L’objectif demeure le même chaque fois : présenter le meilleur test de golf possible de la saison. Le problème est le suivant pour les dirigeants de la United States Golf Association cette année : après avoir accumulé les gaffes de toutes sortes lors des derniers championnats nationaux, comment aborder l’Omnium masculin des États-Unis en 2017 sans créer une nouvelle controverse tout en espérant atteindre le but espéré?

Le tournoi se déroulera sur le parcours Erin Hills dans le Wisconsin. Le terrain a été spécifiquement aménagé en fonction d’y présenter l’Omnium américain. L’espace disponible pour les architectes était considérable : 652 acres. Les dimensions du parcours tout autant. On jouera le championnat sur 7 741 verges, une normale 72.

On pourrait y accueillir 100 000 spectateurs par jours tant il y a de la place. On se limitera à 35 000 à cause de problèmes logistiques. On aurait pu rallonger le tracé jusqu’à 8 348 verges. On s’est gardé une petite gêne. C’est un parcours de type links où l’herbe très longue a préséance sur les arbres à peu près absents du paysage.

Au premier coup d’œil, c’est un véritable monstre. C’est un parcours public. Le premier à être utilisé depuis Pebble Beach en 2010 et le sixième dans l’histoire du championnat que l’on dispute pour la 117e fois.

Les travaux d’aménagement ont commencé en 2004 sous la direction de Michael Hurdzan, de Dana Fry et Ron Whitten. On y a multiplié les changements au gré des humeurs du propriétaire du site Bob Lang qui a finalement vendu à cause de difficultés financières au nouveau proprio Andrew Ziegler qui a complété le travail.

Les responsables de la USGA, d’abord de timides partenaires, se sont de plus en plus impliqués pour presque finalement en venir à donner leurs directives à l’équipe de concepteurs dans le seul but avoué de présenter l’omnium sur ce site. Comme si on avait décidé que si jamais il y avait un parcours unique pour présenter le deuxième tournoi majeur chaque saison ce serait Erin Hills au même titre que l’Augusta National accueille le Tournoi des Maitres.

À cause des nombreuses controverses qui ont marqué les championnats nationaux américains au cours des dernières années, les responsables marchent sur des œufs. On ne peut se permettre la moindre erreur.

« Frapper dans l'herbe longue, ça coûtera un coup »

Et les critiques n’ont pas été longues à venir : le terrain est pratiquement injouable par endroits de l’avis de plusieurs joueurs. Et les remarques n’ont rien à voir avec la longueur du parcours, mais plutôt avec la présence d’herbe longue à leurs yeux beaucoup trop punitive. Résultat : on a éliminé mardi l’herbe longue tel que demandé. Beaucoup d’herbe longue.

Plusieurs se sont réjouis. D’autres, et c’est notamment le cas de Rory McIlroy, ont souligné que cette mesure n’était pas nécessaire. Les allées dont la largeur varie entre 50 et 60 verges sont déjà très permissives, mentionne le champion de 2011. L’herbe longue et très longue n’entre en jeu que lorsque le joueur rate complètement son coup. Alors on a coupé la tête du monstre. Ou à tout le moins, on lui a fait une coupe de cheveux bien propre.

Fermé depuis la fin de la saison dernière, on s’est assuré que le terrain serait en parfaite condition pour le championnat afin d’éviter la catastrophe de Chambers Bay en 2015 avec un parcours qui ressemblait à un uniforme de camouflage de l’armée américaine sur des verts de très piètre qualité. On peut y jouer à pied seulement, les voiturettes sont utilisées uniquement pour les véhicules de service. Il vous en coûtera 280 $ à part les frais du cadet et quelques autres artifices.

Ce sera autant pour les participants que leurs cadets un test d’endurance physique. C’est un parcours qui compte beaucoup, beaucoup de dénivellations. Avec de la pluie à l’horizon ce sera très exigeant. Les golfeurs auront rarement les pieds à plat, ce qui nécessitera un ajustement sur presque chaque coup. On a aussi voulu que les joueurs utilisent tous les bâtons dans leur sac. Pas question de parcourir Erin Hills avec un bois de départ et quelques petits fers.

Les distances seront trompeuses. À titre d’exemple, le 18e mesure 670 verges. Ce qui semble être un formidable défi. Or le vent y est généralement favorable et les meilleurs de la profession devraient pouvoir atteindre le vert à leur deuxième coup dans de bonnes conditions.

Par contre, le 9e trou, le plus petit sur le tracé avec ses 135 verges que l’on peut étirer d’une quinzaine selon la position du fanion, sera un challenge très intéressant. Le coin est continuellement balayé par le vent et les fosses de sable pénaliseront sévèrement la moindre défaillance.

 De l’avis de plusieurs observateurs, les golfeurs européens risquent d’être favorisés par ce genre de parcours.

« Je me sens mieux après ma blessure »

Quels sont à mon avis ceux qui pourraient se démarquer?  Rory McIlroy à coup sûr. Tout comme Dustin Johnson, le champion en titre. Mais aussi Jon Rahm et Rickie Fowler. Et un certain Martin Kaymer qui a su élever son jeu d’un cran lors des grandes occasions, tout comme Jason Day.

On aime toujours désigner un joueur qui causerait la surprise des surprises. Dans ce cas-ci, j’opterais pour Tyrrell Hatton dont le jeu tant sur longue distance que sur les verts est très solide.

RDS vous propose donc de passer quatre jours en Irlande à l’occasion de l’Omnium des États-Unis. La formule semble curieuse de prime abord, mais c’est ce qui décrit le mieux la situation.