Il était 7h40 jeudi dernier lorsqu'on a officiellement donné le coup d'envoi de la 76e édition du Tournoi des Maîtres.

Le président du Augusta National Bill Payne était pour l'occasion entouré de plusieurs membres du prestigieux club de golf et se préparait à présenter les membres du trio légendaire rassemblés pour effectuer les coups de départ d'usage, soit Arnold Palmer, Jack Nicklaus et Gary Player.

Tout à l'arrière du tertre de départ se tenait un golfeur qui lui aussi endossait un veston vert; Phil Mickelson. Bien qu'il ait été le dernier joueur à prendre le départ en cette première journée de la compétition, il tenait à vivre ce moment magique et rendre ainsi hommage aux trois golfeurs rassemblés pour l'occasion.

Les starters honoraires ont été ravis de sa présence et comblés par une telle marque de délicatesse. À eux trois, ils comptent 13 victoires au Tournoi des Maîtres et 34 titres majeurs.

Mickelson a souligné avoir toujours voulu assister à cette cérémonie. « Cette année, a-t-il précisé, cela a pu se réaliser à cause de mon horaire… C'est une expérience que j'ai appréciée. Regarder ces joueurs frapper la balle en tenant compte de ce qu'ils représentent pour le golf... Ils sont responsables de ce qu'est le golf professionnel aujourd'hui… »

En posant ce geste, Mickelson a bien plus qu'honoré les grands du golf. Il s'est démarqué de plusieurs golfeurs de compétition dont les horizons sont bien souvent tristement limités.

Sans arrogance, Mickelson a poursuivi sa formidable série de succès en décrochant plus tôt cette année sa 40e victoire en carrière. Il a inscrit au moins une victoire à ses neuf dernières saisons au circuit PGA Tour et domine cette séquence chez tous les joueurs. Le gaucher n'a guère changé de style depuis ses débuts chez les pros en 1992 après avoir été le dernier joueur amateur à remporter une victoire sur le circuit PGA Tour en 1991. Il n'a pas non plus changé son approche vis-à-vis les spectateurs envers qui il a toujours eu un comportement exemplaire.

À vrai dire, sa présence jeudi dernier n'aurait pas dû surprendre qui que ce soit. Cela est dans sa nature de poser des gestes semblables. Non pas de s'afficher pour en retirer les mérites mais tout simplement pour témoigner une marque d'appréciation à ceux à qui il est redevable.

Dans un milieu où l'humilité est aussi rare que l'albatros que nous a servi Louis Oosthuizen sur le deuxième trou lors de la ronde finale, il faisait bon de voir un grand champion reconnaître que des pionniers ont posé des gestes à une autre époque et ont fait en sorte qu'il puisse exercer sa profession avec tout le panache qu'on lui connait aujourd'hui.

Cela dit, d'autres gestes moins spectaculaires ont été posés lors de la finale et valent aussi la peine d'être mentionnés. Soulignons notamment les réactions de Charl Schwartzel qui peinait à chaque coup de son compatriote Louis Oosthuizen impliqué dans la prolongation avec Bubba Watson. Puis les gestes de pure amitié posés par Rickie Fowler, Ben Crane et Aaron Baddeley qui ont entouré et félicité Watson sur le vert du 10e trou à la suite de sa victoire.

De simples gestes qui font état que les grands champions ne conjuguent pas uniquement à la première personne du singulier. C'est là une dimension qui n'apparait sur aucun trophée, mais qui pourtant devrait tout autant retenir notre attention, sinon davantage, que le score final ou les circonstances qui ont mené à la victoire.