La 76e édition du Tournoi des Maîtres fait maintenant partie de l'histoire et Bubba Watson verra son nom y être associé à tout jamais.

Le grand gaucher de 33 ans, au style particulier, nous en a mis plein la vue lors de ronde finale et mérite amplement cette victoire.

L'ascension de Bubba Watson vers les plus hauts sommets s'est faite lentement mais sûrement. Il a d'abord fait ses classes au circuit Nationwide de 2003 à 2005 avant de graduer au circuit PGA Tour en 2006. Il a accumulé des gains de 1 million de dollars dès son année recrue puis a continué de progresser au cours des trois années suivantes avant de savourer sa première victoire lors de la saison 2010 (Championnat Travelers), saison durant laquelle il a amassé des gains de plus de 3.2 millions de dollars et a terminé 22e au classement final.

Dès lors, les experts ont commencé à l'épier davantage, car Bubba possède un style et une façon de jouer au golf qui ne laissent personne indifférent. Il est l'un des rares joueurs à utiliser des trajectoires de balle avec des courbes parfois très prononcées pour atteindre l'objectif. Son coup victorieux au 2e trou de prolongation a dû bifurquer d'environ 40 verges de gauche à droite avant d'atterrir à moins de 20 pieds de l'objectif. Je ne connais pas beaucoup de joueurs qui auraient pu réussir une telle trajectoire, d'autant plus que le titre était à l'enjeu. Son élan n'est comparable à nul autre, il a de la puissance à revendre et ne veut rien savoir de la technique. Watson est un naturel et n'a jamais suivi de cours. Il n'est pas question de s'embarrasser d'un entraîneur. Bien au contraire, il les fuit comme la peste.

Sa vision du golf lui a d'ailleurs attiré quelques critiques de certains entraîneurs, particulièrement de Sean Foley (coach attitré de Tiger Woods) lorsqu'il y est allé d'une déclaration fracassante concernant les difficultés de Tiger sur le parcours. Watson a tout simplement déclaré que Tiger devrait oublier la technique et se concentrer davantage à jouer au golf de façon naturelle comme il le faisait si bien à ses belles années. Foley n'a pas apprécié et a déclaré à son tour que Watson n'a pas à dicter une ligne de conduite à un joueur qui possède 69 victoires de plus que lui… et vlan, dans les dents!

Tous ceux qui connaissent Bubba savent très bien qu'il n'y a aucune malice chez cette personne, bien au contraire. Watson est un être sensible (on a pu s'en rendre compte lors de sa victoire d'hier) et jamais il n'a voulu blesser Tiger d'une quelconque manière. Il souhaitait tout simplement que Woods revienne en force pour le bien-être du golf en général.

Bubba Watson verra son statut de joueur vedette être amplifié de façon considérable au cours des prochains mois. Gagner un tournoi d'une telle envergure vous propulse dans un monde nouveau et Watson va bientôt découvrir à quel point il devient difficile de bien gérer son temps en pareille situation. D'un autre côté, il va aussi découvrir tous les avantages sociaux et monétaires qui s'y rattachent et Dieu sait qu'ils sont nombreux!

Cette victoire majeure n'a rien de bien surprenant lorsque l'on regarde les statistiques qu'il présente. Rappelons d'abord qu'il a remporté deux victoires en 2011, amassant au passage des gains de 3.4 millions de dollars. Cette année, en huit tournois, il n'a jamais raté les rondes finales et a terminé parmi les dix premiers à quatre reprises. Il a joué du golf solide en mars en terminant 2e au Championnat Cadillac à Miami et a pris le 4e rang lors de l'Invitation Arnold Palmer à Orlando il y a deux semaines. Il occupe maintenant le premier rang des boursiers (3.1 millions) et a grimpé au 2e échelon du classement de la coupe FedEx.

Watson possède la meilleure moyenne de coups de départ (313 verges) et atteint les verts en coups prescrits 73.71 % du temps. Seul Lee Westwood le devance à ce chapitre. Sa victoire à Augusta lui permet également d'accéder au 4e rang du classement mondial. Il faut vraiment que son jeu soit exceptionnel pour démontrer de telles statistiques, car Bubba occupe la 160e position en ce qui concerne les coups roulés. Bien que cette facette du jeu demeure son talon d'Achille, il démontre tout de même assez de cran pour coiffer tout le monde au fil d'arrivée d'un tournoi majeur… faut le faire!

Et ça continue du côté de Hilton Head

L'Américain Brandt Snedeker tentera de conserver son titre lors de la Classique RBC Heritage qui se met en branle dès jeudi sur le magnifique parcours Harbor Town, situé à Hilton Head en Caroline du Sud.

Il avait battu Luke Donald de justesse l'an passé, empêchant ainsi ce dernier de s'emparer du titre de joueur numéro un au monde. Cette fois-ci, l'anglais occupe le poste tant convoité et sera parmi les favoris pour l'emporter, même si sa performance à Augusta en a déçu plus d'un. Le parcours Harbor Town n'est pas tellement long, mais demande une précision extrême sur les coups de départ. Il s'agit en fait d'un vieux parcours traditionnel, passablement étroit, qui vous force souvent à modifier votre trajectoire de balle pour tenter d'atteindre le vert. Il faut vraiment être créatif et posséder plusieurs cordes à son arc pour espérer dominer ce parcours. Donald devra se méfier de Padraig Harrington et de Henryk Stenson, qui ont tous deux connu une bonne semaine de travail à Augusta.

Le vétéran Ernie Els, absent bien malgré lui la semaine dernière, devrait lui aussi connaître un bon tournoi, car il a présenté du jeu très solide lors de ses dernières sorties. De plus, on le sent affamé de victoire. J'aime aussi les chances de Bill Haas, de Jim Furyk et du jeune Rickie Fowler, toujours à la recherche d'une première victoire sur le circuit PGA Tour.

P.S. Michel Lacroix et moi serons bien heureux de vous retrouver sur les ondes de RDS samedi et dimanche… c'est un rendez-vous!