Les meilleures golfeuses de la planète ne déposent pas souvent leur sac à Montréal, mais cet arrêt à l'Omnium canadien 2011 a permis de découvrir quelques associations fructueuses et inusitées comme celle de la Sud-Coréenne Hee Kyung Seo avec le cadet canadien Kurtis Kowaluk.

Après avoir connu beaucoup de succès au plan professionnel en Corée (au sein de la KLPGA), Seo a fait le saut en Amérique du Nord où elle a disputé sa première année sur le circuit de la LPGA. Sans tarder, l'athlète de 25 ans s'est hissée au 14e rang des boursières et elle apprivoise cet univers avec un partenaire canadien.

Confortable dans sa nouvelle réalité, Seo n'a pas perdu de temps à s'illustrer en terminant au deuxième rang en prolongation à l'Omnium des États-Unis ce qui était son troisième tournoi majeur en carrière et son 10e événement de la saison.

« Ça va très bien, j'obtiens de bons résultats, se réjouit Seo qui s'exprime dans un anglais impressionnant. J'ai manqué les rondes finales à deux reprises en 13 tournois. Je sens que ça progresse vraiment. Je prends aussi de la confiance en mon jeu et je m'amuse. »

En Corée du Sud, Seo a remporté 12 tournois et sa réputation n'est plus à faire pour celle qui est surnommée la « mannequin des allées » (Supermodel of the fairways). Inspirée par ce succès dans son pays natal, Seo a un seul mot en tête quand on la questionne sur ses objectifs.

« J'espère que je pourrai obtenir une victoire! Gagner demeure la chose la plus importante », exprime celle qui a été évincée des rondes finales à Mirabel après des rondes de 73 et 72 et qui est classée 25e au monde.

Afin d'y arriver, elle découvre les terrains de la LPGA en compagnie de Kowaluk, un ancien golfeur ayant évolué au niveau amateur et qui a appris ce métier sur le circuit Nationwide et la PGA depuis 2005.

« D'aucune façon je ne prendrais du mérite pour son succès cette année, précise Kowaluk avec l'humilité typique des cadets. Elle travaille fort et ses parents la supportent beaucoup. De plus, elle aime pratiquer et comme caddie, c'est quelque chose que tu veux. Elle a une bonne attitude et une bonne éthique de travail. »

Seo ne trouve pas qu'il est trop exigeant et elle se fait plaisir de souligner le travail de son partenaire de jeu.

« Il n'est pas trop dur, je le vois comme une bonne personne attentionnée », qualifie-t-elle.

« Il m'aide dans plusieurs choses comme lorsque j'éprouve des ennuis avec mes coups ou mes coups roulés. Il travaille aussi sur l'aspect mental avec moi en me gardant éveillée, sans oublier qu'il joue aussi un rôle très important comme ami. »

À 31 ans, Kowaluk diffère des cadets au caractère très sérieux. Tout en demeurant très attentionné dans son rôle, il aborde ses longues journées avec humour et il essaie de s'amuser sur le terrain.

« Je travaillais surtout pour des amis sur la PGA et en Nationwide donc j'ai dû faire une transition vers la LPGA. Quand tu es caddie pour des amis, tu travailles, mais l'ambiance est différente et ils ne sont sûrement pas aussi sévères envers toi. C'est une dynamique différente », avoue Kowaluk.

Ce changement implique aussi de travailler avec une femme au lieu d'un homme. Est-ce plus facile ou plus difficile?

« Je trouve qu'il y a des avantages aux deux. J'apprécie beaucoup travailler sur la LPGA. En fait, le plus important c'est de s'adapter à la personnalité de ta joueuse. Tu ne peux pas avoir une seule approche de travail en tant que caddie, tu dois te mouler à ton partenaire », ajoute-t-il.

Le métier particulier de cadet

Seo et Kowaluk ont amorcé leur partenariat grâce au gérant de la golfeuse qui a organisé le tout.

Depuis ce temps, le duo sud-coréen/canadien parcourt la planète en quête des meilleurs résultats et leur itinéraire a de quoi faire plusieurs envieux.

« Au cours des prochains mois, on ira en Arkansas, en Alabama, en Floride, en Chine, en Corée, à Taïwan, au Japon, au Mexique… sans oublier nos voyages en Europe », relate l'Ontarien qui prolonge souvent ses séjours pour profiter de ces destinations.

Pour le moment, les nombreux déplacements ne minent pas du tout son moral, au contraire.

« Faire un vol de 14 heures pour se rendre en Asie, ce n'est jamais amusant, mais tu peux t'occuper en lisant, en regardant des films ou en étudiant. Personnellement, j'essaie d'apprendre quelques mots en Coréen pour être un peu plus intelligent quand j'arrive là-bas… », précise-t-il avec le sourire.

S'il tente de se familiariser avec le Coréen, Kowaluk a la chance d'évoluer avec une golfeuse asiatique qui se débrouille bien en Anglais.

« Elle dira que ce n'est pas vrai, mais son Anglais est très bon car elle peut très bien communiquer avec moi », souligne-t-il en riant.

De l'extérieur, le travail d'un cadet peut sembler abstrait, mais chose certaine, les tâches sont diverses.

« Dans le fond, je réponds à toutes les questions par rapport aux terrains de golf. Je dois aussi récolter ces informations durant les rondes de pratique et en marchant de mon propre chef sur le parcours. Je donne aussi un coup de main à l'entraînement », détaille celui qui avait obtenu une bourse à l'Université Wyoming en golf.

« Dans le fond, tu fais tout ce que tu peux pour l'aider à être à son meilleur c'est pourquoi être positif et avoir une bonne énergie s'avère une grande partie de mon travail. »

Tout ce travail de la première année sur la LPGA devrait rapporter des dividendes très intéressants en 2012.

« L'an prochain, elle aura une meilleure connaissance des terrains et elle connaîtra ses endroits préférés même si elle a déjà beaucoup d'expérience », prétend l'ancien cadet de David Hearn sur la série Nationwide et Jim Ruthledge sur la PGA.

La plupart des golfeuses et golfeurs professionnels rêvaient de cette carrière depuis leur enfance, mais ce n'est pas la même réalité pour les cadets.

« Je n'avais pas vraiment pensé d'effectuer ce boulot. J'ai été caddie pour un ami d'un ami lors d'un tournoi professionnel et c'était une chose amusante à faire pendant que j'étais à l'université. Je ne pensais pas vraiment que ça tournerait comme ainsi sauf que j'adore le golf et les voyages », fait remarquer Kowaluk.

Une confrérie fort agréable

Dans le cadre de l'Omnium canadien, les cadets peuvent se détendre et s'amuser dans un endroit réservé à eux, qui est surnommé Caddyshack, où l'ambiance paraît très amusante.

« Il existe une bonne camaraderie et il y a des cadets de tous les âges, de 25 ans à plus de 50 ans, on forme vraiment un bon groupe! »

Plusieurs de ces amants du golf optent pour en faire une carrière.

« De mon côté, je ne sais pas encore et je vis le moment présent. J'apprécie ce que je vis et je n'échangerais pas ce métier pour rien au monde», insiste-t-il.

Ce sentiment est encore plus présent quand il partage des moments inoubliables avec sa talentueuse joueuse comme à l'Omnium des Etats-Unis.

« Elle a fait une remontée de la 25e ou 30e place après deux rondes pour terminer au deuxième rang. Elle était impressionnante à regarder en frappant des coups exceptionnels. Je ne lui dis pas tout le temps quoi faire, elle sait se débrouiller et elle est en contrôle de son jeu. C'était vraiment une semaine magique », se remémore le cadet très cordial.