Phil Mickelson sera intronisé cette semaine au Temple de la renommée du Golf. Personne ne contestera cette nomination bien que je sois toujours aussi inconfortable avec l'attribution d'un tel hommage à des joueurs ou joueuses qui n'ont aucunement abandonné la compétition. De voir les noms de Ernie Els, Vijay Singh, Se Ri Pak et Phil Mickelson collés aux légendes que sont Hogan, Snead, Palmer et Zaharias me donne l'impression qu'on précipite la décision.

Cela étant dit, l'occasion est idéale pour tracer un bilan provisoire de la carrière du célèbre gaucher maintenant âgé de 41 ans.

Sa première victoire sur le circuit PGA Tour remonte à 1991 lors de l'Omnium Northern Telecom. Il faut préciser qu'il était toujours amateur au moment de cette victoire et qu'il est le dernier joueur amateur à avoir inscrit une victoire sur le circuit.
Ses débuts professionnels remontent à 1993 et il n'a pas tardé à se signaler gagnant à deux occasions au cours de cette saison. Il a gagné quatre tournois en une année à trois reprises, en 1996, en l'an 2000 et en 2005.

Il compte quatre victoires majeures, dont trois au Tournoi des Maîtres et une lors du Championnat de la PGA. Son palmarès est éloquent : il a remporté jusqu'à présent 40 victoires; il a fini en deuxième position 26 fois et a fini en troisième place 22 fois. Il a porté les couleurs américaines à neuf occasions lors de la Coupe des Présidents et fut huit fois membre de l'équipe américaine de la Coupe Ryder. S'ajoutent à cela quelques titres sur la scène internationale.

Ce qui est étonnant, c'est que Phil Mickelson n'a jamais été le meilleur boursier du circuit PGA Tour. Il n'a jamais été sélectionné le joueur par excellence sur le circuit PGA Tour. Il n'a jamais remporté la Coupe FedEx. Il n'a jamais occupé le premier rang mondial.

Malgré tout, et c'est là toute la différence, Phil Mickelson n'a jamais donné l'impression de se satisfaire de la deuxième place. Bien au contraire, son style de jeu et les stratégies qu'il a adoptées au fil des ans ont toujours et uniquement tendu vers la victoire. Rien de moins.

Les spectateurs et les téléspectateurs ont toujours été servis à souhait par le jeu de Mickelson, et en particulier par ses prouesses sur les coups lobés. Son coup depuis les pins en bordure d'une allée au Augusta National demeure un des grands moments du Tournoi des Maîtres.

Mickelson a toujours entretenu des relations privilégiées avec les spectateurs. Même lors de circonstances difficiles, il a toujours fait preuve de respect envers les fans, les journalistes et les autres joueurs. Il a su se montrer digne dans des situations de crise concernant sa vie personnelle bouleversée lorsque son épouse et sa mère ont toutes deux soigné un cancer.

Qu'est-ce que nous retiendrons le plus de Phil Mickelson au terme de sa carrière? Qu'il a joué à la même époque que Tiger Woods et qu'il fut son principal rival? Qu'il a, à quelques occasions, perdu des prestigieux tournois parce qu'il avait défié la chance et les Dieux du golf?

On pourrait énumérer encore plusieurs questions. Je préfère attendre encore un certain temps avant de formuler ma réponse. Mais je suis déjà certain de plusieurs des mots que j'utiliserai : talent exceptionnel, persévérance, gentilhomme, unique, spectaculaire, précision, grande classe. Bref, le vocabulaire qui convient à un athlète qui est indiscutablement l'un des meilleurs de sa profession et qui mérite pleinement d'être élu au Temple de la Renommée même si j'ai l'impression qu'on le fait trop rapidement passer à l'histoire. Il n'a pas, j'en suis convaincu; fini de nous étonner.