On s'est rendu compte, une fois de plus hier, que gagner un tournoi sur le circuit PGA Tour est loin d'être une sinécure.

Le vétéran Ben Curtis, 34 ans, peut en témoigner. Il a dû passer par toute la gamme des émotions avant de savourer un premier triomphe depuis 2006. En fait, il s'est écoulé pas moins de 2045 jours depuis sa dernière victoire chez les pros.

Curtis jouissait d'une avance de trois coups à l'aube de la ronde finale, mais on s'est vite rendu compte que ça n'allait pas être une partie de plaisir. Quand on n'a plus de statut officiel sur ce circuit et qu'on est forcé de s'exiler en Europe pour tenter de gagner sa vie, une victoire représente énormément pour un joueur dans sa position.

On oublie parfois que ces gars-là sont des humains et que la nervosité peut s'emparer d'eux à tout moment. Face à l'adversité, Ben Curtis s'est comporté comme un grand joueur et il a prouvé à tout le monde et à lui-même qu'il appartient toujours à l'élite du golf professionnel. Personnellement, j'espérais une victoire de sa part, car je sais ce qu'elle représente pour lui à ce stade-ci de sa carrière. Fini les longs voyages partout dans le monde, loin des siens, à tenter de relancer une carrière qui s'annonçait pourtant prometteuse lors qu'il a gagné l'Omnium britannique, en 2003. Non seulement il a empoché plus d'un million de dollars hier, mais il a surtout gagné un droit de jeu sur le circuit PGA Tour pour les deux prochaines années et une invitation au Tournoi des Maîtres 2013.

De plus, il pourra choisir lui-même les tournois auxquels il désire participer plutôt que d'attendre un coup de fil à la dernière minute lui annonçant qu'il est éligible à s'inscrire à tel ou tel tournoi de moindre importance. Posséder un statut de vainqueur, ça ne change pas le monde, mais ça adoucit le sien!

Ben Curtis a su vaincre tous ses démons lors de la ronde finale, mais la chance lui a également souri. Au moins trois autres joueurs auraient pu se sauver avec la victoire s'ils avaient été le moindrement opportunistes sur les verts. Le vétéran Bob Estes, 46 ans, a suffisamment bien joué pour l'emporter, mais son putter l'a laissé tomber à plusieurs occasions sur courtes distances. On pourrait en dire autant de Matt Every, solide dans tous les aspects du jeu sauf sur les verts. Il a aussi laissé filer plusieurs occasions de rejoindre Curtis et même de le devancer… la chance n'était tout simplement pas au rendez-vous. Sa 2e place lui permet tout de même de passer de la 61e à la 24e position du classement de la coupe FedEx.

Quant à John Huh, joueur recrue de 21 ans, il continue de m'impressionner au plus haut point. Quand on pense qu'il a joué 44 sur son premier neuf jeudi dernier, c'est tout un exploit qu'il a réussi en terminant lui aussi en 2e position. Le jeune homme, déjà vainqueur cette année à la Classique Mayakoba, a retranché pas moins de 16 coups à la normale à ses 63 derniers trous. Et dire que le tournoi s'est gagné à moins neuf. On peut conclure qu'il aurait pu facilement remporter un 2e titre en 2012. Il y a quelque chose qui me dit que ce n'est qu'une question de temps dans son cas, car il possède un rythme à faire rêver et une attitude digne de celle d'un joueur aguerri. À 21 ans, tous les espoirs sont permis pour celui qui occupe le 14e échelon du classement 2012.

On s'est empressé de demander à Ben Curtis à quel tournoi il allait s'inscrire maintenant qu'il a retrouvé son statut de joueur à part entière et tout de suite il a répondu « Nouvelle-Orléans », prochaine étape du circuit. En passant, sa victoire d'hier au Texas, lui permet de grimper au 28e rang du classement général (il était 200e la semaine dernière) et de faire un bond de près de 100 places au classement mondial (285e à 186e).

Curtis se joindra au champion du Tournoi des Maîtres, Bubba Watson, qui tentera également de défendre son titre à la Nouvelle-Orléans. Parmi les autres joueurs de premier plan qui seront présents, mentionnons les noms de Luke Donald, Justin Rose, Greame McDowell, Retief Goosen, Ernie Els, K.J. Choi, Robert Karlsson, Angel Cabrera, Webb Simpson, Rickie Fowler, Geoff Ogilvy, Steve Stricker, David Toms et Keegan Bradley.

Après deux semaines d'activités avec des joueurs un peu moins connus, on devrait avoir droit à une compétition un peu plus relevée cette semaine. Michel et moi serons heureux de vous compter parmi les nôtres, samedi et dimanche, sur les ondes de RDS… bien sûr! Bon golf.