce sens à propos de la compétition entre Cousineau et Pierre-Luc Varhegyi.

« Gabriel a démontré de la constance et de la prestance en contrôlant bien le jeu. Il existera une saine rivalité entre eux. Bien sûr, la clé demeure toujours d’éviter les revirements. Mais à un certain moment, il faut que tu joues des matchs pour progresser et c’est là que ça devient plus facile de s’adapter », a noté celui qui n’a pas trop tardé à enfiler le chapeau d’entraîneur. Alexandre Nadeau-Piuze

« Après la dernière saison, Danny et Marco (Iadeluca, le coordonnateur offensif) m’ont parlé de cette option. Je leur ai dit que j’allais prendre mon temps parce que c’était encore trop frais dans ma tête. Je devais faire le deuil du football en tant que joueur, c’était important à faire. Ils m’ont reparlé de la possibilité vers le mois de mars et je voyais cela comme un beau défi », a expliqué Nadeau-Piuze (photo) qui profite d’une chimie intéressante avec ses nouveaux protégés.

En changeant de camp aussi rapidement, Nadeau-Piuze (photo à droite) ne peut guère éviter quelques plaisanteries amicales qui sont de coutume dans le milieu sportif.

« Notre relation est géniale. La seule différence, c’est que je l’appelle coach et parfois un peu en riant », a relevé Cousineau. « C’est évident qu’il possède une excellente tête de football et il nous aide beaucoup avec ses connaissances.

Pour les entraîneurs, la valeur de Nadeau-Piuze dépasse le travail sur le terrain.

« Alex comprend c’est quoi être un Carabin! On veut bâtir quelque chose d’intéressant et retenir des anciens dans le programme. Pour moi, c’était très important de le garder tout comme Olivier Fréchette-Lemire (devenu assistant entraîneur en défense). Quand ils remarquent un problème sur le terrain ou dans le vestiaire, ils peuvent le corriger tout de suite », a souligné Maciocia. 

Le commandant de l’attaque des Carabins lors des récentes saisons représente un analyste de premier plan pour remarquer les différences avec l’édition 2013. Éliminés dans une défaite de 42-24 contre le Vert & Or de l’Université Sherbrooke, est-ce que les Carabins seront plus explosifs surtout qu’ils miseront encore sur le redoutable porteur de ballon Rotrand Sené?

« Les quarts sont plus athlétiques et c’est certain que Gabriel possède un meilleur bras que le mien et il se déplace plus rapidement donc il sera difficile à contenir. Les receveurs ont également gagné en expérience alors ce sera intéressant de les voir aller », a convenu Nadeau-Piuze.

Un nouveau pilote pour la meilleure unité défensive en 2012

Menés par une formidable ligne défensive, les Carabins ont dominé le pays en 2012 pour le rendement défensif. Jean-Samuel Blanc, David Ménard et Mathieu Girard (photo), les trois piliers de cette unité se promettent une autre saison productive à démanteler le rythme offensif des adversaires.

Mathieu GirardAuteurs de 39 sacs du quart (dont 12,5 par Blanc), les Bleus croient être en mesure d’élever ce total sous la direction de Maciocia, le nouveau coordonnateur défensif.

« Il faut toujours essayer d’être plus fort. On était capable de se rendre au quart l’an passé et on veut devenir plus avare sur le premier essai. Si on accomplit cet objectif, c’est là qu’on pourra s’amuser en défense et c’est ainsi que je le présente à mes joueurs », a-t-il indiqué.

Emballé par ce mandat motivant, Maciocia amène une vision offensive à son groupe. Même si les stratégies ne sont pas toutes intégrées, cette approche rapporterait déjà des dividendes.

« Il permet à la défense de mieux décortiquer les attaques adverses. Notre cahier de jeux reste sensiblement le même, mais il nous l’explique d’une autre façon pour qu’on puisse davantage l’assimiler et ça nous permet d’être encore plus à la bonne place au bon moment », a témoigné Ménard qui est originaire de Chicoutimi et très attaché à son coin de pays.

Tout comme Ménard, Girard vivra son année de repêchage, mais il a préféré un chemin différent, celui des écoles préparatoires américaines (prep school), pour aboutir au même endroit.

« Je voulais étudier en anglais et ça m’intéressait d’aller dans un nouvel endroit. J’étais aussi attiré par le rêve américain quand j’étais jeune », a expliqué le colosse de six pieds quatre pouces et 275 livres qui a fréquenté l’école Kent au Connecticut.

Toujours soucieuse de peaufiner son boulot, la ligne défensive se démène à l’entraînement ce qui finit par aider l’attaque de l’équipe. 

David Ménard« Ils imposent tellement de pression! D’ailleurs, c’est pour cela que je suis resté un peu surpris durant le match préparatoire. En pratique, la pression arrive si vite que je dois lancer plus tôt alors que j’avais plus de temps à ma disposition dans la partie et je n’étais pas habitué à cela », a dévoilé Cousineau.

Il y a déjà 10 mois que les Carabins ont baissé pavillon face au Vert & Or. Bien que l’équipe se concentre sur sa nouvelle saison, les joueurs admettent que ce revers s’est transformé en une source de motivation additionnelle.

Cette élimination hâtive a également rehaussé le caractère de cette formation. Comme le prouve ce commentaire, il s’agit d’un atout qui n’a jamais manqué à Ménard (photo à droite), un meneur chez les Bleus.

« Je suis vraiment déçu de mon rendement dans ce match. Ça ne s’est pas du tout bien passé et si l’année se déroulait ainsi ça serait long. Je dois me relever de ça et c’est tout », a tranché Ménard sans se donner de répit.