PONTE VEDRA - Au lendemain d’une sortie au cours de laquelle il a qualifié de «véritable fléau» la durée interminable des rondes de golf sur le circuit de la PGA, Rory McIlroy a bouclé sa troisième ronde en 4 heures 10 minutes.

Évoluant en compagnie de l’Anglais Tommy Fleetwood avec qui il partageait la tête à la mi-tournoi, McIlroy a bien mal amorcé sa troisième journée de travail enfilant deux bogueys consécutifs.

«Je peux accepter le boguey sur le premier trou, mais mon six sur le deuxième a été plus difficile à encaisser. Je suis malgré tout heureux d’avoir réussi quatre oiselets sur mes 16 derniers trous et surtout d’avoir évité d’autres bogueys», a analysé McIlroy qui a ramené une carte de 70.

Son partenaire de jeu a ramené une carte identique. Tommy Fleetwood a toutefois connu une ronde bien plus mouvementée marquée d’un double-boguey dès le premier trou et de deux autres bogueys lors des six trous suivants.

McIlroy et Fleetwood partagent la deuxième place, un coup derrière le meneur, l’Espagnol Jon Rahm qui a joué 64 samedi.

C’est Fleetwood qui évoluera en compagnie du meneur lors de la ronde finale. Et non, ce n’est pas parce qu’il est plus beau que Rory comme il l’a prétendu lors de son point de presse, mais tout simplement parce que c’est lui qui s’est élancé le premier en début de ronde samedi.

Bubba et J.T. donnent le ton

La journée de samedi s’est déroulée bien plus rondement que celle de vendredi.

McIlroy a retranché 70 minutes à sa troisième ronde après qu’il eut passé 5 h 20 sur le terrain vendredi. Une éternité.

«C’est un fléau et c’est rendu épidémique. Je peux comprendre qu’on puisse parfois prendre cinq heures pour jouer une ronde même si c’est déjà très long, mais jamais davantage», s’était d’ailleurs offusqué Mcllroy lors de son point de presse de vendredi.

Premiers à prendre le départ samedi, Bubba Watson et Justin Thomas ont fait plus que leur part pour améliorer la cadence samedi. Arrivé au premier tertre à 8 h 10, le duo est sorti du 18e vert 3 h 32 minutes plus tard.

«Le jeu lent est un réel problème, mais je vous assure que Bubba et moi n’avions pas l’intention de démontrer qu’il est possible de jouer aussi rapidement. Le terrain était ouvert devant nous, nous n’étions que deux contrairement aux deux premières rondes alors que nous sommes trois. Cela fait une très grosse différence. En plus, nous sommes tous les deux loin de la tête et comme nous sommes aussi des joueurs assez rapides tout s’est simplement bien déroulé», a expliqué Justin Thomas qui a joué 70, deux coups sous la normale en dépit cette cadence accélérée.

Bubba Watson, qui a lui aussi ramené une carte de 70 – avec un 33 sur le neuf de retour – imputait aussi aux conditions particulièrement favorables le fait d’avoir joué aussi rapidement.

«On s’attendait à beaucoup de vent et finalement c’était très calme autour du parcours. Dans ces conditions, tu ne perds pas de temps à analyser le vent et à jongler avec ton choix de bâton. Tu détermines ta distance et tu prends le bâton qui convient. Prends un trou comme le 17e, lorsqu’il est balayé par le vent, tu as de nombreuses évaluations à faire et plusieurs solutions potentielles. Ça complique les choses. C’est aussi vrai sur les verts. Mais ce matin, tout allait bien. Tout était facile», a indiqué Watson qui ne voit qu’une solution pour contrer le jeu lent.

«Il y a trop de monde sur le terrain un point c’est tout. Trop de joueurs lors des deux premières rondes, trop de gens qui nous suivent, trop de spectateurs. Tout ça mis ensemble complique le travail. Ça augmente les risques de distraction. Mais on veut des spectateurs sur le terrain. Vous (les journalistes) tenez à être là et je suis convaincu qu’aucun joueur n’aimerait qu’on coupe 44 jobs pour passer d’un plateau de 144 à 100 joueurs lors des premières rondes», a indiqué candidement Watson.

Aucune solution parfaite

Comme Rory et la grande majorité des joueurs de la PGA, Justin Thomas reconnaît que le jeu lent est un problème. Il affirme toutefois d’un même souffle que ce problème est très difficile à régler.

