Au lendemain de l'une des plus excitantes finales du prestigieux Tournoi des Maîtres, on réalise que nous avons été témoins de la parfaite démonstration de la nouvelle réalité du golf professionnel.

Jadis un terrain de chasse réservé aux golfeurs américains, ce sport a connu depuis les dix dernières années un essor phénoménal sur la scène internationale. Et c'est le résultat de la multiplication de la pratique du golf sur tous les continents qu'on a confirmé hier au magnifique Augusta National.

Le nouveau champion est originaire de l'Afrique du Sud. Les deux finalistes sont australiens. Parmi les 14 premiers joueurs au classement, on note la présence de quatre Américains, mais aussi de trois Australiens, de trois Anglais, d'un Argentin, d'un Coréen et d'un Italien. Et c'est un jeune Nord-Irlandais qui a brillamment dominé les trois premières journées de la compétition. Et le meilleur joueur amateur fut le champion amateur asiatique invité pour la première fois à ce tournoi.

Il y a 25 ans, on comptait 13 joueurs internationaux sur les 88 golfeurs inscrits au Tournoi des Maîtres. Au cours de la dernière semaine, 55 des 99 joueurs étaient n'étaient pas Américains.

Les temps ont vraiment changé. En date d'aujourd'hui, tous les champions en titre des quatre tournois majeurs sont des joueurs internationaux. Schwartzel porte le veston vert; Graeme McDowell de l'Irlande du Nord a gagné l'Omnium des USA à Pebble Beach; le Sud-Africain Louis Oosthuizen est le dernier vainqueur de l'Omnium britannique et l'Allemand Martin Kaymer a remporté le Championnat de la PGA.

Et si on pousse plus loin l'analyse, Tim Clark de l'Afrique du Sud défendra son titre lors du Championnat des Joueurs que l'on considère comme le cinquième majeur au calendrier. Et n'oublions pas que ce sont les Européens qui ont gagné la Coupe Ryder. Ne manquerait plus qu'une victoire de l'équipe internationale lors de la prochaine édition de la Coupe des Présidents.

Il faut réaliser que c'est la première fois depuis 1994 qu'il n'y a pas un seul golfeur américain chez les vainqueurs de tournois majeurs. Et la deuxième fois seulement depuis la création du Tournoi des Maîtres en 1934.

Il ne fait aucun doute que les responsables du circuit PGA Tour et de la United States Golf Association se pencheront là-dessus au cours des prochains mois. Il leur faudra trouver des solutions rapidement au moment où les commandites deviennent un peu plus difficiles à trouver.

Cela dit, outre la qualité encore une fois exceptionnelle du terrain du Augusta National, on a aussi retenu la façon dont les responsables ont préparé le parcours. Divers scénarios étaient bien sûr envisagés en fonction des différentes conditions météorologiques, mais il reste que l'on a su parfaitement adapter le terrain afin de présenter un spectacle de très grande qualité.

Les joueurs ont été en mesure d'exprimer leur talent sans que ne soit diminué le degré de difficulté de ce remarquable tracé. Le Tournoi des Maîtres s'est encore une fois avéré l'un des événements dont on retiendra le dénouement quand viendra le temps de souligner les grands exploits sportifs de l'année.

On repensera au calme tranquille du nouveau champion et à la formidable lutte que se sont livrée près d'une dizaine de joueurs pendant l'un des plus beaux dimanches de 2011. On se souviendra aussi d'un jeune homme de 21 ans qui malgré un score horrible lors de la finale a su se comporter dignement en tentant d'expliquer ce qu'il retiendra de cette triste aventure. On retiendra aussi que l'ex-numéro un mondial a totalement manqué de classe en entrevue à la fin de sa ronde finale préférant faire savoir à tous avec dédain qu'il avait faim plutôt que de remercier sincèrement les amateurs qui ont encore cru en lui. Certaines choses changent. D'autres pas vraiment.