MONTRÉAL - Jadis une puissance au football universitaire québécois, les Stingers de Concordia ont atteint le fond du baril en 2013 et ils ont procédé à un coup de barre majeur que l’organisation retrouve l’éclat doré de son uniforme.

La recette ayant fait ses preuves dans plusieurs sports, les Stingers n’ont pas hésité une seconde à confier les rênes de l’équipe à l’ancienne gloire de la formation, Mickey Donovan. Nommé joueur défensif par excellence au Canada en 2004, Donovan s’est entouré d’un solide groupe d’adjoints pour succéder à Gerry McGrath, une légende du coaching, qui a tenu les commandes des Stingers pendant 14 saisons.

Cependant, en lien avec l’émergence d’un programme comme celui du Vert & Or de l’Université Sherbrooke et le niveau d’excellence atteint par le Rouge et Or de l’Université Laval et les Carabins de l’Université de Montréal, les Stingers ne sont pas parvenus à présenter un dossier gagnant depuis 2008.

Dans ce sens, un changement semblait devenu nécessaire et McGrath a accroché son sifflet d’entraîneur.

« Je mentirais si je disais non, ça prenait quelque chose pour relancer notre programme après notre dernière saison désastreuse », a avoué le receveur de troisième année, Jean-Christophe Benny.

« Ce n’est pas parce que l’ancien entraîneur ne faisait pas son travail, mais ce changement produit un vent de fraîcheur et d’espoir », a-t-il ajouté.

Également reconnu comme un vétéran de premier plan, le maraudeur Mikaël Charland (photo) a remarqué l’effet de ce nouveau départ. Mikaël Charland

« C’est toujours bénéfique de procéder à un changement quand un programme fonctionne moins bien que les autres même si ce n’est pas toujours nécessaire de remplacer tout le personnel d’entraîneurs. On perçoit des différences par rapport au recrutement et ça crée aussi un engouement autour de nous », a confié Charland celui dont 2016 sera l’année de repêchage.

Après avoir brillé en tant que secondeur de 2002 à 2004, Donovan savoure le privilège de revenir sur le terrain de son alma mater en tant qu’entraîneur surtout que ce retour s’effectue avec son frère Pat ainsi que des adjoints comme Marc Calixte et Matt Connell, l’ancien quart des Redmen de McGill.

« Le fait de revenir ici avec mon frère, c’est tout simplement merveilleux comme un rêve qui devient réalité », a avoué celui qui aborde le métier de façon intéressante.

« Je ne crois pas avoir le désir de devenir un style d’entraîneur en particulier. Je m’attarde plutôt à m’établir comme un bon mentor pour les jeunes. Je veux les mener de façon adéquate sur le terrain et à l’extérieur. »

Depuis 2007, Donovan a fourbi ses armes d’entraîneur avec des arrêts à l’Université Western, chez les Blue Bombers de Winnipeg, les Argonauts de Toronto ainsi qu’avec des équipes nationales et à l’Université McGill ce qui a pavé la voie à l’obtention de son premier rôle d’entraîneur-chef.

« Tout est à propos du timing et pourquoi ne pas revenir à la maison dans un contexte dans lequel je suis familier autant sur le plan sportif que celui académique. Tu peux convaincre les joueurs beaucoup plus facilement dans le recrutement en parlant de ce que tu ressens pour cette université », a plaidé l’entraîneur.

Avec un regard aussi déterminé que le sien, une vivacité intellectuelle évidente et un physique imposant, Donovan appartient à la catégorie d’individus dégageant une prestance convaincante. D’ailleurs, l’effet se ferait déjà sentir aux dires de Danny Maciocia, le pilote des Carabins.

Mickey Donovan« C’est la situation idéale pour Concordia qui peut bâtir pendant 10, 15 ou 20 ans avec lui. Je suis convaincu qu’ils auront du succès et on le sent déjà dans le recrutement. On voit que les jeunes commencent à considérer Concordia comme une option ce qui n’arrivait pas depuis trois ou quatre ans. Ça nous force à travailler plus fort et s’il nous complique la vie, ça veut dire qu’il fait du bon boulot », a vanté Maciocia sur Donovan qui devient seulement le cinquième entraîneur des Stingers en 40 ans.

Au fil des ans, les programmes de Laval et Montréal ont connu un essor fulgurant et ils disposent de moyens financiers colossaux ce qui fait contraste avec la réalité des Stingers. Donovan était familier avec cette réalité en acceptant le poste sauf que celui dont la carrière professionnelle n’a pu prendre son envol en raison d’une grave blessure à un genou n’est pas du style à se lamenter.

« Pour les entraîneurs qui se plaignent que les autres ont trop d’argent, je leur dirais d’arrêter et de travailler. Bien sûr, je sais que ce sera très difficile de battre Laval, mais on va se botter le derrière pur atteindre leur niveau. L’argent peut t’aider à obtenir certaines choses, mais ça ne peut pas t’acheter un championnat », a déclaré Donovan.