«Je suis un joueur rapide, mais si le vent s’accentue ou diminue alors que je me prépare à frapper, ou si je le sens changer de direction, je vais me retirer pour reprendre mon analyse. Et si en plus je suis dans une position pour gagner un tournoi, tu peux être certain que je vais prendre tout le temps nécessaire pour maximiser mes chances de réussir le coup que je m’apprête à effectuer. Alors tu fais quoi si tu es la PGA ? Tu pénalises un gars qui est normalement rapide en mettant son groupe en garde parce que l’autre joueur est lent en lui enlevant toute marge de manoeuvre en cas de besoin? Tu places un juge au sein de chaque groupe pour s’assurer de faire respecter les règles à la lettre? Il y a des limites à ce qu’on puisse faire», a indiqué Thomas.

Et si les joueurs eux-mêmes décidaient de prendre les choses en mains. Surtout que de très (trop) nombreux amateurs qui copient leurs idoles prolongent indument leur routine de préparation et leurs analyses sur les verts.

«C’est un bon moyen. J’ai souligné à quelques reprises déjà à des compagnons de jeu que nous étions en retard et qu’on devait tenter de rattraper le groupe qui nous précédait. Mais s’il ne veut pas, on fait quoi», a ajouté le jeune Américain qui n’a pas voulu préciser à qui il avait adressé ces remarques.

«Nous savons qui sont les joueurs les plus lents. Vous le savez aussi. Je n’ai pas à en dire plus», a conclu Thomas.

Invasion européenne

Rahm, Fleetwood et McIlroy ont réalisé un coup d’éclat samedi avec leurs performances. Car c’est la première fois de l’histoire du «Players» que des Européens occupent les trois premières places à l’aube de la ronde finale.

L’Australien Jason Day étant quatrième à -12, les Américains seront donc chassés des deux derniers groupes. Une première qui semblait agacer quelques collègues américains en fin de journée samedi.

«C’est bien plus le résultat d’un concours de circonstances qu’autre chose», s’est défendu Rory McIlroy lorsqu’on lui a demandé après sa ronde si cette première était une confirmation de l’invasion européenne sur le circuit américain.

Questionné sur le même sujet, le vétéran Jim Furyk – il partage le sixième rang avec cinq Américains affichant un cumulatif de -10 – s’est dressé devant les allusions lancées par un collègue américain.

«Le circuit de la PGA est le meilleur au monde parce que les meilleurs joueurs de golf au monde en sont membres. On a réclamé la présence des meilleurs au monde pendant des années. Maintenant qu’ils sont là et qu’ils performent à leur plein potentiel on devrait faire les gorges chaudes devant leurs succès parce que le drapeau américain n’est plus à côté des noms des meneurs? Ça n’a pas de bon sens», a répondu d’un trait Furyk avant d’ajouter :

«Regarde le classement mondial et tu relèveras la présence d’autant d’Européens que d’Américains. Sans compter les excellents joueurs qui viennent de partout dans le monde. Notre sport est mondial. On veut qu’il touche le plus de gens possible. Il est donc normal que les meilleurs au monde viennent de partout», a conclu celui qui était d’ailleurs le capitaine de Team USA lors de la dernière coupe Ryder. Une coupe Ryder disputée en France, en banlieue de Paris, où les Européens ont facilement battu les Américains.

En bref

  •  Tiger Woods prendra part à la dernière ronde en dépit une ronde bien ordinaire de 72 samedi. Tiger a connu toutes sortes d’ennuis en début de journée – 39 après neuf trous – mais il s’est bien repris avec un 33 sur le neuf de retour.
  •  Woods a survécu à la vague de coupures supplémentaires effectuées après les rondes de samedi en raison du trop grand nombre de joueurs (80) en action samedi. Son partenaire de jeu Kevin Na et six autres joueurs ont été évincés au terme de la troisième journée alors que la PGA a gardé les 73 joueurs affichant normale et mieux après 54 trous pour la ronde finale de dimanche…
  •  Après Ryan Moore jeudi au 17e et Sungiae Im vendredi au 13, Seamus Power a réalisé le troisième trou d’un coup du tournoi samedi. Son coup de départ d’une distance de 155 verges s’est retrouvé au fond de la coupe au 13e trou. C’était le premier as de Power sur le circuit de la PGA. C’est seulement la troisième fois de l’histoire qu’au moins trois trous d’un coup sont réussis au cours d’un même tournoi. Il y a en a eu trois en 2000 et quatre en 2006…
  •  À l’autre bout du spectre, le lac ceinturant le vert du 17e trou a englouti huit des 80 balles frappées en sa direction samedi. Ces huit balles ajoutées aux 14 et six qui se sont retrouvées à l’eau jeudi et vendredi portent à 28 le nombre total de balles perdues en «mer» au 17e après trois rondes…