MONTRÉAL – Au cours des dernières années, Maude-Aimée Leblanc et Sara-Maude Juneau ont gravi les échelons du golf professionnel. Motivée par leur parcours, Anne-Catherine Tanguay a saisi sa chance et c’est maintenant à son tour de faire sa place dans ce milieu très compétitif.

Depuis qu’elle a acquis son statut conditionnel de la LPGA aux qualifications du circuit en décembre 2015, la Québécoise de 25 ans a hérité du droit de participer à certains tournois. Ainsi, elle a vécu ses premiers pas dans la LPGA à Hawaï en avril et en Alabama au début du mois de mai.

La sensation a comblé les attentes de Tanguay qui a commencé à pratiquer le golf à l’âge de 10 ans.

« C’est vraiment plaisant, c’est un sentiment de fierté et c’est tout ce dont j’ai rêvé depuis tant d’années. C’était aussi l’occasion de réaliser que j’ai ma place sur ce circuit », a révélé Tanguay durant un entretien avec le RDS.ca.

Pour le moment, Tanguay a été écartée des rondes finales lors de ses deux premières compétitions au sein de la LPGA, mais elle en dresse un bilan positif surtout qu’elle a appris sa participation à l’étape d’Hawaï tardivement.

« Le délai a été un peu court donc ma préparation était plus ou moins optimale, mais je suis tout de même contente d’avoir vécu l’expérience et d’avoir pu faire une reconnaissance pour des terrains en vue des prochaines années.

« En Alabama, ça s’est bien passé, je suis très satisfaite. J’ai été un peu malchanceuse et c’est pour ça que c’est dommage de ne pas avoir accédé aux rondes finales », a confié Tanguay qui a raté ce rendez-vous par deux coups.

Tout en vivant cette première incursion sur la LPGA, la golfeuse droitière passe encore la plupart de son temps sur le circuit Symetra. Bien sûr, dans un monde idéal, Tanguay aurait obtenu sa carte à temps plein sur la LPGA - et non un statut conditionnel - mais ce contexte lui permet de s’adapter graduellement au niveau supérieur.

En attendant, celle qui est entraînée par Fred Colgan considère qu’elle se débrouille de belle manière pour jumeler ses occupations sur les deux circuits.

« Je pense que je m’en tire vraiment bien. Quand je reviens sur le Symetra, c’est toujours agréable de revoir toutes mes amies et le personnel. Tout le monde est content de me voir, on me demande comment ça se passe et on me souhaite du bien. De l’autre côté, sur la LPGA, c’est intéressant de rencontrer du monde et de passer à travers ces étapes avec les filles qui sont dans la même catégorie que moi. On se supporte beaucoup là-dedans surtout qu’on sait que c’est difficile de percer », a exposé Tanguay avec pertinence.

En plus de l’aspect sportif, Tanguay doit composer avec la réalité financière peu évidente des athlètes comme elle. Tout comme plusieurs autres sports d’élite, le golf exige beaucoup de voyagement et d’encadrement. D’ailleurs, elle a effectué tous ses déplacements en auto la saison dernière sur le circuit Symetra.

Loin de vouloir se plaindre, la sympathique golfeuse admet que la gestion doit être serrée.

« Ce n’est pas facile. Je n’ai pas encore de commanditaire majeur, je dois rester patiente et espérer que ça va débloquer un peu. L’an passé, j’ai amassé des bourses qui ont couvert la plupart de mes dépenses. C’est un peu au jour le jour, mais un cocktail-bénéfice est organisé bientôt », a témoigné Tanguay à propos de la soirée qui se déroulera le 30 mai à l’hôtel Le Bonne Entente avec Patrick Roy comme coprésident.

Un gros soulagement provient du fait que son copain, Jean-Hubert Trahan, cumule quelques chapeaux à ses côtés dont comme caddie et agent.

« Pour tous mes tournois sur la LPGA, ce sera lui mon caddie. Sur la LPGA, tu es obligée d’avoir un caddie et ça ajoute une difficulté parce que ce n’est pas évident d’en trouver un bon et de commencer à travailler avec quelqu’un de nouveau. Ça rend la transition plus facile, il a souvent rempli ce rôle pour moi et il me rend à l’aise. C’est bon de l’avoir de mon côté, c’est un gros plus, ça fait mon bonheur ! », a-t-elle convenu avec appréciation.

