On a frôlé la catastrophe hier lors de la présentation de l’Omnium des États-Unis à Oakmont. Les dirigeants de l’United States Golf Association ont imposé une pénalité à l’éventuel vainqueur Dustin Johnson pour une action commise au cinquième trou, même si l’officiel qui accompagnait le duo avait signifié qu’il n’y avait pas d’infraction.

Sans revenir sur toute la chronologie des événements qui ont mené à cette décision, il est inadmissible qu’on ait attendu la conclusion de la ronde pour imposer la pénalité d’un coup qui aurait pu avoir d’énormes répercussions sur l’issue du championnat. Je vous ferai grâce de tous les scénarios possibles qu’on a pu imaginer.

Imaginez si on se décidait à imposer une pénalité à un joueur en fin de troisième période lors du septième match pour l’obtention de la Coupe Stanley pour une faute qui est matière à interprétation et qui serait survenue en première période?

Imaginez une finale de Wimbledon et un score de première manche avec un astérisque pour indiquer qu’on reverra la valeur d’une balle de service après la conclusion du match?

Si on veut véritablement appliquer toutes les règles et le faire afin de respecter la pratique du sport pour que chaque joueur profite des mêmes conditions, il aurait notamment fallu que tout joueur prenant plus de temps alloué pour effectuer son coup soit pénalisé ou averti à chaque occasion. Ce ne fut pas le cas une seule fois pendant tout le championnat. Ce n’est qu’un des exemples que l’on peut citer.

Les règles qui régissent les sports sont généralement des lois de bon sens ou de sens pratique. Il faut croire que ce ne sont pas là des qualités essentielles pour mener une association nationale de sport lors d’un des moments les plus importants de la saison. On aurait pu tout aussi bien parler de leur manque aux règles quand on a rapidement renvoyé les joueurs sur le parcours en première ronde après une interruption à cause du mauvais temps sans leur permettre de profiter d’une séance d’échauffement en sachant qu’on les envoyait sur l’un des parcours réputés parmi les plus difficiles au monde. Il fallait sauver le spectacle.

Or, hier, on a littéralement détruit le spectacle par une série de décisions douteuses. Joueurs, analystes et commentateurs de même que les amateurs ont condamné le manque de jugement des responsables du comité des règles. Si on avait à décerner un coup de pénalité, il fallait agir promptement dès l’offense, sinon oublier l’incident.

La même situation a très bien pu se produire des dizaines de fois pendant le tournoi sans qu’on ait une caméra ultra sophistiquée braquée sur une balle qui a bougé d’un millimètre en changeant d’alvéole.

Pour un organisme qui se vante de voir à l’avancement et au développement du golf, qui veut en protéger l’intégrité, l’USGA a péché hier en se prétendant plus importante que le sport qu’elle estime défendre.

Il faudrait plutôt voir à ce que les règles suivent la courbe évolutive de la technologie qui permet à de plus en plus de joueurs d’améliorer leurs résultats. Si bien sûr le but de l’organisme et de ses décideurs est de voir à l’épanouissement du golf.

Hier cette minable décision était davantage le miroir de quelques individus qui se croient les protecteurs d’un trésor qu’ils ne tiennent absolument pas à partager. Ils ont volé le spectacle et à ce que je sache, ce n’est pas tout à fait le but de l’exercice. Ce sont les joueurs que l’on veut voir s’exprimer afin que le meilleur gagne. C’est la conclusion à laquelle on a eu droit malgré tout, fort heureusement.