SAGUENAY - Jonathan Roy ne verra pas ses efforts pour devenir une star internationale de la chanson entravés par un dossier criminel.

En accord avec la défense et la couronne, le juge Valmont Beaulieu, de la Cour du Québec, a accordé mercredi une absolution inconditionnelle à l'ex-gardien de but des Remparts de Québec.

Roy faisait face à une accusation de voies de fait simple après avoir roué de coups le gardien des Saguenéens de Chicoutimi, Bobby Nadeau, lors d'un match de hockey junior, en mars 2008.

Dès le début du procès au Palais de justice de Chicoutimi, le jeune homme a reconnu sa culpabilité à l'accusation qui pesait contre lui.

"J'assume la totale responsabilité de ce que j'ai fait. J'ai manqué énormément de jugement et je le regrette", a témoigné Roy, dans un français parfois hésitant - il a été élevé au Colorado-, devant le magistrat.

L'ex-athlète a fait cet acte de contrition envers sa victime et présenté des excuses pour le doigt d'honneur qu'il a affiché à la foule chicoutimienne le soir de l'agression.

Il a aussi exprimé ses regrets pour l'arrogance dont il a fait preuve en entrevue télévisée après le match.

"Ce que j'ai commis n'avait rien à voir avec le hockey. J'ai dépassé la limite. Quand je vois la vidéo de l'entrevue, c'est épouvantable. Je ne me reconnais pas. Mes parents ont été affectés par cette affaire, surtout ma mère. Je ne pense pas qu'elle soit remise encore", a-t-il relaté, sous le regard compatissant de son père Patrick venu le supporter au tribunal.

Pour clore le dossier, le fils de l'ex-gardien étoile de la Ligue nationale de hockey a convenu de faire don de 5000 $ à cinq organismes de charité de la région de Saguenay.

Jonathan Roy avait passé Nadeau à tabac à l'occasion d'une mêlée survenue lors d'un match des séries éliminatoires de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), le 22 mars 2008, au Centre Georges-Vézina de Chicoutimi.

Les images télévisées montrant Roy enragé, assénant une volée de coups à sa victime passive, avaient fait le tour du pays.

La couronne et la défense ont tenu compte de l'immense visibilité de cette affaire lorsqu'elles ont proposé au juge Beaulieu d'accorder une absolution inconditionnelle à l'accusé.

"L'impact médiatique était sans commune mesure avec l'événement", a dit l'avocat de Roy, Me Steve Magnan.

"Que la peine soit l'absolution inconditionnelle n'enlève rien au message (de désapprobation sociale)", a-t-il continué.

L'absolution inconditionnelle est "conforme à la jurisprudence", a de son côté déclaré le procureur de la couronne, Me Denis Dionne.

D'autant plus, a-t-il ajouté, que les gestes commis ne permettent pas de croire à une récidive.

Le juge Beaulieu s'est rangé à cet avis. Selon lui, le risque de récidive est "nul".

"Le tribunal est convaincu qu'on ne vous verra plus devant la cour", a dit le magistrat en rendant sa décision, tout en insistant sur le fardeau qu'aura à porter le jeune homme dans les années à venir.

"La mémoire de la population est plus longue pour les mauvaises actions que pour les bonnes", a-t-il résumé.

A un moment, le magistrat a fait allusion au rôle ambigu joué par le père de l'accusé, Patrick Roy, l'entraîneur des Remparts, le soir de l'agression.

A plusieurs reprises et sans obtenir de réponse, il a demandé à Jonathan Roy s'il avait voulu, en tabassant son adversaire, "sortir" de la partie le gardien numéro un des Saguenéens.

"Vous êtes un jeune homme intelligent et vous savez que si vous aviez dit 'oui', le tribunal vous aurait dit: qui vous a demandé ça?", a soulevé le juge.

Se présentant comme un auteur-compositeur-interprète, Jonathan Roy s'est décrit, pendant son témoignage, comme un homme "sensible", amoureux de l'écriture et de la musique.

Le soir du 22 mars 2008, il a dit avoir livré "une première et une dernière bagarre".

Il en était à ce point secoué qu'il a écrit, dans les jours suivants, une chanson pour apaiser son malaise.

Encore aujourd'hui, il affirme subir les stigmates de son geste malheureux.

"J'aime magasiner mais des fois des gens me pognaient en disant: toé, t'es un 'crisse' de cave", a-t-il avoué.

Un dossier criminel aurait pu fortement refroidir les ambitions de Jonathan Roy qui rêve d'une carrière internationale de chanteur populaire.

Pour cette raison, Me Magnan a fait témoigner son agent, Richard Samson, qui l'a décrit comme un artiste poli, affable, doué, dont le talent "transcende le territoire du Québec".