Parlant de joie, Tanguay devrait participer pour une deuxième fois à l’Omnium canadien à la fin août (à Calgary). Elle a hâte de renouer avec cette expérience après sa première présence, en 2013, avec un statut amateur. Elle devrait aussi se retrouver parmi les participantes de l’autre étape canadienne à Cambridge, en Ontario.

Un horizon de trois à cinq ans pour percer

C’est véritablement durant son cheminement universitaire de quatre années avec les Sooners d’Oklahoma que Tanguay a réalisé qu’elle pouvait aspirer à une carrière dans ce domaine.

« Le rêve de jouer au niveau professionnel a toujours un peu habité mes pensées, mais j’y allais une étape à la fois. C’est devenu plus une réalité quand je suis allée jouer aux États-Unis. J’ai plus compris à quel point j’aime ça et que c’était ce que je voulais faire après ma graduation », a indiqué la golfeuse de cinq pieds et quatre pouces.

Plongé dans un environnement à haute concurrence, Tanguay s’est fixée un échéancier à long terme pour se tailler la place souhaitée. Déjà, elle est encouragée puisqu’elle se retrouve en avance sur son plan.

Anne-Catherine Tanguay« Au début, je me donnais de trois à cinq ans, mais les choses sont allées assez vite. C’était une surprise d’obtenir ce statut conditionnel aussi rapidement. Si je peux m’améliorer année après année tout en continuant de m’amuser dans ce que je fais, je voudrai continuer », a décrit la golfeuse de Québec.

Cette évolution passera par un polissage de la plupart des éléments de son répertoire. En effet, Tanguay est vue comme une athlète assez complète.

« Je suis plutôt constante dans mon jeu. Je n’ai pas vraiment de points faibles en particulier. Il me restera à aller chercher la petite coche, devenir plus agressive sur le terrain, s’approcher des fanions davantage et aller chercher plus de birdies. »

Au fil des derniers mois, elle a appris à accepter à rater des coups, une réalité incontournable.

« Le statut de la LPGA venait avec des attentes et je voulais atteindre la perfection, mais j’ai réalisé que ce n’est pas possible. Justement, l’an dernier, je n’ai pas été parfaite dans mon jeu et je me suis rendue assez loin », a commenté Tanguay sur ses progrès à ce chapitre.

Si tout tombe en place et que sa progression ne déroge pas de sa tangente actuelle, Tanguay croit qu’elle atteindra son objectif ultime qui n’est pas modeste.

« Je voudrais atteindre le top-10 sur la LPGA. Je pense que j’ai la confiance pour y arriver. Je comprends que ça exige de franchir une étape à la fois. C’est difficile d’accéder au circuit, c’est un milieu restreint, mais ça se facilite par la suite. »

Tanguay a pu compter sur le support de ses compatriotes, Sara-Maude Juneau et Maude-Aimée Leblanc, pour se familiariser avec son nouveau milieu.

« Sara-Maude m’a beaucoup aidé à mes débuts professionnels, on se rencontrait, on jasait de son expérience et elle répondait à toutes mes questions, elle a été vraiment gentille. Je m’entends aussi très bien Maude-Aimée, on s’entraide », a avoué celle qui essaiera de se qualifier, à partir du 23 mai, pour l’Omnium américain.

Tout de même, les athlètes du Québec parviennent rarement à s’établir dans cet univers. Même si elle se situe encore aux premiers jalons de sa carrière professionnelle, Tanguay est reconnaissante de son essor et elle s’implique déjà pour qu’ils ou qu’elles soient plus nombreux ou nombreuses à atteindre la cible.

« J’ai eu le support de mon équipe et de bons exemples à suivre comme Sara-Maude et Maude-Aimée. J’ai joué au niveau junior avec elles et ça te donne toujours une motivation de plus de savoir qu’elles ont pu se rendre. Je sais que je suis de calibre et ça me disait que j’étais capable. En espérant que les générations suivantes puissent voir ce qu’on a accompli, on veut leur montrer que c’est possible de le faire. Le développement du golf féminin au Québec et à Québec progresse bien avec l’aide de plusieurs programmes comme GO Les Filles », a conclu Tanguay qui s’implique dans cette initiative.