Il y a au moins une certitude avec les récents développements survenus dans le conflit de la Ligue nationale de hockey au cours des derniers jours : l'élastique ne peut plus être étiré davantage! Toute autre tentative de la part d'une ou l'autre des deux parties va simplement tout faire lâcher d'un trait!

L'annulation des matchs d'ici le 14 décembre et celle de la Classique des étoiles, à Columbus, viennent d'ajouter le dernier cran de tension au conflit de travail qui frustre de plus en plus de gens dans tous les cercles reliés au hockey. Car honnêtement mes amis, il n'y a plus de marge de manœuvre si on souhaite au moins vivre une saison d'une cinquantaine de matchs.

Si l'objectif des deux clans était de se pousser mutuellement à l'extrême limite dans le but d'obtenir le maximum (ou de perdre le minimum selon le point de vue), nous voici rendu à cette étape. Ne reste qu'à prendre le téléphone, inviter la partie adverse à s'asseoir et à concocter un accord qui va tourner autour de 50% de l'écart financier existant à la suite de la contre-proposition de l'Association des joueurs.

Mais nous sommes aussi au moment de vérité quant aux éventuels agendas cachés. Si la LNH a en tête d'avoir la peau de Donald Fehr parce qu'elle veut, par exemple, l'empêcher de faire avec le hockey ce qu'il a fait avec le baseball en 1994-1995, cela dictera ses prochaines étapes. Il y aura alors d'autres rencontres infructueuses ou aucune rencontre, tout simplement. Si Donald Fehr veut et obtient le mandat de déclarer la guerre à la Ligue nationale et de démanteler les bases actuelles de l'entente, dont le plafond salarial, cela dictera aussi les prochaines étapes du point de vue de l'AJLNH. Il y aura d'autres déclarations incendiaires de la part de certains de ses membres envers Gary Bettman et ses acolytes, il y aura d'autres gestes publics pour attirer la sympathie des amateurs et il y aura éventuellement d'autres contre-propositions maquillées.

Patience et appui à la limite

Il est très facile de constater que là où nous en sommes, la patience des principaux acteurs a aussi atteint un point limite. Les répliques incendiaires que se lancent certains joueurs entre eux, depuis quelques jours, en sont une preuve éloquente. Réunissons-les tous dans une salle, tenons un vote secret et je suis convaincu qu'on verrait une division brutale au sein de la confrérie. Par ailleurs, la très habile position publique de Geoff Molson, lors de la collecte de sang du Canadien, jeudi, lui a permis à la fois d'éviter les foudres de Gary Bettman et d'exprimer un désir évident d'en venir à une entente le plus vite possible. Combien de propriétaires accepteraient de vivre avec l'écart de 1,2 millions$ par équipe qui sépare les deux parties à l'heure actuelle? Au moins la moitié, peut-être plus, dites-vous?

Cela dit, rien ne s'approche de l'extrême limite de la patience des amateurs présentement. Réglons une chose, d'abord : l'appui à l'un ou l'autre des deux groupes n'existe plus, c'est très clair! Je ne fais qu'entendre la même chose, jour après jour, du genre « c'est ridicule de ne pas être d'accord quand il y a autant d'argent sur la table. Comment peuvent-ils être aussi débranchés de la réalité, de la vie des gens ordinaires comme nous? »

J'ai vécu tous les arrêts de travail dans la LNH, mes amis, du plus court au plus long et je peux vous assurer d'une chose : je n'avais jamais vu auparavant un tel dégoût des amateurs devant les DEUX parties impliquées dans le conflit. Chacun peut bien comprendre une partie de ceci ou supporter un aspect de cela, mais globalement, cette « guerre de riches » fait assurément suer la grande majorité des fans!

Attention aux prochains mois

Il serait peut-être temps, du reste, que les joueurs et les propriétaires demandent aux avocats et technocrates des deux côtés du conflit de prendre congé pour la fin de semaine et qu'ils en profitent pour regarder un peu à travers la fenêtre, question de voir ce qui se passe à l'extérieur.

Il existe présentement aux États-Unis une très grande incertitude sur le plan économique. La reprise tarde à s'installer et plusieurs analystes croient qu'il y aura une autre « correction » majeure au cours des prochains mois. Le gouffre financier qui menace le pays d'ici le 1er janvier est une très grande source d'inquiétude pour les américains et honnêtement, l'achat de billets de hockey risque d'être le dernier souci de plusieurs d'entre eux.

Le Canada n'échappera pas aux soubresauts de ces rechutes si elles surviennent comme prévu. Le hockey a beau être beaucoup plus populaire chez nous et la situation économique a beau être un peu plus saine, il reste qu'il pourrait y avoir une pression additionnelle sur les dépenses discrétionnaires des ménages canadiens. Et des sorties d'argent de 200$ ou 250$ pour aller voir un match pourraient devenir très difficiles pour plusieurs, qui s'en remettraient alors aux soirées entre amis, devant le téléviseur. Or, la vente de billets, l'achat de boissons, nourriture et souvenirs représente le cœur du revenu global de la LNH!

À n'en pas douter, peu importe l'angle avec lequel on analyse la situation actuelle, nous en sommes maintenant à la limite extrême. C'est d'ailleurs la seule bonne nouvelle à partager présentement : on en connaîtra le dénouement très bientôt!