TORONTO - Il n’y a pas qu’à Montréal où les fans de hockey se sont réjouis de l’invitation lancée à P.K. Subban par Équipe Canada. Les quelque 500 partisans venus braver le froid pour célébrer la sélection des 25 membres de l’équipe masculine de hockey, mardi matin, à Toronto, ont réservé à Subban la plus belle ovation de la cérémonie… après celle accordée à Sidney Crosby un peu plus tard.

Il faut dire que le défenseur du Canadien est un gars de la place. Que les amateurs de hockey de Toronto rêveraient de l’applaudir dans l’uniforme des Maple Leafs.

Mais plus encore, il est clair que le côté spectaculaire de Subban l’assure d’une admiration sans bornes de la part de ses partisans qui se multiplient à Montréal, Toronto et ailleurs sur la planète hockey. Des partisans qui ne pouvaient imaginer ne serait-ce qu’une seconde que Steve Yzerman et les dirigeants d’Équipe Canada auraient pu se passer de lui dans le cadre des Jeux de Sotchi.

C’est pourtant ce qui aurait pu arriver.

Parce qu’ils craignaient et craignent encore certains aspects du jeu de P.K., quelques décideurs au sein d’Équipe Canada se sont fait tirer l’oreille avant d’accepter sa sélection.

Les performances de Subban avec le Canadien depuis le début de la saison, autant à l’offensive qu’en défensive, mais aussi les commentaires dithyrambiques de ceux qui militaient pour sa présence au sein de la brigade défensive, ont permis à P.K. d’obtenir ce qui lui revenait de plein droit : une place au sein de l’équipe canadienne.

Maintenant que c’est fait, il reviendra à Subban de convaincre l’équipe d’entraîneurs de lui offrir une place au sein des six premiers défenseurs.

« Je suis très reconnaissant »

Une place qui ne lui est pas acquise. Du moins pour le moment.

« Ma responsabilité était d’aider à sélectionner les 25 joueurs les plus susceptibles de nous aider à ramener la médaille d’or olympique au Canada. Avec tout ce que P.K. accomplit lorsqu’il affronte mon équipe, j’étais convaincu du bien fondé de l’avoir au sein de l’équipe canadienne », a indiqué Peter Chiarelli, directeur général des Bruins de Boston.

« Les entraîneurs détermineront le rôle qu’ils entendent lui confier une fois à Sotchi », a ajouté le patron des Bruins.

Pour l’instant, et j’insiste sur le pour l’instant, Subban occupe la septième place au sein de la brigade défensive. Devant Dan Hamhuis des Canucks de Vancouver qui a été préféré – parce qu’il tire de la gauche – à Brent Seabrook des Blackhawks de Chicago.

Il semble acquis que Duncan Keith et Drew Doughty, Jay Bouwmeester et Alex Pietrangelo et Marc-Édouard Vlasic combiné à Shea Weber composeront les trois premiers duos d’arrière.

Parce que les équipes peuvent compter sur 20 patineurs aux JO – contrairement à la limite de 18 dans la LNH – Subban pourrait remplir un rôle de soutien lors des premiers matchs. On pourrait l’utiliser lors des attaques massives ou lorsqu’on a besoin d’un but alors que sa vitesse, sa fougue et la qualité de son tir pourraient être mises à contribution.

Et s’il devait en plus relever avec succès les missions défensives qui lui seront données et surtout démontrer qu’il est en mesure de contenir sa fougue pour ne pas placer son équipe dans le pétrin à la suite de revirements coûteux ou de jeux un brin ou deux trop risqués, voire osés, P.K. gagnera en grade et pourrait se hisser au sein des six partants en cours de tournoi.

Ce qui pourrait fort bien arriver.

Car s’il est parfois très flamboyant avec le Canadien, peut-être même trop aux yeux de certains de ses coéquipiers, qu’il multiplie les risques, les montées spectaculaires, mais pas toujours efficaces, Subban sera entouré de défenseurs et d’attaquants qui sont aussi bons, parfois même meilleurs, que lui.

« Le jeu de P.K. s'est amélioré »

Il n’aura pas, comme c’est le cas avec le Canadien, le sentiment d’être celui par qui les succès doivent arriver.

Une fois au sein d’Équipe Canada, Subban sera un élément au sein d’une équipe. Un élément important, mais pas plus que celui qui sera assis à sa droite sur le banc des joueurs, à sa gauche dans le vestiaire.

S’il arrive à s’ajuster à ce changement de rôle une fois en Russie, s’il y trouve son compte et affiche une humilité qu’on ne lui connaît pas vraiment à Montréal – et c’est un brin ou deux normal en raison d’une situation bien différente entre celle du Canadien et de l’équipe canadienne – en respectant les mandats qui lui sont offerts, Subban s’imposera au sein de l’équipe.

S’il tente d’assumer l’entière responsabilité des succès du Canada aux Jeux de Sotchi et que, se faisant, il cause plus de tort que de bien à son équipe et ses coéquipiers, Subban donnera raison à tous ceux, et oui il y en a encore dans le monde du hockey, qui prétendent qu’au-delà du talent qui l’habite, P.K. est trop souvent associé aux problèmes plutôt qu’aux solutions.

Les fans du Canadien savent que ce n’est pas vrai. Ou du moins pas tout à fait. Ils savent que ce que P.K. accomplit de bien et de très bien sur la glace fait plusieurs fois contrepoids à ses erreurs et à ses décisions parfois émotives sur la patinoire.

Ses performances aux Jeux lui permettront de le prouver au reste de la planète hockey. Ou de solidifier les préjugés qui portent ombrage aux performances positives qu’il multiplie sur la patinoire.

La bonne nouvelle pour Subban et ses fans est que maintenant qu’il est sélectionné, P.K. aura le plein contrôle sur l’impression qu’il laissera dans le cadre de son premier tournoi olympique. Ce sera à lui de jouer. Et s’il joue comme il en est capable, il ne fait aucun doute qu’il pourra gagner plus qu’une médaille d’or. Qu’il gagnera en plus la reconnaissance de ses pairs, qu’il solidifiera sa place dans le cœur de ses partisans et qu’il se débarrassera, en tout ou au moins en partie, des critiques que son premier trophée Norris n’est pas parvenu à bloquer.

Équipe Canada : François Gagnon et Luc Gélinas à Toronto