Alors que l'on est encore à célébrer l'excellence du spectacle présenté lors de la ronde finale du Championnat Ford disputé la semaine dernière à Miami avec Tiger Woods et Phil Mickelson comme principaux acteurs, plusieurs grands responsables de circuits sportifs professionnels tentent désespérément de trouver une solution valable pour améliorer la qualité de leur produit. Et curieusement, les dirigeants du PGA Tour sont aux premières loges.

Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que la ronde finale de la Classique Honda, disputée cette semaine, ne peut rivaliser avec le tournoi précédent quant au tableau des joueurs vedettes. Peu probable également que le dénouement soit semblable avec des joueurs pourtant talentueux mais beaucoup moins populaires dans l'esprit du public. Comme quoi, ce n'est pas fête chaque semaine sur le PGA Tour.

Vous me direz, mais pourtant il y avait bien Vijay Singh et David Toms et Jim Furyk et plusieurs autres bons, voire très bons, joueurs. C'est vrai, mais pour plusieurs téléspectateurs et amateurs, ce n'est déjà plus suffisant. Le spectacle ne sera de qualité qu'à la condition unique que tous les meilleurs participants soient réunis. Et encore, il sera impératif que chaque coup de ces joueurs soit d'une très grande précision et d'une puissance incomparable. Devant tant de talent, on a la fausse impression que ce sport est devenu trop facile et que le défi n'est plus de taille.

Les dirigeants du golf, tant au niveau professionnel qu'amateur, devront procéder rapidement à des changements majeurs afin de protéger l'intégrité de leur sport, sinon ce sera la fin à plus ou moins longue échéance. Le golf est le premier sport à avoir possédé son code de pratique; (J. Le Floch'moan, La genèse des sports, et P.C. McIntosh, Sports in society) et le second à avoir été organisé dans le cadre d'un club (Le Royal and Ancient en 1754. Le premier club sportif fut le Jockey Club, sports hippiques, en 1750). Ce ne seront donc pas les premières modifications apportées à la pratique du sport afin d'en assurer une saine évolution.

Tout ça pour vous dire que les changements technologiques (balles, tiges, têtes de bâtons, qualité des parcours) et la profonde modification apportée à la pratique sportive professionnelle ont radicalement transformé l'image du golf. On peut, dans une certaine mesure, prétendre que cela s'applique à tous les sports dits modernes.

Croyez-vous que la pratique du hockey n'a pas évolué au cours des 50, même des 20 dernières années ? Et que dire du baseball ou du basket ? Pensez-vous réellement que James Naismith imaginait en 1891 qu'un jour son sport serait pratiqué par Michael Jordan ou Shaq ? Aurait-il installé les paniers plus hauts et agrandi la surface de jeu ? A-t-on songé qu'un jour à Wimbledon on utiliserait des raquettes en composite et qui permettraient aux joueurs d'effectuer des services à plus de 200 kilomètres à l'heure ? Les qualités athlétiques des participants ont été multipliées par de meilleures méthodes d'entraînement, des régimes de vie transformés et l'on peut aussi souligner que l'appât du gain n'est pas non plus étranger à ce renouveau des participants.

Il n'y a pas de solution miracle. Il est impératif de tenter de trouver des solutions. Pour le golf, on parle de plus en plus de balles à trajectoire limitée et plus sensibles aux effets des bâtons. Cela aurait notamment pour résultat de punir davantage les mauvais coups; et d'obliger les joueurs à compter sur un éventail de coups plus variés. On a déjà amoindri les effets dits de « trampoline » sur les faces de bâtons. Quand cela était possible, on a rallongé les parcours. Il faudra aussi réduire les allées et imaginer de nouveaux obstacles dans les zones cibles afin d'obliger les joueurs à améliorer leur exécution et modifier leur stratégie. Reste aussi à savoir ce que l'on imposera aux professionnels et aux amateurs. Le fossé entre ces deux groupes n'a plus aucune commune mesure. Bref, encore énormément de travail à faire.

Après les sports traditionnels et modernes, nous voici rendus aux sports « nouveaux ». Le golf pourrait encore une fois tracer les grandes lignes d'un code visant à définir cette fois les paramètres du « sport nouveau ». À croire que les jeux ont évolué plus rapidement que les hommes.