MONTRÉAL – Étienne Papineau a remis les pieds sur terre après une semaine de rêve durant laquelle il est devenu le troisième Québécois en sept ans à participer à un tournoi sur le circuit de la PGA. Ajoutez à cela un brin de discussion et une photo avec Jordan Spieth et Justin Thomas. 

La semaine dernière, lors des qualifications du lundi, Papineau a réussi l’exploit de mériter une place pour l’Omnium Waste Management à Phoenix. Le golfeur de 25 ans n’a pas été en mesure de participer aux rondes du week-end, mais il en repart avec un sac mieux outillé pour la suite. 

« J’ai senti toute l’adrénaline retomber à partir de dimanche soir quand le tournoi a été fini. J’étais vraiment épuisé lundi et mardi, mais je ne regrette rien de ma semaine peu importe les moins bonnes décisions stratégiques à la fin. Je suis content, j’ai tellement appris et c’était une si belle expérience », a décanté Papineau en entrevue avec le RDS.ca. 

Il fait allusion au double boguey et au boguey lors des 16e et 17e trous de sa deuxième ronde. Au final, il a disputé deux rondes de 73 pour un cumulatif de +4, à six coups d’une participation aux rondes du samedi et du dimanche. 

« C’est vraiment autour du vert et sur les verts que j’ai eu un peu de misère alors que le reste s’est super bien passé. Les verts étaient assez fermes et rapides, ça m’a légèrement surpris. J’avais eu la chance de jouer le parcours une fois mardi, mais ça prend un peu plus de pratique pour des terrains comme celui-ci », a reconnu Papineau. 

Papineau a eu le privilège d’effectuer sa ronde de pratique avec le Canadien Corey Conners et son cadet. L’entraîneur de Conners est également l’entraîneur de Papineau avec l’équipe canadienne. 

« Corey a été génial, j’ai beaucoup appris avec lui et pendant mes deux rondes. C’était tellement une belle semaine, même que parfois, je n’en reviens pas encore », a-t-il admis. 

Pour rendre le tout encore plus spécial, Papineau a vécu deux « moments wow » difficiles à surpasser. Dans un sport comme le hockey, le football ou le basketball, ça survient normalement sur la patinoire ou le terrain. Mais dans son cas, c’est survenu dans le vestiaire. Y pénétrer en tant que golfeur signifie en quelque sorte d’être accepté dans cette famille élitiste. 

Étienne Papineau et Justin Thomas« C’était vraiment incroyable de voir tous les joueurs et j’ai eu la chance de prendre une photo et de parler un peu avec Jordan Spieth et Justin Thomas. C’était vraiment mon fait saillant de la semaine », a raconté Papineau avec un sourire impossible à retenir. 

Même s’il ne s’est pas qualifié pour les rondes finales, Papineau avait accès au terrain et aux installations samedi et dimanche. En allant faire un tour au vestiaire samedi, il n’aurait guère pu être plus chanceux. 

« Jordan Spieth était là, son casier était juste à côté du mien. Il m’a salué et demandé comment ça allait. J’ai fini par lui dire que j’avais obtenu une place grâce à la qualification du lundi. Il m’a félicité, il a été très gentil et je lui ai demandé de prendre une photo. À peine deux ou trois minutes plus tard, Justin Thomas, dont j’adore la façon de jouer, est arrivé et la scène a été très semblable. Ils faisaient déjà partie de mes idoles, mais encore plus maintenant », a décrit Papineau qui sera toujours un inconditionnel de Tiger Woods. 

Sur le terrain, Papineau a aussi vécu quelque chose de mémorable puisqu’il s’agit d’un tournoi unique au niveau de l’ambiance. Les partisans s’éclatent et ils n’ont aucune pitié pour ceux qui gaffent au réputé 16e trou.  

« Si j’avais eu à jouer un tournoi de la PGA, outre les majeurs, ce serait probablement lui. C’était vraiment incroyable, de beaux moments à vivre », a convenu celui qui a récemment joué une fascinante ronde de 59. 

Papineau tient aussi à remercier le Canadien Ben Silverman qui l’a aidé à trouver ses repères dans un événement de grande envergure. « Quand je suis arrivé, j’étais perdu, je n’avais aucune idée quoi faire. »

Papineau serait heureux d'inspirer la relève

La suite s’annonce donc intrigante pour le golfeur originaire de Saint-Jean-sur-Richelieu. Depuis mercredi, il est de retour au Québec pour deux semaines. Il repartira ensuite s’entraîner en Arizona tout en poursuivant sa saison sur le circuit Outlaw. Il dispose aussi d’un statut conditionnel sur le circuit PGA Latinoamérica et il espère que sa récente qualification lui ouvrira des portes. S’ajoute à cela sa qualification pour le circuit de la PGA du Canada à la fin mars, mais surtout des tentatives occasionnelles de se qualifier pour des tournois du Korn Ferry ou du circuit de la PGA. 

« Après avoir joué un tournoi PGA, ça m’a donné le goût d’en jouer des milliers et des milliers! Je vais continuer de travailler fort, on dirait que mon jeu a grimpé d’un niveau depuis que j’ai fait le saut (cette année) chez les professionnels. S’il faut que je passe par le Korn Ferry et les autres circuits comme la plupart des joueurs, je vais le faire. Je ne suis pas inquiet qu’un jour, si je continue de faire mes affaires, je vais être capable de me rendre sur le circuit de la PGA », a mentionné Papineau qui est entraîné par Pierre Dugas depuis une quinzaine d’années. 

Papineau, qui vante d’ailleurs le grand apport de Dugas, accueille avec humilité et fierté l’exploit qu’il a accompli. Il faut remonter à Étienne Brault, en 2019, à l’Omnium canadien, et à Jean-Philip Cornellier en 2015 pour retracer les derniers Québécois à participer à un tournoi de la PGA. Il espère créer un effet d’entraînement. 

« Je suis vraiment choyé et content de cet accomplissement. Il va y avoir d’autres Québécois dans les prochaines années. On a les entraîneurs pour y arriver au Québec et on a le désir de passer à l’autre étape, c’est juste une question de temps. Tant mieux si ça peut inspirer ou donner confiance à d’autres joueurs du Québec, j’en suis très heureux », a-t-il commenté. 

Au niveau personnel, il a vécu d’immenses émotions. Opéré à un genou en septembre 2020, Papineau a pu renouer avec le golf en avril 2021. De plus, son père est un mordu de ce sport et c’était son rêve de voir son fils se rendre sur le circuit de la PGA. Il s’est empressé de se déplacer jusqu’en Arizona pour y assister en personne. 

« C’était vraiment un beau moment à vivre avec lui, ma mère et ma famille au complet. On a versé des larmes... Ça faisait tellement longtemps que j’en rêvais. Ma copine, mes deux sœurs et mon frère savent aussi comment j’ai travaillé fort », a conclu Papineau en sachant si bien que le travail ne fait que commencer.