Jamais le golf professionnel ne nous est apparu aussi fragile depuis plusieurs années. Son joueur vedette Tiger Woods, à qui l'on doit l'augmentation phénoménale des bourses depuis son entrée en scène chez les professionnels en 1996, n'est plus l'ombre du champion qu'il a été jusqu'à ce que le scandale entourant sa vie privée ne soit étalé au grand jour en novembre 2009.

Depuis les performances de Woods ont été en chute libre. C'est normal qu'il en soit ainsi. Il n'y a pas un athlète, pas un être humain qui traverse pareille épreuve et qui puisse offrir des performances dignes de mention. Woods pourra redevenir le champion qu'il était uniquement lorsqu'il mettra de l'ordre dans sa vie et pas avant. Et cela n'a rien à voir avec les sommes d'argent qu'il perdra advenant un divorce. On aura beau chercher les failles techniques dans son élan et pointer les erreurs de stratégie commises à telle ou telle occasion, l'explication de son jeu médiocre relève davantage de son état d'esprit que de sa forme physique.

Pendant que Woods traverse la tourmente, on peut en dire tout autant du circuit PGA Tour. Personne n'a véritablement pris la relève. Ce n'est pas la première fois que je mentionne cet état de fait, mais il me semble que cela devient un peu plus inquiétant. Qui donc a assumé le leadership chez les joueurs depuis que Woods s'est absenté à la suite de l'Omnium des É.-U. en 2008 pour subir une opération au genou? Personne.

Voilà 258 semaines consécutives que Mickelson se traîne en deuxième position au classement mondial. C'est à deux semaines de cinq années complètes. Il a eu de nombreuses opportunités au cours des derniers mois de ravir la première place à Tiger Woods. Lui aussi victime de problèmes personnels, il n'a pas été en mesure de capitaliser sur les opportunités qui se sont offertes. Malgré quelques victoires, il ne semble pas que Mickelson soit le joueur vedette qui doive prendre la relève pendant que Woods connaît les pires moments de sa carrière.

Le problème, c'est que Furyk, Els, Stricker et Singh ne sont pas non plus les candidats désignés.

Les jeunes joueurs de talent, et ils sont nombreux; ont certes obtenu de bons résultats et laissent entrevoir un avenir prometteur. Mais ils n'ont pas l'aplomb suffisant ni les qualités de rassembleur requises pour devenir des chefs de meute. Pour le moment, le PGA Tour donne l'impression d'un navire qui est à la dérive.

On cherche des solutions pour raviver l'intérêt des commanditaires, des spectateurs et téléspectateurs. On insiste plus que jamais auprès des joueurs afin qu'ils soient plus courtois auprès du public et des organisateurs des tournois. On les obligera prochainement à participer en rotation à tous les tournois afin de satisfaire les demandes de tableaux de participants plus relevés. On est à rendre la télévision plus présente auprès des joueurs et à trouver des gadgets qui rendront encore plus spectaculaires les reportages diffusés dans le cadre des tournois.

Même la pluie de bas pointages n'a pas suscité l'intérêt souhaité. Il manque quelque chose ou plutôt quelqu'un qui assumera la relève en tant que meilleur athlète au golf professionnel. Actuellement, il n'y a pas beaucoup de volontaires qui aient les qualités nécessaires pour relancer le PGA Tour. Après Palmer et Nicklaus, après Watson et Norman et maintenant Woods qui donc sera le golfeur qui amènera son sport à un autre niveau?

Ce qui est à craindre, c'est que plusieurs estiment que c'est Woods lui-même qui prendra sa propre relève. Non pas qu'il ne soit pas en mesure de le faire, mais reste à savoir quand et pour combien de temps.