AUGUSTA - Tiger Woods n'est pas celui qui détient de record pour le neuf de retour au club Augusta National. Il n'est pas non plus celui qui y est allé de la ronde la plus mémorable. Mais son compte de 30 en première ronde du tournoi de 1997 qu'il devait gagner avec un total record allait changer beaucoup de choses.

En commençant par le parcours lui-même.

"Il y avait deux normales cinq où je pouvais bien me débrouiller, a dit Woods du parcours de 1997. Le 17e trou était court, tout comme le 11e trou. C'était la même chose pour le 14e trou que l'on pouvait atteindre avec un bois-3 et un wedge de sable."

Woods souriait en décrivant chaque trou, puis il a éclaté de rire.

Tout a bien changé à Augusta National et il n'y a plus de trou vraiment court. Le parcours a été allongé de plus de 400 verges depuis sa première victoire et on a réduit par le fait même le nombre de joueurs qui peuvent espérer l'emporter.

C'est ce qui explique pourquoi Woods et Phil Mickelson ont remporté le Tournoi des Maîtres cinq fois au cours des six dernières présentations et qu'ils sont encore les grands favoris de la 71e édition qui se met en branle jeudi.

Et c'est peut-être pourquoi certains des moins longs cogneurs se demandent s'ils ne sont là que pour sentir les fleurs.

A tous les ans, on se dit qu'il n'y a en effet que cinq ou six joueurs qui peuvent l'emporter, des gars comme Ernie Els ou Vijay Singh ou Henrik Stenson ou Geoff Oglivy.

"Ca me fâche un peu quand j'entends cela, a dit Fred Funk mercredi. Mais c'est vrai. Quand j'arrive ici, je me dis que j'ai une chance sur un million de gagner. Un gars qui n'est pas un long cogneur doit jouer comme un fou sur les verts pour espérer gagner."

Scott Verplank s'est qualifié pour le tournoi de cette année en terminant parmi les 16 premiers l'an dernier. Il a fait remarquer que Tim Clark avait terminé deuxième en 2006 et que l'année précédente Chris DiMarco avait poussé Woods à la limite.

"Ca peut se faire, a dit Verplank. Mais l'avantage va à ceux qui frappent la balle sur de longues distances et je ne suis pas de ceux-là.

"J'ai joué une ronde d'exercice avec Davis Love. Sur le premier trou, il a claqué la balle à 300 verges. La balle s'est arrêtée en haut de la pente. A mon deuxième coup, je ne pouvais même pas apercevoir le vert."

Steve Stricker était dans la lutte en 2001 quand Woods a remporté sa quatrième victoire majeure de suite. Quand Stricker est revenu cette année, il s'est retrouvé dans un territoire étranger.

"Je n'en revenais pas, dit-il. Dans toutes les allées, je me retrouvais plus loin du vert."

Jim Furyk se souvient du temps où le Tournoi des Maîtres produisait plusieurs styles de vainqueurs; les puissants cogneurs comme Severiano Ballesteros et Fred Couples, mais aussi les joueurs précis comme Nick Faldo et Bernhard Langer ou des joueurs qui sont excellents sur les verts comme Ben Crenshaw et Mark O'Meara.

"On a ajouté des verges au terrain et cela fait que la puissance est favorisée à nouveau, a dit Furyk. Il y a peu de chances qu'un cogneur moyen puisse l'emporter. Il faut que les conditions soient fermes."

Ceux qui se sont pas de longs cogneurs semblent avoir plus de chances de l'emporter à l'Omnium des Etats-Unis, l'Omnium des Etats-Unis et au Championnat de la PGA.

"Je suis plus optimiste au départ des autres tournois, a dit Jeff Sluman, ancien champion de la PGA. Je ne brandis pas le drapeau blanc, mais avec les changements, c'est devenu plus difficile pour un joueur de ma trempe."

Mais tous les joueurs ne sont pas d'accord.

"Plus c'est difficile, plus de gars ont des chances de l'emporter, a dit David Toms. Plus le Tournoi des Maîtres ressemblera à l'Omnium des Etats-Unis, plus de gars pourront se sauver avec le tournoi."

Mais un gars comme Paul Goydos croit qu'il y a plus que la puissance en jeu.

"Si on décidait que la précision des coups de départ devait faire la différence pour établir le rang des joueurs en fin de saison, on retrouverait aux premiers rangs Tiger Woods, Phil Mickelson et Ernie Els, a dit Goydos. Ces gars-là font ce qu'il faut. Vous avez vu l'Omnium britannique l'an dernier ? Tiger n'a pas raté l'allée une seule fois. Ces gars-là sont de longs cogneurs, c'est vrai. Mais ils gagnent parce qu'ils sont des champions. Ils peuvent gagner n'importe où."