SANREMO, Italie - L'Espagnol Oscar Freire, dans un grand jour, a dominé les meilleurs sprinteurs du monde pour remporter samedi la classique Milan-Sanremo, trois ans après son premier succès.

S'il avait surgi in-extremis en 2004 pour devancer l'Allemand Erik Zabel qui avait cru trop tôt la victoire acquise, Freire s'est imposé cette fois sans la moindre discussion. Il a devancé de plusieurs longueurs plusieurs coureurs qui ont terminé sensiblement sur la même ligne, dans l'ordre l'Australien Allan Davis, le Belge Tom Boonen et l'Australien Robbie McEwen.

Freire, coureur de sang froid, s'est passé de coéquipier dans le dernier kilomètre sous le ciel changeant de la Riviera. Il a choisi la bonne roue en prenant le sillage de l'Italien Alessandro Petacchi qui disposait d'un "train" pour l'emmener dans les meilleures conditions (avec Zabel, Velo et Ongarato).

"Le plus important, a-t-il expliqué, c'était d'arriver au sprint. Mais je me doutais que les attaques avaient peu de chance de réussir. Nous avions le vent dans le dos et la fatigue se fait moins sentir dans ces conditions".

Le démarrage de Ricco

Le calcul s'est avéré judicieux malgré le démarrage impressionnant du jeune italien Riccardo Ricco, la révélation du récent Tirreno-Adriatico (deux succès d'étape).

Comme il l'avait promis pour ses débuts dans la "classicissima", Ricco (23 ans), qui rappelle par certains aspects Marco Pantani, a attaqué dans le Poggio, la dernière difficulté du parcours à moins de 7 kilomètres de l'arrivée, après une vaine tentative de l'Italien Franco Pellizotti et de l'Ukrainien Yaroslav Popovych.

Seul, le Belge Philippe Gilbert, au prix d'un violent effort et d'un sens de l'anticipation remarquable, est parvenu à prendre la roue de Ricco. Au sommet, le duo a basculé avec 10 secondes d'avance. Au bas de la descente, ce petit matelas s'était effiloché et les deux attaquants, poursuivis par un peloton mené par l'équipe Lampre, devaient être repris avant la flamme rouge du dernier kilomètre.

Les maillots bleus de l'équipe de Petacchi entraient alors en scène tout comme Boonen, pour lequel s'était dévoué le champion du monde, l'Italien Paolo Bettini, lequel avait songé à l'abandon avant de poursuivre la course. Placé aux avant-postes dans les moments chauds du final, Boonen pouvait croire avoir fait le plus dur en restant à proximité de Petacchi.

"J'étais prêt"

C'était compter sans Freire, coureur sans équivalent dans ses meilleurs jours. A 31 ans, l'Espagnol a déjà endossé à trois reprises le maillot arc-en-ciel de champion du monde. En attendant un hypothétique quatrième titre, exploit qui n'a encore jamais été réalisé dans l'histoire du cyclisme.

"C'est mon grand objectif avant la fin de ma carrière", a d'ailleurs souligné l'homme de Torrelavega, une ville de Cantabrie (nord-ouest de l'Espagne), qui est établi depuis plusieurs années en Suisse italienne, à quelques kilomètres des sites des Championnats du monde... 2008 (Varese) et 2009 (Mendrisio).

Encore faut-il que ce puncheur de haut vol, craint par tous ses adversaires, échappe aux problèmes de santé récurrents, des douleurs dorsales surtout, qui l'ont souvent contrarié depuis son premier titre mondial (1999).

"Mon secret pour avoir surmonté tous ces ennuis, c'est la tête, a avoué Freire. Je pense toujours de façon positive. Je connais mon corps et j'ai confiance en moi. Ce matin, avant le départ, j'y croyais encore plus que d'habitude. Je savais que j'étais prêt".