Le délicat dossier Augusta et petit propos sur les cadets
Golf lundi, 9 déc. 2002. 16:34 samedi, 14 déc. 2024. 15:37
J'ai longtemps résisté à la tentation d'écrire un commentaire relativement à la situation qui prévaut actuellement au Augusta National. Pour ceux et celles qui n'ont pas eu vent du dossier, et ils devraient être plutôt rares, Martha Burk, responsable du Conseil National américain des Organisations féminines, a demandé au président du parcours où est disputé le Tournoi des Maîtres d'inclure des représentantes au sein d'un bureau de membres uniquement masculin. Il s'agit là de la demande initiale.
Depuis la réponse de Hootie Johnson, président du Augusta National, à l'effet que cela se produira quand il plaira aux membres de son assemblée, rien n'a été épargné, depuis la demande de boycott à Tiger Woods jusqu'aux menaces de manifestations lors du plus prestigieux événement de la saison sur le circuit de la PGA.
Le New York Times s'est intéressé au dossier suggérant au meilleur joueur mondial d'appuyer le mouvement de madame Burk en déclarant forfait en vue de la prochaine présentation du Masters. Plus récemment, deux éditoriaux ont été remis en question relativement à ce sujet, sur lequel d'ailleurs, selon les sondages, nos voisins américains sont divisés. Ce qui, au départ, ressemblait à une bagarre de coqs, est devenu une guerre impliquant toute la basse-cour. Les droits de la personne, les libertés de la presse. Tout y a passé.
Il n'est jamais facile de traiter un tel sujet car, pour le public en général, les écrits sportifs (ou les reportages sportifs) se résument à la description de performances athlétiques et à la retransmission de propos souvent banals d'athlètes à qui l'on demande souvent de ne rien dire.
Pas facile de traiter d'un tel sujet ? Pas du tout. C'est, au contraire, l'un des plus beaux défis de la presse sportive. Enfin, une opportunité de remettre le sport dans une perspective sociale, politique et économique, comme cela devrait être plus souvent le cas.
J'avoue avoir un faible pour les gens qui, comme Martha Burk, utilisent une stratégie particulière pour défendre les intérêts d'une cause. Elle n'a pas emprunté une telle approche à la légère et était pleinement consciente de la portée de son action. La cible principale était de taille et advenant un refus de Hootie Johnson, comme ce fut le cas, ses munitions, dont la demande de boycott du meilleur joueur mondial, lui-même issu d'une minorité, était dans l'ordre des choses. D'une pierre deux coups. Faire plier les autorités et confirmer la venue au front de gros canons de causes similaires à la sienne.
La réponse initiale, et brutale, du président du Augusta National n'a d'aucune façon servi à atténuer le débat. Nous agirons quand il nous plaira. Force est d'admettre que le tact ne fut pas de mise lors de la répartie de Johnson. Et c'est probablement cette attitude arrogante, davantage que la prise de position qui a envenimé la situation. Et la récente démission d'un membre favorisant l'inclusion des femmes en tant que membres n'a pas facilité les choses.
Le but de Martha Buck, de dénoncer l'exclusion de femmes au sein de certaines organisations a été atteint.
Il est vrai que plusieurs administrations de terrains de golf privés réviseront leur position relativement à l'acceptation des femmes en tant que membres. Nous osons espérer qu'elles y joueront un rôle important et que cela contribuera à améliorer la situation à quelque niveau que ce soit.
Une telle situation devrait entraîner un respect accru des femmes qui ont opté pour la pratique du golf. Qu'elles profitent de conditions de jeu identiques à celles des hommes. Qu'elles obtiennent les mêmes privilèges. On ne peut que s'en réjouir.
Je trouve triste cependant qu'une telle campagne ne soit pas reliée à l'amélioration et à la survie, dans une certaine mesure, du circuit de la LPGA.
Le simple fait qu'une femme soit admise en tant que membre au Augusta National ne changera strictement rien à la situation. Elle sera considérée comme un mal nécessaire et n'aura droit de parole que de façon limitée. Cela peut aussi avoir un effet de contrariété. Une fois le geste de bonne grâce posé, les élues devront souffrir de la décision. Il leur faudra du temps, beaucoup de temps, afin d'affirmer leur droit à l'égalité. Il en est toujours ainsi dans le cas des minorités.