« C’est encore un petit problème, mais on fait avec ce que l’on a. Ce n’est pas parce que nous sommes un peu moins fortunés que d’autres équipes que nous ne pouvons pas réussir de bons résultats », a évoqué Charland.

En 2013, les Stingers ont essuyé de virulents revers de 48-3 face aux Carabins et 65-9 face au Rouge et Or, mais le renouveau inspire Benny en vue des affrontements face à ces puissances.

« On peut toujours rivaliser avec ces équipes et c’est là que nous mesurons notre talent donc je les vois comme des opportunités de le faire. Ce sont des joueurs comme nous donc je ne les mets jamais sur un piédestal. Même s’il s’agit d’un sport physique, ça se joue beaucoup au niveau mental donc il faut croire qu’on peut les battre », a dévoilé Benny.

Une prochaine puissance au Canada ?

À la suite d’une éprouvante saison d’un dossier de 0-8, les Stingers ne peuvent pas avoir la prétention de viser le championnat de la section québécoise, mais les objectifs demeurent élevés pour la troupe de Donovan.

« Pour mon frère et moi, Concordia, c’est le « sleeping giant » du Canada et nous en sommes persuadés », a affirmé Donovan qui croit donc que le programme peut bientôt aspirer à l’élite nationale.

« Cette saison, on se présente avec l’attitude que tout est possible en amorçant une nouvelle ère. Le plus important était d’amener les joueurs à croire que Concordia constitue une université gagnante et un programme fort. »

Évoluant chacun de leur côté du ballon, Charland et Benny sont convaincus que leur unité respective représentera l’atout principal de l’équipe. Aux yeux de l’entraîneur, ce sera avant tout à la défense de faire la différence – comme c’était le cas à son époque -, mais le point majeur sera la contribution des arrivants. Jean-Christophe Benny

« Nous avons attiré environ 65 à 70 nouveaux joueurs au sein de l’organisation et 58 joueurs sont de retour. C’est donc dire que nous formons une jeune équipe même avec les vétérans car nous avons seulement cinq joueurs de cinquième année. C’est un gros défi, mais c’est aussi la beauté de ce sport : on ne peut pas se fier uniquement sur cinq athlètes », a insisté Donovan.

Malgré des erreurs flagrantes d’exécution, les Stingers ont remporté leur match préparatoire face à Queen’s et ils entameront leur calendrier contre deux adversaires à leur portée, Bishop’s et McGill, ce qui pourrait créer un élan positif.

Advenant des résultats encourageants, les gradins du campus de Concordia pourraient retrouver une partie de leur attrait d’antan.

« Ça prend aussi l’appui des partisans, ils n’ont pas été au rendez-vous dans les dernières années, mais qui voudrait regarder une équipe perdre… Quand nous gagnions, les gradins étaient pleins et je veux ramener les gens aux matchs. C’est un endroit excitant et ce doit être un événement spécial de venir nous voir jouer », a souhaité le passionné de baseball.

Les curieux seront sans doute au rendez-vous à tout le moins pour l’ouverture locale du 6 septembre puisque Donovan contribue à changer la perception de l’équipe.

« Ce ne sont pas seulement des mots, on découvre vraiment cette nouvelle ère. Il apporte une dimension humaine au programme pour que le respect soit omniprésent entre les joueurs et les gens autour de nous surtout que ce sont les autres étudiants qui nous permettent de jouer au football », a précisé Benny (photo).

Sur le terrain, tout cela se traduit par un mot qui revient sur toutes les lèvres.

Mickey Donovan« Chaque entraîneur est différent, Mickey est beaucoup plus intense. Il exige plus de notre 110% à tous les entraînements et il nous disait que si tu as le goût de sortir quand tu reviens chez toi le soir, c’est parce que tu n’as pas donné tout ce qu’il fallait sur le terrain », a comparé Charland.


Dans son rôle d’entraîneur, Donovan devra aussi gérer les attentes de ses protégés qui espèrent poursuivre leur aventure à l’échelon professionnel.

« Tous les joueurs veulent atteindre cette étape et nous avons des joueurs qui peuvent y arriver donc nous allons tout faire pour les aider. Par contre, on veut changer leur vision et leur disant que c’est bien d’avoir ce rêve, mais qu’il faut d’abord avoir le but de graduer avec un diplôme. Il ne faut jamais oublier que les joueurs qui y accèdent sont peu nombreux et pour de courtes carrières de trois ou quatre saisons », a révélé celui qui prétend qu’il n’aurait jamais pu devenir entraîneur-chef des Stingers sans son diplôme universitaire.

À l’image de ses joueurs, Donovan pourrait aspirer à des fonctions semblables dans la LCF, mais il entend plutôt poursuivre la tradition de continuité de Concordia.

« J’espère être encore ici dans 10 ans avec mon frère. Je me suis engagé avec les Stingers et mon cœur leur appartient. Je veux ramener ce programme où il était », a conclu Donovan qui a hâte de voir son équipe s’exprimer sur le terrain.

* Au cours des prochains jours, le RDS.ca poursuivra son aperçu des autres équipes de la division québécoise au football universitaire.