On a beau aimer la formule employée par les dirigeants du Royal and Ancient quand ils présentent le trophée au vainqueur de l’Omnium britannique, un fait demeure. Cette année, le « champion golfeur de l’année » risque fort probablement d’être une femme.

Et elle pourrait être consacrée grande championne dans quelques jours sur le prestigieux et légendaire parcours de St. Andrews à l’occasion de l’Omnium britannique féminin.

La Coréenne Inbee Park sera en quête d’une quatrième victoire majeure de suite et est actuellement établie favorite à cinq contre un pour décrocher le titre.

Meilleure joueuse mondiale, elle présente des résultats formidables depuis le début de la saison 2013. Sa moyenne de pointage est de 69,51 pour chacune de ses sorties. Son élan, qui nous fait étrangement penser à celui du vétéran Kenny Perry, lui permet d’obtenir une moyenne de puissance de 248 verges. Elle réussit à atteindre les allées dans une proportion de près de 75%. Elle atteint les verts en coups prescrits avec une moyenne de 72%.

Ces chiffres ne semblent guère expliquer les raisons qui l’ont propulsé à l’avant-scène du golf féminin. Il faut regarder un peu plus loin dans la colonne des chiffres et constater qu’elle domine les données recueillies sur les verts. Meilleure moyenne de roulés sur les verts en coups prescrits et meilleure moyenne de coups roulés par ronde. Voilà qui explique un peu mieux pourquoi elle a remporté les trois premiers tournois majeurs de la saison.

Mais plus important encore, c’est son attitude sur le terrain qui est exceptionnelle. Elle conserve son calme malgré les situations difficiles et lorsqu’elle commet (très rarement il faut en convenir) une erreur, elle en accepte les conséquences et poursuit sa ronde sans pour autant modifier la stratégie établie.

Deux éléments devraient la favoriser cette semaine à St. Andrews. La trajectoire de ses coups de départ est généralement basse, ce qui devrait légèrement l’avantager sur un parcours de type links. Elle devrait ainsi augmenter la moyenne de ses coups de départ ou de ses coups d’approche. Sa touche sur les verts sera aussi un atout très important sur les immenses verts du Old Course. On s’est rendu compte qu’elle a été particulièrement efficace sur les roulés d’approche lors de l’Omnium des États-Unis présenté il y a quelques semaines.

Reste un détail et pas le moindre. Elle a très bien résisté à la pression au Sebonack Golf Club de Long Island pour devenir la première femme depuis une cinquantaine d’années à aligner trois victoires de suite lors de tournois majeurs. Cette fois, elle s’aventure en terrain inconnu puisque personne n’a répété l’exploit unique de Bobby Jones de gagner quatre tournois majeurs d’affilée depuis 1930. Encore faut-il préciser que deux des titres de Jones sont des championnats amateurs. Park vise quant à elle une quatrième victoire majeure de suite chez les professionnels. Du jamais vu.

J’ai l’impression qu’on saura dès la première journée de l’Omnium britannique féminin si cet exploit est à sa portée ou si la victoire pourrait lui échapper. Pour le simple plaisir et pour vivre de beaux moments, j’aimerais bien que le suspense dure jusqu’en fin de ronde dimanche parce qu’effectivement cette année, le golfeur de l’année pourrait très bien être une femme.