Le but de Martha Buck a été atteint. Nous étions conscients de la situation. Elle nous a révélé l'injustice d'une telle situation et nous sommes prêts à l'appuyer dans sa démarche. Avec ou sans Tiger Woods.
Ce qui cependant me dérange dans toute cette affaire, c'est l'objectif du Conseil. L'objectif ultime visant à permettre aux femmes d'accéder aux mêmes statuts que les hommes.
Dans toute la stratégie de madame Burk, je me demande bien où se situe la jeune femme de race noire monoparentale habitant dans la basse ville d'Augusta et dont les enfants sont menacés d'analphabétisme. Ou encore celle de race blanche confrontée aux mêmes problèmes. Qu'une femme profitant d'un statut social et économique privilégié soit admise au sein de la confrérie du Augusta National ne changera rien à la situation dramatique des femmes aux États-Unis, et au Canada. Une heureuse élue ne changera en rien la misère d'une multitude de femmes vivant dans des conditions difficiles.
Je sais bien qu'historiquement, il a fallu qu'une seule femme soit admise au sein d'une organisation afin que cela modifie les choses. Mais cette fois j'ai l'impression que cela sonne faux.
En attaquant un dinosaure, madame Burk nous donne l'impression qu'elle changera le cours de l'histoire. Malgré le fait, tel que je le soulignais au début de ce commentaire, que j'apprécie ce genre de stratégie, j'estime qu'elle a fait fausse route. En recherchant des alliés d'une manière plus délicate (et ils sont nombreux selon les réactions engendrées par cette histoire), elle aurait atteint ses objectifs plus rapidement. Elle compterait aujourd'hui moins d'ennemis.
Et surtout, elle aurait pu atteindre à la fois son but qui est d'inclure une femme (au moins) comme membre du Augusta National et son objectif de permettre aux femmes de jouir de conditions de vie identiques à celles des hommes.
MISE AU POINT SUR LE RÔLE DES CADETS
Il n'y a pas une semaine sans que l'on s'interroge sur les divers aspects du jeu de golf.
Je vous avoue bien honnêtement que le comportement des spectateurs, et surtout les cris entendus autour des tertres de départ et des verts, me dérangent profondément.
Je déteste entendre, à une fraction de seconde près, les cris d'amateurs abrutis par la bière ou sobres, et qui hurlent leur appréciation d'un coup. Je suis d'accord cependant qu'une trop grande restriction n'est guère mieux. On a réglé le problème il y a quelques années au tennis en permettant un mouvement de spectateurs dans les sections plus éloignées des surfaces de jeu. La situation devrait s'appliquer au golf. Qu'un spectateur se déplace derrière le vert alors que le joueur est à plus de 300 verges de l'objectif ne devrait pas le déranger. Il faut établir des limites.
Malgré tout, je le répète, je suis conscient que certains spectateurs exagèrent dans leurs actions. Mais ils ne sont pas les seuls.
Lorsque Tiger fut importuné par un appareil photo lors d'une sortie de fosse de sable au 18e du Skins Game, on en a fait une grosse histoire. Il est vrai que cela nuit à la concentration du joueur. Mais il y a quand même une certaine limite.
Et cette limite s'applique notamment à son cadet Steve Williams, qui à la suite de l'incident, a lancé l'appareil photo du spectateur fautif dans l'étang à proximité du vert.
Il peut arriver occasionnellement que le cadet ait à demander de diminuer le mouvement de foule lors de l'exécution d'un coup. Mais il faut en arriver à une solution équitable.
Lors du Challenge mondial Target, Tiger Woods s'est retiré d'un tertre de départ parce qu'un enfant pleurait à proximité. À ce que l'on sache, son cadet n'a pas pris de mesures.
Le spectacle des cadets demandant le silence est devenu monnaie courante à tous les événements de la PGA. Je le répète, les joueurs doivent obtenir les meilleures conditions de jeu afin d'obtenir de bons résultats. Mais je crois qu'il n'appartient pas aux cadets de se transformer en agents de sécurité. Les membres des comités d'organisation devraient s'occuper de cette tâche. À eux d'être sévères. Beaucoup plus sévères.
Cadets, oui, avec ce que cela implique comme intimité auprès des joueurs concernés. Normal qu'ils veillent aux intérêts de leur partenaire. Qu'ils agissent à l'occasion en tant que garde du corps, passe à la limite. Mais, de grâce, qu'ils oublient le rôle d'agents de sécurité.
