(ESPN.com) - Cessons un instant le ridicule débat au sujet de Rex Grossman qui est le pire quart-arrière à avoir mené son équipe au match du Super Bowl.

Concentrons-nous plutôt sur un fait indiscutable : le quart partant des Bears de Chicago est l'un des moins bien payés à sa position dans l'histoire récente du Super Bowl.

Ça pourrait changer dramatiquement si Grossman mène les Bears -les négligés- à une victoire sur les Colts d'Indianapolis au Super Bowl XLI qui se tiendra dimanche.

"Il n'y a pas beaucoup de quarts qui se rendent au Super Bowl à leur première saison comme partant », a reconnu le vétéran receveur Muhsin Muhammad dimanche soir peu de temps après que l'avion nolisé des Bears se soit posé à Miami. « Remporter le Super Bowl à ton premier essai serait quelque chose de très bien."

On peut se demander quelle valeur peut avoir une victoire au Super Bowl, au moins dans le cas de Grossman. Ça reste à voir. Chose certaine, un championnat apportera au moins le respect pour Grossman, respect qu'il n'a jamais eu jusqu'ici malgré une fiche de 15-3 (en comptant les deux victoires en éliminatoires) à sa première saison complète comme quart partant. Et ça pourrait signifier pour l'ancien choix de première ronde beaucoup d'argent, plus que ce qu'il a été en mesure de gagner jusqu'ici en quatre ans dans la NFL, principalement en raison des blessures.

Ça ne pouvait arriver à un meilleur moment pour Grossman, qui pourrait voir sa valeur « exploser » avec une victoire de plus. Il a la motivation et l'occasion. Et avec une victoire, il pourrait enlever toutes les réticences de l'organisation des Bears qui ont préféré jusqu'ici le payer pour sa production et non pour son potentiel.

Alors que les Bears continuaient de remporter des victoires cette saison, on parlait beaucoup du statut de l'entraîneur Lovie Smith qui en sera à sa dernière année de contrat en 2007, une entente qui lui a rapporté juste 1,35 million $ en 2006. Mais on n'a pas tellement parlé dans les médias que Grossman aussi n'a encore qu'une saison à écouler à son contrat de cinq ans signé en 2003.

Cette entente a donné à Grossman, le 22e choix au total en 2003, un boni de 2,05 millions $ à la signature et un boni de recrue de 390 000 $. Il a reçu un boni de 1,98 million $ quand les Bears ont exercé l'option au printemps de 2004. Cependant, son salaire est demeuré modeste : 250 000 $ (2003), 305 000 $ (2004), 465 000 $ (2005) et 625 000 $ (2006).

Son salaire de base prévu est de 785 000 $ la saison prochaine. Il recevra des bonis pour ses performances, incluant celui du nombre de matchs remportés par Chicago en éliminatoires. Mais un fait demeure, à ses quatre premières saisons dans la NFL, Grossman n'a gagné que 6,07 millions $ en salaire et bonis.

Il y a au moins deux quarts-arrières dans la ligue qui ont gagné plus en salaire de base seulement pour la saison 2006.

Les vrais gros dollars dans le contrat de Grossman viennent avec le nombre de matchs disputés et ses performances. Mais son potentiel pour recevoir plus d'argent a été anéanti par les blessures -une déchirure du ligament cruciforme antérieur en 2004 et une fracture de la cheville en 2005- qui ont limité Grossman à seulement huit apparitions et sept départs à ses trois premières saisons.

Finalement en santé en 2006, et en mesure d'entreprendre les 16 matchs du calendrier régulier et tous les matchs éliminatoires, Grossman a maintenant la chance de gagner la majeure partie de l'argent perdu en raison de blessures.

Combien? Difficile à dire mais pas beaucoup d'équipes de la NFL permettent à leur quart partant d'atteindre la dernière année du leur contrat, la plupart préférant leur accorder une prolongation de contrat. Et une victoire de Grossman au Super Bowl pourrait être un argument de taille dans les prochaines négociations. Il y a un précédent dans l'histoire récente, avec les Panthers de la Caroline qui avaient récompensé Jake Delhomme avec un nouveau contrat, un gros, après avoir mené les siens au match du Super Bowl en 2003. Bien sûr, une mauvaise performance dimanche pourrait inciter les Bears à laisser Grossman écouler la dernière année de son contrat sans le prolonger.

Sans surprise, Grossman déteste discuter des ramifications financières rattachées à une victoire potentielle au $uper Bowl.

"C'est la dernière chose à laquelle je pense à ce moment-ci", avait indiqué Grossman la semaine dernière.

Mais on dit que Grossman avait déclaré à des amis qu'il s'attendait à être payé comme l'un des dix meilleurs quarts s'il levait le Trophée Vince Lombardi en soirée dimanche. Jusqu'ici, il n'y a pas eu de discussions préliminaires entre les dirigeants des Bears et l'agent de Grossman, Eugene Parker, au sujet d'un nouveau contrat.

"Aucun mot", a confirmé Parker. "Ce n'est pas une surprise à ce moment-ci puisque chacun est concentré à remporter le Super Bowl. Ce n'est pas une priorité cette semaine."

La saison-morte laisse amplement de temps pour négocier un nouveau contrat, si Grossman joue bien dimanche, il peut entreprendre les négociations alors qu'il aura le momentum. La gestion des Bears est basée sur les clauses de performances. Le salaire de Lovie Smith en 2006 était inférieur à environ dix entraîneurs adjoints dans la NFL. Les Bears préféraient ne pas prendre de chance avec Smith surtout avec l'expérience vécue avec leurs entraîneurs précédents.

Au début de 1996, après que Dave Wannstedt eut cumulé un dossier de 25-23 et mené l'équipe en éliminatoires à ses trois premières saisons à la barre des Bears, ces derniers ont bonifié le contrat de leur entraîneur. Mais les Bears n'ont remporté en moyenne que cinq victoires les trois saisons suivantes et ont terminé deux fois au dernier rang de leur division. Wannstedt a finalement été congédié. Après une saison de 13-3 et le premier titre de division en 11 ans, les Bears avaient accordé un nouveau contrat à Dick Jauron. Chicago a eu des fiches de 4-12 en 2002 et 7-9 en 2003 et Jauron a quitté.

Le directeur général Jerry Angelo, qui, avec Smith, a loyalement soutenu Grossman malgré ses blessures, a dit qu'il voulait en voir plus sur ce que peut donner le corps de Grossman. Puisque son corps n'a pas très bien travaillé dans les trois premières saisons lorsqu'il n'a tenté que 195 passes, ou l'équivalent d'environ cinq matchs pour son vis-à-vis au Super Bowl, Peyton Manning, il a été difficile d'évaluer la progression du jeune quart.

Même cette saison, lorsqu'il est devenu le quart partant des Bears depuis Erik Kramer à entreprendre les 16 matchs du calendrier régulier, Grossman a été irrégulier. Ce qu'Angelo avait vu en lui avant de le repêcher en 2003 ne s'est pas encore traduit sur le terrain chez les Bears.

Il a terminé deuxième de la NFL pour le nombre de matchs où il a terminé avec un ratio par la passe de 100 ou plus (sept), mais a aussi dominé la ligue avec cinq matchs avec un ratio inférieur de 40. Cela inclut des matchs avec de maigres ratios de 10,2, 1,3 et 0,0.

Une victoire dimanche soir et la mauvaise réputation de Grossman va disparaître. Et ne vous trompez-pas, Grossman a l'intention de gagner le Super Bowl XLI et plus d'argent.