(AP) - En remportant dimanche la 82e édition du Championnat de la PGA américaine, Tiger Woods a élargi sa présence dans le livre des records et alourdi son emprise sur le golf mondial.

Cette victoire dans la dernière levée du Grand Chelem de l'an 2000, après celles dans l'US et le British Opens, en font le deuxième joueur de l'Histoire, après son compatriote Ben Hogan (1953), à remporter trois Majeurs la même saison.

Woods est le premier à conserver son titre dans ce tournoi depuis 1958 qu'il est disputé en medal play. Il rejoint son compatriote Denny Shute, seul vainqueur deux années consécutives (1936-37) alors qu'il se disputait en match play.

En terminant par un 67 pour un total de 270 (18 sous le par) sur le parcours de Valhalla à Louisville, Woods détient les records de pointage des quatre Majeurs. A 24 ans, le numéro-1 mondial crève tous les plafonds mais dimanche, il fut loin d'écraser ses adversaires et de triompher en solitaire comme à l'US Open (15 coups d'avance) ou au British (8 coups).

"Chapeau Bob!", fut-il obligé de déclarer après un combat d'une intensité féroce contre l'obscur, le sans-grade, l'Américain Bob May. Il fallut même recourir à la prolongation, disputé pour la première fois sur trois trous, pour que le numéro-1 mondial l'emporte d'un petit coup. Birdie pour birdie, par pour par, les deux joueurs se rendirent coup pour coup pendant 18 trous, les derniers, ceux qui décident de la victoire.

Bob May, Californien anti-star à l'allure de père tranquille de 32 ans, n'a encore jamais gagné sur le circuit américain en neuf ans de carrière. La semaine précédente, il était en Angleterre où il terminait 5e du British Masters, tournoi du circuit européen qu'il avait remporté en 1999, la seule victoire importante de son palmarès.

48e mondial, il n'avait encore que rarement défrayé la chronique. "Tout le monde se demandait à quelle sauce j'allais être mangé. Personne ne pensait que j'allais jouer de cette manière", confiait-il avec le sourire. En fait, il joua la superstar dans le duel qui l'opposa à son prestigieux adversaire dont il partageait la partie.

Parti un coup derrière Woods, May prenait la tête du tournoi dès le deuxième trou, un par 5 de 482m où il enquillait un birdie contre un bogey à son adversaire. Un autre birdie au 4 lui permettait de doubler son capital avance.

Est-ce la confiance née de la réussite? May avait mis le turbo. Il déployait une qualité de jeu que l'on attendait plutôt de Tiger Woods. Son deuxième coup de fer 7 de 160m au 15, un par 4 de 368m, à deux mètres du drapeau laissa Woods pantois: "personne n'a compris vraiment comment il fut tapé. Mais jouer ainsi au-dessus de l'eau fut un coup magistral".

Autre morceau d'anthologie de May: ce coup de fer 8 après un drive égaré dans le rough sur le 17 qui lui permet de trouver le green.

Paradoxe de ce dernier tour du Championnat de l'USPGA: c'est probablement sur ces deux trous que Bob May laissa passer ses chances de victoire. Sur le 15, il manqua le putt et le birdie qui lui aurait donné deux coups d'avance et une sérieuse option sur le tournoi; sur le 17, il se contenta du par alors que Woods enquillait un birdie égalisateur. Il est vrai que celui-ci après son début désastreux avait serré le jeu (8 sous le par pour les 16 trous et les trois du barrage), surtout sur les greens. Son putting lui permit de se maintenir avant de faire la difference.

May ne renonça jamais, poussant le numéro-1 mondial dans ses derniers retranchements dans un duel mémorable. Les deux joueurs terminaient avec le même score (31) sur les neuf derniers trous. En rendant une dernière carte de 66, May rappelait que "ce n'était pas l'effet du hasard" s'il était là puisque c'était son troisième 66 consécutif. Et de reconnaître: "Tiger a montré pourquoi il était le meilleur joueur du monde".

Un birdie au premier des trois trous du barrage permettait à Woods de signer sa 7e victoire de l'année, la 22e d'une carrière entamée il y a quatre ans, et d'empocher les 900 000 dollars pour porter ses gains en tournoi de la saison à 6 692 821 dollars, un record.

Ce duel au sommet éclipsa quelques bonnes performances européennes: le Danois Thomas Bjorn termine 3e à cinq coups des leaders, l'Espagnol José-Maria Olazabal, qui a battu le record du parcours samedi avec un 63, est 4e, une longueur plus loin. Quant au Français Jean Van de Velde, 30e à 14 coups, il n'écarte pas l'éventualité de s'installer aux Etats-Unis.