Deuxième d’une série de trois reportages présentés en marge de la Coupe Clarkson, qui sera disputée entre les Canadiennes de Montréal et l’Inferno de Calgary ce dimanche à Toronto.

Le parcours atypique d’Ann-Sophie Bettez est à la fois touchant et inspirant.

Planificatrice financière le jour et attaquante chez les Canadiennes de Montréal le soir, cette joueuse de petite taille a toujours joué au hockey par pure passion, sans ne jamais avoir la chance de vivre de son sport.

Ignorée par le programme national pendant près d’une décennie, Ann-Sophie Bettez avait fait une croix sur son rêve de revêtir l’uniforme unifolié jusqu’à ce qu’une nouvelle inattendue change la donne en janvier dernier. À ce moment, elle a reçu une invitation pour représenter le pays à la Série de la rivalité Canada - États-Unis. Un cadeau inestimable pour la vétérane de 31 ans qui avait perdu tout espoir après des années à attendre son tour depuis sa dernière participation à la Coupe MLP avec l’équipe nationale des moins de 22 ans en 2010.

Lors de la Série de la rivalité, l’attaquante de 5'4" n’a pas raté sa chance pour faire bonne impression auprès des dirigeants d’Équipe Canada, tellement qu’elle a été retenue pour participer au Championnat du monde qui se tiendra le mois prochain, en Finlande.  

Avant cette récente nomination, son absence sur l’équipe nationale suscitait son lot d’interrogations tant son talent est indéniable.

Dotée d’un flair offensif exceptionnel, d’une vitesse largement au-dessus de la moyenne et d’un fort leadership, Ann-Sophie Bettez est l’une des joueuses clés des Canadiennes de Montréal depuis son arrivée avec l’équipe en 2012. En sept saisons avec la formation montréalaise, elle s’est toujours taillé une place parmi les cinq meilleures pointeuses de la Ligue canadienne de hockey féminin; preuve qu’elle est l’un des visages importants de ce circuit grandissant qui rassemble la crème du hockey féminin.

Un parcours unique

Depuis le début de sa carrière, l’attaquante s’est toujours laissé guider par sa passion du hockey, cheminant à travers les obstacles pour réaliser un parcours unique qui est tout en son honneur.

Originaire de Sept-Îles, la petite Ann-Sophie a eu la piqûre pour ce sport vers l’âge de 3-4 ans en regardant son frère aîné jouer au hockey. Peu de temps après, la jeune attaquante faisait ses classes dans le hockey mineur masculin, où elle ne se laissait pas intimider par ses adversaires en tirant profit de sa rapidité.

« Je me démarquais quand même assez bien au niveau de ma vitesse, je suis quand même quelqu’un de petite, mais j’étais capable de me faufiler à travers la glace. »  

Une fois rendue au niveau midget, la transition vers le hockey féminin ne s'est pas faite en douceur en raison des lacunes organisationnelles qui affectaient le développement des joueuses.

« C’était vraiment pas bien structuré, on pratiquait sur des demi-glaces [...] j’avais 15 ans-16 ans et je jouais avec des filles qui avaient 25 ans [...] Honnêtement c’était vraiment difficile de garder cette passion-là [...] mais le fait que mon père était derrière moi, ç’a été un peu plus facile de cheminer à travers cette année-là. »

Avec le recul, Ann-Sophie Bettez soutient que si son père n’avait pas accepté de prendre les rênes de son équipe de l’époque, ce passage difficile dans le hockey féminin aurait pu mettre un terme à son parcours.

« Je pense qu’il l’a fait parce qu’il voyait que j’avais une passion pour le hockey, puis je suis vraiment contente qu’il ait fait ça parce que, si ce n’était pas de ça, peut-être que j’aurais arrêté de jouer au hockey. »

Après deux années dans les rangs collégiaux avec les Blues de Dawson, la Montréalaise a poursuivi son développement avec les Martlets de l’Université McGill. Un passage couronné de succès avec la conquête de trois médailles d’or au championnat canadien (2008, 2009 et 2011) en plus d’une médaille d’argent et de bronze en cinq participations au total. Tout au long de son parcours universitaire, Ann-Sophie Bettez a brillé en mettant la main sur un grand nombre d’honneurs individuels, dont le trophée Brodrick, remis à la joueuse par excellence au pays.

Repêchée en 2012, l’attaquante a ensuite fait le saut dans la LCHF avec les Stars de Montréal, devenues les Canadiennes, avec lesquelles elle a dû patienter jusqu’en 2017 pour remporter les grands honneurs.

« Lorsque je suis arrivée avec les Canadiennes, ç’a été un petit peu plus difficile de soulever la coupe Stanley qui est pour nous la coupe Clarkson, il aura fallu justement cinq ans avant que je puisse réaliser ce rêve-là. »

Cette consécration s’est faite aux côtés de Charline Labonté et Caroline Ouellette, deux idoles qui ont depuis accroché leurs patins.

L’un des moments marquants dans la carrière d’Ann-Sophie Bettez remonte au 5 février 2017, alors qu’elle avait combiné sa passion pour le chant et celle pour le hockey à la demande de Caroline Ouellette.

« Caro en fait m’avait demandé avant qu’elle prenne sa retraite que je chante l’hymne national, c’était un de ses... je ne dirais pas rêve... mais une de ses demandes et [...] j’en ai profité parce que ma famille venait aussi, ils sont venus de Sept-Îles pour venir me voir donc pour moi, c’était un gros moment. »

Ce moment inusité prouve qu’Ann-Sophie Bettez n’a pas fini de nous surprendre.

Son grand talent et sa belle personnalité font d’elle une joueuse inspirante pour les prochaines générations de hockeyeuses qui souhaitent, elles aussi un jour, réaliser leurs rêves.

On vous invite à visionner le premier reportage sur Marie-Philip Poulin et Hilary Knight qui occupent notamment les deux premiers rangs du classement « des meilleures joueuses » dans le dernier sondage de l’AJLNH.