Le geste de Steve Williams plutôt que de calmer l'ardeur de certains spectateurs, engendrera au contraire une réaction néfaste chez plusieurs personnes qui, en plus de crier des imbécillités, poseront des gestes infiniment plus regrettables.
Depuis la réponse de Hootie Johnson, président du Augusta National, à l'effet que cela se produira quand il plaira aux membres de son assemblée, rien n'a été épargné, depuis la demande de boycott à Tiger Woods jusqu'aux menaces de manifestations lors du plus prestigieux événement de la saison sur le circuit de la PGA.
Le New York Times s'est intéressé au dossier suggérant au meilleur joueur mondial d'appuyer le mouvement de madame Burk en déclarant forfait en vue de la prochaine présentation du Masters. Plus récemment, deux éditoriaux ont été remis en question relativement à ce sujet, sur lequel d'ailleurs, selon les sondages, nos voisins américains sont divisés. Ce qui, au départ, ressemblait à une bagarre de coqs, est devenu une guerre impliquant toute la basse-cour. Les droits de la personne, les libertés de la presse. Tout y a passé.
Il n'est jamais facile de traiter un tel sujet car, pour le public en général, les écrits sportifs (ou les reportages sportifs) se résument à la description de performances athlétiques et à la retransmission de propos souvent banals d'athlètes à qui l'on demande souvent de ne rien dire.
Pas facile de traiter d'un tel sujet ? Pas du tout. C'est, au contraire, l'un des plus beaux défis de la presse sportive. Enfin, une opportunité de remettre le sport dans une perspective sociale, politique et économique, comme cela devrait être plus souvent le cas.
J'avoue avoir un faible pour les gens qui, comme Martha Burk, utilisent une stratégie particulière pour défendre les intérêts d'une cause. Elle n'a pas emprunté une telle approche à la légère et était pleinement consciente de la portée de son action. La cible principale était de taille et advenant un refus de Hootie Johnson, comme ce fut le cas, ses munitions, dont la demande de boycott du meilleur joueur mondial, lui-même issu d'une minorité, était dans l'ordre des choses. D'une pierre deux coups. Faire plier les autorités et confirmer la venue au front de gros canons de causes similaires à la sienne.
La réponse initiale, et brutale, du président du Augusta National n'a d'aucune façon servi à atténuer le débat. Nous agirons quand il nous plaira. Force est d'admettre que le tact ne fut pas de mise lors de la répartie de Johnson. Et c'est probablement cette attitude arrogante, davantage que la prise de position qui a envenimé la situation. Et la récente démission d'un membre favorisant l'inclusion des femmes en tant que membres n'a pas facilité les choses.
Le but de Martha Buck, de dénoncer l'exclusion de femmes au sein de certaines organisations a été atteint.
Il est vrai que plusieurs administrations de terrains de golf privés réviseront leur position relativement à l'acceptation des femmes en tant que membres. Nous osons espérer qu'elles y joueront un rôle important et que cela contribuera à améliorer la situation à quelque niveau que ce soit.
Une telle situation devrait entraîner un respect accru des femmes qui ont opté pour la pratique du golf. Qu'elles profitent de conditions de jeu identiques à celles des hommes. Qu'elles obtiennent les mêmes privilèges. On ne peut que s'en réjouir.
Je trouve triste cependant qu'une telle campagne ne soit pas reliée à l'amélioration et à la survie, dans une certaine mesure, du circuit de la LPGA.
Le simple fait qu'une femme soit admise en tant que membre au Augusta National ne changera strictement rien à la situation. Elle sera considérée comme un mal nécessaire et n'aura droit de parole que de façon limitée. Cela peut aussi avoir un effet de contrariété. Une fois le geste de bonne grâce posé, les élues devront souffrir de la décision. Il leur faudra du temps, beaucoup de temps, afin d'affirmer leur droit à l'égalité. Il en est toujours ainsi dans le cas des minorités.
Le but de Martha Buck a été atteint. Nous étions conscients de la situation. Elle nous a révélé l'injustice d'une telle situation et nous sommes prêts à l'appuyer dans sa démarche. Avec ou sans Tiger Woods.
Ce qui cependant me dérange dans toute cette affaire, c'est l'objectif du Conseil. L'objectif ultime visant à permettre aux femmes d'accéder aux mêmes statuts que les hommes.
