La domination du Rouge et Or

Samedi après-midi, je serai dans les gradins du CEPSUM avec une dizaine de mes amis pour assister au match entre le Rouge et Or de l'Université Laval et les Carabins. D'abord, parce que je suis de Québec et que j'ai étudié à l'Université Laval,  et ensuite parce que j'aime le football : le football universitaire québécois, la Ligue canadienne, le football universitaire aux États-Unis et évidemment la NFL.

Pendant qu'ici les succès du Rouge et Or lui attirent une tonne de critiques, aux États-Unis ils ont capté l'attention du journaliste John Walters qui a écrit un article très élogieux dans le prestigieux magazine Newsweek. Ce n'est pas rien quand on sait que le football universitaire canadien et la NCAA n'ont rien à voir et qu'on parle de deux univers complètement différents.

D'entrée de jeu, Walters pose la question : « Quelle équipe de football universitaire connaît la séquence de victoires la plus longue? Un indice, ses couleurs sont le rouge et l’or. Non, ce n'est pas Florida State, mais le Rouge et Or de l'Université Laval ». 

Il s'est entretenu avec Glen Constantin, « l'empereur du programme de football de l'Université Laval »,  qui a voulu faire de Québec la capitale du football universitaire au Canada. Ils ont parlé de son année d'assistant à l'Université de Houston en division 1 de la NCAA.  Walters a fait ses devoirs et rappelle à juste titre que c'est Mike Labadie qui a été le premier à lancer l'idée d'un club de football à l'Université Laval.

Mais le plus intéressant est quand il parle des méthodes qui ont fait du Rouge et Or ce qu'il est aujourd'hui : l'implication de Jacques Tanguay et du secteur privé. « Jacques Tanguay est le Jerry Jones de l'équipe de football. C'est lui qui a congédié Jacques Chapdelaine et pas le directeur sportif de l'université. Il est impliqué dans toutes les décisions de A à Z. »

Cette façon de faire ne provoque aucun malaise à l'université. Quand Walters demande pourquoi les autres universités canadiennes ne suivent pas l'exemple de Laval, Gilles Lépine, le directeur sportif, répond « qu'elles ne veulent pas perdre leur âme ».

L'objectif de rééquilibrer

L'article conclut en disant que cette façon de faire procure au R&O des moyens financiers importants. « On a de l'argent à dépenser  », déclare Tanguay.  Le Rouge et Or a été la première équipe à avoir un coach et des adjoints à temps plein. Elle peut se payer un camp printanier d'une semaine à Orlando en Floride et avant le début de chaque saison, elle invite un club d'une autre Association que l'on pourrait retrouver en demi-finale ou à la Coupe Vanier. Cette année, les Dinos de Calgary sont venus à Québec, toutes dépenses payées par le Rouge et Or.

Et surtout, que le succès engendre le succès.

Montréal, ville de basketball?

La nouvelle saison de la NBA débute cette semaine. Vendredi dernier, le commissaire adjoint de la NBA, Mark A. Tatum, était de passage à Montréal pour le match entre les Raptors et les Knicks de New York. Dans une entrevue qu'il accordait à Vincent Brousseau-Pouliot de La Presse, il déclarait que Montréal n'était pas qu'une ville de hockey. Elle avait prouvé qu'elle pouvait accueillir et soutenir plusieurs équipes de sport. Déclaration qui ne l'engageait à rien puisqu'il s'est empressé d'ajouter que la NBA n'avait aucun projet d'expansion.

Monsieur Tatum aurait dû parler à Richard Legendre de l'Impact avant de faire sa déclaration. À Montréal, le CH règne en roi et maître. Et sans partage. Il est même reconnu que Montréal n'est pas une ville de hockey, mais la ville du Canadien. Si on compare, il y a au moins six équipes professionnelles à Toronto (Maple Leafs, Raptors, Marlies, Blue Jays, Argonauts et le Toronto FC). Ils ont aussi une équipe de crosse, le Rock de Toronto. À Montréal, le hockey junior n'a pas survécu, puis les Alouettes et l'Impact ramassent les miettes. Richard Legendre ne s'est pas gêné cette semaine pour dire que la couverture médiatique accordée au Canadien était exagérée. À Montréal, les gens ne sont jamais rassasiés du CH. La décision de diffuser le match de mardi soir à Calgary sur RDS2 pour faire place au 6e match de la Série mondiale à RDS a soulevé un tsunami de protestations. Et vous allez me faire croire que les gens n'en peuvent plus d'attendre le retour des Expos?

Detroit a hérité du surnom Hockeytown parce qu'à une époque, il y avait les Red Wings, un club de la Ligue américaine, une équipe de la Ligue junior de l'Ontario et du hockey universitaire.  

Ici, on peine à vendre les billets en prévision du prochain Championnat du monde de hockey junior, alors qu'à Toronto on affiche déjà complet. On invoque entre autres que la ronde éliminatoire aura lieu à Toronto et que Montréal devra se contenter de la ronde préliminaire. Pourtant, on est assuré de voir le Canada à l'oeuvre cinq fois ici, alors que c'est loin d'être certain qu'il atteigne la finale dans la Ville Reine. Et il y a le prix des billets, etc, etc.

Il y a une différence entre remplir le Centre Bell pour un match de basket un vendredi soir, une fois par année, et encourager une équipe pendant toute une saison. Une fois par année, ça devient un happening qui réunit des amateurs de partout au Québec.

Et je ne vous parle pas des cotes d'écoute à la télévision. ZÉRO. Il y a quelques années, on présentait des matchs des Raptors à la télévision. La grosse affaire avec camion de production et commentateurs sur place. Résultat : des barres dans le cahier de sondage, ce qui signifie qu'officiellement personne n'avait regardé le match!

Cette année, les Alouettes ont joué un match à guichets fermés et l'Impact aucun. Vous allez dire que les deux équipes ont eu une saison difficile, mais c'est plutôt révélateur.

Les happenings, c'est ce qui allume les Montréalais. Comme la Formule 1 et le tennis par exemple. Ça dure une semaine et c'est terminé. Et surtout, ça n'entre pas en conflit avec la saison du Canadien. 

Il n'y a aucun mal à aimer le Canadien, tout comme il est parfaitement légitime pour l'équipe de vouloir rejoindre le plus de gens possible. Mais on peut aussi s'intéresser à autre chose.

Doit-on s'inquiéter pour l'avenir du sport?