La léthargie que traverse Alex Kovalev est inquiétante, mais ce n'est pas alarmant puisque l'attaquant russe du Canadien déploie les efforts.

Parfois, les joueurs qui éprouvent des difficultés ne travaillent pas suffisamment, mais ce n'est pas le cas de Kovalev. Même s'il n'a pas touché la cible en 19 parties et qu'il tente de contrôler un peu trop la rondelle, il a été plutôt malchanceux durant cette période.

Je n'ai vraiment pas l'impression que Kovalev triche dans ses efforts. C'est simplement sa façon de procéder qui est différente de l'an passé. Il essaie d'en faire un peu trop, il hésite et il devient moins patient avec la rondelle. L'an dernier, il forçait souvent l'adversaire à commettre des erreurs grâce à cette patience.

Il ne faut pas négliger l'aspect que les joueurs qui l'entourent traversent également des périodes creuses. Guy Carbonneau a dû démanteler le trio qu'il formait avec Tomas Plekanec et Andrei Kostitsyn pour cette raison. Maintenant, il est jumelé avec Robert Lang et Alex Tanguay et ce dernier n'est pas aussi efficace qu'en début de saison ce qui complique encore plus la tâche de Kovalev.

Bien sûr, si le jeu de puissance du Tricolore fonctionnait à plein régime, Kovalev n'aurait pas connu une séquence de la sorte. J'ai toujours pensé que ce sont les joueurs clés qui font fonctionner l'avantage numérique. Sidney Crosby et Evgeni Malkin représentent un bel exemple avec les Penguins de Pittsburgh. Ce sont eux qui animent l'action avec des passes savantes et des jeux intelligents.

Cette saison, l'avantage numérique du Tricolore n'est pas aussi dynamique. Andrei Markov possède encore de belles affinités avec Kovalev, mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. Je ne crois pas que le jeu de puissance montréalais puisse retrouver son aplomb sans la contribution de Kovalev.

Une petite déception

Même si le Canadien a complété sa séquence de sept parties à domicile avec une fiche de quatre victoires, deux revers et une défaite en prolongation, on ressent une légère déception chez les amateurs.

La situation est perçue ainsi puisque le CH s'est incliné contre le Lightning, au compte de 3 à 1, en plus d'échapper une victoire face aux Capitals de Washington. L'an dernier, le Canadien aurait eu gain de cause dans cette partie grâe à son jeu de puissance.

Présentement, le Canadien ne joue pas mal, mais son niveau de jeu ne correspond aux attentes très élevées des partisans. Afin d'y arriver, la troupe de Guy Carbonneau devra trouver une façon pour que l'attaque soit plus efficace.

Les attaquants montréalais sont tous pris dans le même bateau et ce sont eux qui détiennent la solution. Évidemment, Matt D'Agostini ne pouvait pas poursuivre sa séquence d'un but par match jusqu'à la fin de la saison…

Après une seule partie, il s'avère difficile de juger le rendement de Ben Maxwell. Je dirais tout de même qu'il semblait nerveux face aux Capitals de Washington ce qui est normal. Il doit s'adapter à la grande différence qui existe entre la Ligue américaine de hockey et la LNH.

J'ai vécu la même chose lorsque les Nordiques de Québec faisaient appel à mes services et je peux vous assurer que ce n'est pas une adaptation facile. Au début, tu ne veux pas trop t'imposer et tu désires avant tout éviter de faire des erreurs. En général, un joueur a besoin de trois ou quatre parties avant de pouvoir pratiquer son propre style de jeu. À partir du moment que la confiance s'installe et que l'entraîneur te confie du temps de glace, tu peux tenter des jeux et prendre des risques. Maxwell pourra davantage se faire justice après trois ou quatre parties.

Esposito a les outils nécessaires

Angelo Esposito a été libéré d'un gros poids sur les épaules en étant choisi au sein d'Équipe Canada. Je considère qu'il pourra se démarquer si on lui confie un rôle important en attaque.

Comme Stéphane Leroux le précisait, Esposito a connu un bon camp et il a mérité sa place grâce à ses efforts. Je suis content de cet aspect parce qu'on lui reprochait souvent son intensité au jeu. Mais c'est évident qu'il ne pourra pas se faire justice s'il évolue sur un trio à caractère défensif. Esposito a de l'expérience au niveau junior et il possède ce qu'il faut pour aider cette équipe à connaître du succès.

Les propos de Pat Quinn

Pat Quinn, l'entraîneur de la formation canadienne, a tenu des propos négatifs plutôt «gratuits» envers la LHJMQ.

Pour ma part, je ne crois pas que la LHJMQ offre un moins bon spectacle cette saison avec les nouveaux règlements contre la violence gratuite. Est-ce que ça prend vraiment une bagarre générale pour que le monde soit heureux? Je ne crois pas. L'important demeure que le jeu rapide et les mises en échec demeurent présents. C'est bien de s'attaquer aux coups salauds et à la violence gratuite.

Lorsque j'observe les excellents résultats des Voltigeurs de Drummonville, des Cataractes des Shawinigan et des Wildcats de Moncton, je ne crois pas que la LHJMQ soit défavorisée.

Par contre, j'admets que la LHJMQ ne mise peut-être pas sur de très grandes vedettes individuelles. Malgré ce fait, la LHJMQ demeure très compétitive.

De plus, Quinn est le premier à admettre qu'il n'a pas vu de matchs du circuit québécois cette saison. Il ne peut pas se baser sur ce qu'il a vu depuis le début du camp d'entraînement de l'équipe canadienne. Ce contexte est loin d'être représentatif.

Bref, j'ignore pourquoi il a fait de telles déclarations. Même si Quinn est un personnage très écouté à travers le Canada, je ne crois pas que la LHJMQ doit baisser la tête pour de tels propos…

Marshall encaisse le coup difficilement

Le défenseur des Remparts de Québec Kevin Marshall a subi le couperet à sa dernière tentative avec Équipe Canada Junior.

Quinn devait prendre des décisions difficiles et le Québec ne représentait pas une puissance au niveau des joueurs. Il sera jugé sévèrement si le Canada ne mérite pas l'or, le seul objectif de la formation canadienne.

Marshall soutient qu'il méritait une place et je suis convaincu qu'il s'est bien débrouillé. Mais un entraîneur identifie souvent des rôles à certains joueurs et ils ont gardé huit défenseurs avec l'équipe dont un de 17 ans. Il est fort probable que Quinn lui ait préféré un joueur plus imposant. Même s'il est un excellent défenseur, Marshall ne brûle pas la LHJMQ.

Je présume que l'entraîneur-adjoint québécois Guy Boucher a dû tenter de vendre sa salade pour que Marshall obtienne un poste. Boucher n'a sûrement pas accepté ce poste pour le prestige ou pour ouvrir les portes sur le banc des joueurs.

Boucher est un homme de caractère que je connais et je suis persuadé qu'il a dû vanter les qualités de Marshall. Les entraîneurs ont sans doute pris une décision ensemble par la suite.

*Propos recueillis par Éric Leblanc