Tout vient à point à qui sait attendre. Ce proverbe s'applique à merveille à Harrison Frazar qui, à 39 ans, savoure enfin une première victoire sur le circuit PGA Tour.

L'athlète de Dallas a su garder son calme et a présenté du jeu solide tout au long de la ronde finale de la Classique St-Jude ainsi que lors des trois trous de prolongation en compagnie du suédois Robert Karlsson. Ce dernier s'incline en prolongation pour une deuxième année consécutive. Si justice il y a, la troisième fois sera la bonne dans son cas.

La carrière de Harrison Frazar a pris son envol en 1998. Après avoir gradué du circuit Nationwide grâce à une 13e place au classement final de 1997, Frazar termina sa première campagne avec une respectable 63e position au classement des boursiers. Après neuf saisons durant lesquelles il a toujours terminé parmi les 100 premiers, il flanche une première fois en 2007 avec une 131e position au classement final. Possédant un droit de jeu restreint en 2008, il glisse au 163e échelon et perd son statut de membre. Il lui faut alors se tourner vers l'école de qualification et repartir à zéro. Loin d'être découragé, il gagne cette compétition haut la main par une marge de huit coups et retrouve son droit de jeu à plein temps.

L'an passé, il a dû mettre fin à sa saison à la fin juillet afin de se soumettre à une délicate opération à une hanche. Il avait jusque-là amassé des gains de 201 000 dollars. Vu sa blessure, les dirigeants du circuit lui ont accordé une exemption médicale, comme c'est toujours le cas en pareille situation. On lui donne alors accès à 11 tournois en 2011 afin de lui permettre d'atteindre le niveau de gains du 125e boursier de 2010 (786 977 $). Il lui faut donc empocher plus de 586 000 dollars en 11 compétitions pour conserver son droit de jeu avec pleins privilèges. Cela peut sembler un peu cruel, mais c'est ainsi que ça se passe dans la réalité. En neuf sorties en 2011, Frazar a raté la coupure à six occasions et n'a accumulé que 134,000 dollars en gains. On peut facilement s'imaginer comment il devait se sentir avec seulement deux tournois à disputer pour sauver sa carrière... jouer au golf professionnel avec un fusil sur la tempe ne fait sûrement pas partie des conditions idéales.

Harrison Frazar s'est retroussé les manches et a fait face au défi avec brio; Superman n'aurait pas fait mieux. Gagner un tournoi du circuit PGA Tour dans de telles conditions prouve se réelle valeur et on ne peut qu'applaudir l'exploit extraordinaire qu'il a accompli lors du dernier week-end. Tellement peu habitué aux grands honneurs, Frazar ne savait trop comment réagir lorsqu'on lui a remis son trophée. Même s'il en était à un 355e tournoi sur ce circuit, l'expérience du cercle des vainqueurs n'était toujours pas au rendez-vous. Tentant de contenir ses émotions et pris à la fois dans un véritable tourbillon médiatique, il ne savait trop quoi faire du veston et du trophée et a même oublié de remercier le commanditaire officiel (FedEx) ainsi que les nombreux bénévoles associés à l'évènement. Il s'en est d'ailleurs excusé un peu plus tard lors de la conférence de presse du champion.

La carrière et la vie de Harrison Frazar viennent de prendre un tournant inattendu. De son propre aveu, il ne croyait plus vraiment à ses chances de poursuivre sa carrière et avait même planifié un nouveau travail à la fin de la présente saison. Ce matin, il jouit plutôt d'une exemption de deux ans sur le circuit PGA Tour (beaucoup mieux qu'une exemption médicale), sera du tournoi des champions à Hawaii au début janvier et foulera enfin les allées du Augusta National en avril prochain pour participer au Tournoi des Maîtres. Vraiment un beau conte de fées que l'histoire du sympathique Harrison Frazar. En passant, il s'est aussi qualifié pour l'Omnium des États-Unis la semaine dernière... décidément, les étoiles sont bien alignées pour lui ces jours-ci.

P.S. je vous reviens d'ici mercredi pour un avant-goût de l'Omnium des États-Unis et quelques prédictions!