On se doutait bien qu'il y avait quelque chose qui clochait. Sans être médecin ou spécialiste des blessures sportives, j'avais mentionné lors de nos reportages qu'il était curieux de voir Tiger grimacer de douleur en excusant cette situation par une arthroscopie subie le 15 avril dernier.

Il me semblait peu probable que le meilleur golfeur au monde, entouré d'une équipe de spécialistes, n'ait pas récupéré de cette opération en deux mois alors que des joueurs de hockey opérés de la même façon reviennent au jeu au bout d'une quinzaine de jours.

J'avais aussi précisé que l'on nous cachait la vraie nature de cette blessure. Maintenant on sait véritablement ce qui s'est passé. Cela ne fait que renforcer l'admiration que l'on peut avoir pour cet athlète exceptionnel. Par contre cela fait aussi craindre le pire.

Il est évident que le golf professionnel sera affecté par la disparition de Tiger au cours des prochains mois. On aura beau vouloir minimiser l'impact du congé forcé de Tiger, il est clair que les responsables du PGA Tour et les organisateurs de tournois devront se réajuster et rapidement. Cela survient au moment où plusieurs des entreprises déjà engagées pour quelques années remettent en question leur implication dans le domaine des commandites. Cela survient aussi au moment où la grande Dame du golf féminin, Annika Sorenstam, annonce qu'elle mettra un terme à sa carrière à la fin de la présente saison.

Si la relève chez les filles semble assurée grâce à la présence de Lorena Ochoa, Paula Creamer, Morgan Pressel et autres très talentueuses joueuses, la situation semble un peu plus confuse chez les hommes.

J'y ai d'ailleurs fait référence à la suite de l'Omnium américain. Où étaient donc les gros canons lors de ce dernier tournoi majeur ?

On reconnaît certes le talent de plusieurs joueurs évoluant sur le circuit PGA Tour, mais qu'en est-il de la régularité et de la recherche constante de l'excellence ?

Il faut qu'à chacune de ses sorties Phil Mickelson soit aussi dominant que Tiger Woods. La même situation s'applique à Adam Scott, Ernie Els et toutes les autres têtes de série. En six tournois en 2008, Tiger en a gagné quatre, il a fini en 2e position au Tournoi des Maîtres et 5e lors du Championnat Accenture par trou. En comparaison, Mickelson, 2e joueur mondial, a participé à 14 tournois. Il a savouré la victoire à deux occasions et s'est avoué vaincu en prolongation lors du tournoi FBR. Pour le reste, exception faite d'une 5e position au Masters, on repassera.

J'ai fait référence aux résultats de Mickelson, mais j'aurais tout aussi bien dresser le même constat en m'attardant aux statistiques de Scott, de Garcia, de Ogilvy, de Els ou des autres joueurs du top 10 mondial.

Autant Tiger Woods depuis ses débuts chez les professionnels a obligé les autres golfeurs professionnels à hausser leur standard d'excellence d'un cran, autant il a, dans une certaine mesure, diminué leur appétit de victoires. Plusieurs des joueurs ont très maladroitement indiqué qu'ils voulaient se mettre à la poursuite de Woods. Il y a plusieurs façons de le dire mais il n'y a qu'une seule façon de le faire.

Les prochains mois vont permettre à tous ces joueurs d'occuper l'avant-scène. J'espère qu'il y en aura au moins une demi-douzaine qui profiteront de l'occasion. Non pas pour remplacer Tiger Woods mais pour prendre la place qui leur revient. Les vacances sont terminées. Celui qui a servi de locomotive à ce sport depuis plus de 10 ans maintenant sera absent pour plusieurs mois. Il faut absolument qu'il y ait quelqu'un qui prenne la relève. On va bien voir si on a affaire à de grands parleurs ou à de petits faiseurs.