Dans toute la stratégie de madame Burk, je me demande bien où se situe la jeune femme de race noire monoparentale habitant dans la basse ville d'Augusta et dont les enfants sont menacés d'analphabétisme. Ou encore celle de race blanche confrontée aux mêmes problèmes. Qu'une femme profitant d'un statut social et économique privilégié soit admise au sein de la confrérie du Augusta National ne changera rien à la situation dramatique des femmes aux États-Unis, et au Canada. Une heureuse élue ne changera en rien la misère d'une multitude de femmes vivant dans des conditions difficiles.
Je sais bien qu'historiquement, il a fallu qu'une seule femme soit admise au sein d'une organisation afin que cela modifie les choses. Mais cette fois j'ai l'impression que cela sonne faux.
En attaquant un dinosaure, madame Burk nous donne l'impression qu'elle changera le cours de l'histoire. Malgré le fait, tel que je le soulignais au début de ce commentaire, que j'apprécie ce genre de stratégie, j'estime qu'elle a fait fausse route. En recherchant des alliés d'une manière plus délicate (et ils sont nombreux selon les réactions engendrées par cette histoire), elle aurait atteint ses objectifs plus rapidement. Elle compterait aujourd'hui moins d'ennemis.
Et surtout, elle aurait pu atteindre à la fois son but qui est d'inclure une femme (au moins) comme membre du Augusta National et son objectif de permettre aux femmes de jouir de conditions de vie identiques à celles des hommes.
MISE AU POINT SUR LE RÔLE DES CADETS
Il n'y a pas une semaine sans que l'on s'interroge sur les divers aspects du jeu de golf.
Je vous avoue bien honnêtement que le comportement des spectateurs, et surtout les cris entendus autour des tertres de départ et des verts, me dérangent profondément.
Je déteste entendre, à une fraction de seconde près, les cris d'amateurs abrutis par la bière ou sobres, et qui hurlent leur appréciation d'un coup. Je suis d'accord cependant qu'une trop grande restriction n'est guère mieux. On a réglé le problème il y a quelques années au tennis en permettant un mouvement de spectateurs dans les sections plus éloignées des surfaces de jeu. La situation devrait s'appliquer au golf. Qu'un spectateur se déplace derrière le vert alors que le joueur est à plus de 300 verges de l'objectif ne devrait pas le déranger. Il faut établir des limites.
Malgré tout, je le répète, je suis conscient que certains spectateurs exagèrent dans leurs actions. Mais ils ne sont pas les seuls.
Lorsque Tiger fut importuné par un appareil photo lors d'une sortie de fosse de sable au 18e du Skins Game, on en a fait une grosse histoire. Il est vrai que cela nuit à la concentration du joueur. Mais il y a quand même une certaine limite.
Et cette limite s'applique notamment à son cadet Steve Williams, qui à la suite de l'incident, a lancé l'appareil photo du spectateur fautif dans l'étang à proximité du vert.
Il peut arriver occasionnellement que le cadet ait à demander de diminuer le mouvement de foule lors de l'exécution d'un coup. Mais il faut en arriver à une solution équitable.
Lors du Challenge mondial Target, Tiger Woods s'est retiré d'un tertre de départ parce qu'un enfant pleurait à proximité. À ce que l'on sache, son cadet n'a pas pris de mesures.
Le spectacle des cadets demandant le silence est devenu monnaie courante à tous les événements de la PGA. Je le répète, les joueurs doivent obtenir les meilleures conditions de jeu afin d'obtenir de bons résultats. Mais je crois qu'il n'appartient pas aux cadets de se transformer en agents de sécurité. Les membres des comités d'organisation devraient s'occuper de cette tâche. À eux d'être sévères. Beaucoup plus sévères.
Cadets, oui, avec ce que cela implique comme intimité auprès des joueurs concernés. Normal qu'ils veillent aux intérêts de leur partenaire. Qu'ils agissent à l'occasion en tant que garde du corps, passe à la limite. Mais, de grâce, qu'ils oublient le rôle d'agents de sécurité.
Le geste de Steve Williams plutôt que de calmer l'ardeur de certains spectateurs, engendrera au contraire une réaction néfaste chez plusieurs personnes qui, en plus de crier des imbécillités, poseront des gestes infiniment plus regrettables.