Décidément, Jason Dufner a la couenne dure. Le golfeur originaire de l'Alabama a une fois de plus prouvé son grand talent, hier, en remportant la Classique Byron Nelson. Il s'agissait d'une deuxième victoire en trois semaines pour celui qui a pris le temps de se marier entretemps, passant même sa lune de miel avec sa nouvelle épouse au TPC Sawgrass la semaine dernière.

Pas très volubile et même un peu énigmatique, Dufner laisse plutôt parler ses bâtons de golf et le fait de belle façon depuis quelques semaines. Le plus surprenant dans son cas est le fait que ses statistiques sur les verts soient aussi ordinaires. Avant le début du tournoi, il se classait au 117e rang dans la catégorie « primary putting », une nouvelle façon de comptabiliser les gains ou les pertes de chaque joueur, sur les verts, lors de chaque tournoi. Au cours de la fin de semaine, il s'est classé 56e sur 71 joueurs dans cette même catégorie. Il faut vraiment que son jeu, du tertre de départ jusqu'au vert, soit d'une qualité nettement supérieure pour réussir à gagner sur un circuit aussi compétitif, malgré un putter aussi peu coopératif.

Les gagnants de tournois démontrent habituellement des statistiques de coups roulés parmi les meilleures et ne ratent à peu près rien en deçà de 6 pieds de la coupe. Dufner mise davantage sur la précision de ses coups de départ tout en y allant régulièrement de bombes de plus de 300 verges. De plus, il est bon premier en ce qui a trait aux verts atteints en coups prescrits. Voilà la recette des grands champions. Ils peuvent gagner sans être magistraux sur les verts. Et lorsque le putter devient chaud, il domine encore plus.

La victoire de Dufner, hier, lui permet d'occuper le premier rang du classement de la Coupe FedEx et de continuer sa progression au niveau mondial. Il est maintenant 14e joueur au monde, s'est taillé une place sur l'équipe américaine en vue de la prochaine Coupe Ryder et sera parmi les favoris pour remporter l'Omnium des États-Unis, qui sera disputé à San Francisco, le mois prochain.

Comme je le mentionnais un peu plus tôt, ce joueur a la couenne dure. Il traverse les mauvaises séquences avec un calme désarmant et se relève rapidement en y allant de coups solides et précis. Il a adopté l'attitude d'un joueur de poker, impossible de savoir ce qui se passe dans sa tête puisqu'il ne réagit pas plus à la suite d'un bon coup. Il sait garder son calme dans toutes les situations, démontre une très bonne attitude et ne fait pas partie des lambins du circuit. Il semble avoir beaucoup appris de sa défaite crève-cœur au dernier Championnat de la PGA, alors qu'il avait commis trois bogueys sur les derniers trous avant de s'incliner en prolongation devant Keegan Bradley. Parions qu'il va se reprendre lors des prochains rendez-vous majeurs.

Dicky Pride : bel exemple de persévérance

On mentionne souvent que la patience est une qualité primordiale pour tout joueur de compétition. Vous conviendrez que la palme revient d'amblée au vétéran Dicky Pride. Vainqueur à sa première saison sur le circuit PGA Tour en 1994, Pride n'a jamais remporté un seul tournoi depuis. Qui plus est, il n'a réussi à se qualifier parmi les 125 meilleurs boursiers qu'à deux reprises lors des 17 dernières saisons, évoluant davantage sur le circuit Nationwide. Il est passé à travers l'école de qualification cinq fois au cours de carrière et a dû soigner de nombreuses blessures qui ont ralenti sa progression. Il faisait bon de le voir batailler pour la victoire, hier, à la classique Byron Nelson.

Pour un joueur qui n'a d'autre statut que celui d'ancien champion sur ce circuit, Pride avait de quoi se réjouir de sa deuxième place, car avec cette bourse de plus de 700 000 dollars, ses gains en 2012 s'élèvent maintenant à 1 088 563 dollars et lui assurent déjà de se qualifier pour la saison 2013, avec un droit de jeu plein privilèges. Il pourra dorénavant choisir lui-même les tournois auxquels il veut participer et planifier le tout à l'avance, plutôt que d'être appelé à la dernière minute ou de devoir se fier à la générosité des commanditaires. Pride n'en était qu'à un 7e tournoi cette année et est tout de même parvenu à terminer parmi les dix premiers à trois reprises… tout un exploit pour un joueur qui doit jouer au golf avec un fusil sur la tempe!

Lors de son entrevue d'après match, il a salué ses nombreux copains du circuit Nationwide en prenant soin de leur dire avec un petit sourire en coin qu'il pensait à eux, mais qu'il allait tout de même passer le reste de l'année sur le grand circuit.

Homme de cœur, il a travaillé d'arrache-pied l'an passé afin de ramasser des sous pour venir en aide aux victimes d'une tornade qui s'est abattue sur la région de Tuscaloosa, en Alabama. Pride habite cette ville depuis plusieurs années. Il a organisé un tournoi Pro-Am d'envergure auquel ont répondu de nombreux joueurs des circuits PGA Tour et Nationwide. Curieusement, le premier joueur à offrir ses services fût Jason Dufner, celui-là même qui a battu Pride par un coup hier sur le parcours du TPC Las Collinas. Dufner a aussi offert à Pride de l'aider dans l'organisation de cet événement.

Lorsque Dufner a calé son roulé de 25 pieds pour la victoire hier, Pride était aux abords du vert du 18e et l'a applaudi chaleureusement… un très beau geste de sa part. En bout de ligne, les deux joueurs étaient visiblement heureux du dénouement.

Prochaine étape : l'Invitation Crowne Plaza

Pour une deuxième semaine consécutive, les joueurs évolueront dans l'état du Texas, plus précisément à Fort Worth, sur le magnifique parcours Colonial. L'an dernier, David Toms avait eu le meilleur sur Charlie Wi par un seul coup. Parmi les joueurs inscrits, notons les Sergio Garcia, Louis Oosthuizen, Henrik Stenson, Carl Pettersson, Y.E.Yang et le jeune prodige japonais, Ryo Ishikawa.

Du côté des Américains, mis à part le champion en titre David Toms, on mise sur les Rickie Fowler, Hunter Mahan, Matt Kuchar, Jason Dufner et Bill Haas. Une autre belle bataille en perspective. Comme à l'habitude, RDS présentera les troisième et quatrième rondes… c'est un rendez-vous!