Le 1er juillet est à nos portes et plusieurs joueurs autonomes parviendront à faire sauter la banque. Parmi ceux-ci, Zach Parise et Ryan Suter représentent sans contredit les deux plus belles prises de cette année.

Quelles équipes sont les plus susceptibles de mettre sous contrat ces deux joueurs? Pour nous aider à répondre à cette question, il faut avant tout regarder du côté des équipes qui ont de l'espace sur leur masse salariale. Dans un premier temps, je note les Red Wings de Detroit, qui ont beaucoup d'argent à dépenser après les départs de Nicklas Lidstrom et de Brad Stuart. Ce n'est donc pas un hasard si l'équipe de Ken Holland est au cœur des rumeurs. On pense même qu'ils pourraient être en mesure de mettre la main sur Parise et Suter. Beaucoup d'experts qui disent que ces gars-là se connaissent bien et qu'ils aimeraient jouer ensemble. Verra-t-on une situation similaire à celle du Heat de Miami - où on a monté une équipe toute étoile à coups de millions? On verra à partir de dimanche.

Les Penguins de Pittsburgh sont également dans cette course, eux qui ont libéré de la place sur la masse salariale en échangeant Jordan Staal et Zbynek Michalek. Ça serait un peu plus surprenant de voir les deux joueurs aboutir là-bas, mais on ne sait jamais avec les Penguins. Ray Shero peut toujours nous sortir un lapin de son chapeau. Il devra toutefois être créatif dans la gestion de son personnel.

Outre les Penguins et les Red Wings, on sait que l'intérêt du Wild du Minnesota est très élevé pour Parise. Ça peut être une possibilité, mais j'estime que le joueur américain voudra se retrouver avec une équipe qui aspire à la coupe Stanley.

Tout compte fait, je suis convaincu que toutes les équipes appelleront les agents pour s'informer. Car une chose est certaine; la formation qui parviendra à mettre la main sur l'un ou l'autre de ces joueurs sera en voiture. Ce sont des gars complets qui amènent une dimension différente. Ils ne sont pas que talentueux, ils amènent leadership, caractère, éthique de travail et intensité.

Du côté du Canadien, on sera dans l'obligation de leur parler de connaître leurs attentes, car ce sont deux joueurs de premier plan et deux joueurs de caractère. Mais à mon humble avis, je considère qu'il ne faut pas s'attendre à un coup d'éclat de la part du Canadien. Certes, Marc Bergevin sera à la recherche de bons défenseurs solides pour venir appuyer la brigade actuelle et des joueurs expérimentés pour renforcir la profondeur de l'équipe, mais je ne m'attends pas à ce que le Canadien parvienne à mettre sous contrat des joueurs comme Ryan Suter et Zach Parise. Il cherchera plutôt à cibler des joueurs plus accessibles qui amèneront un aspect physique. Connaissant Michel Therrien, on voudra s'entourer de gars avec de l'attitude. Il aime le genre d'équipe agressive, difficile à affronter. Bergevin sera actif, il mettra beaucoup de lignes à l'eau. Il risque d'en tirer de plus petits poissons.

Le Canadien est un peu menotté avec des joueurs vieillissants qui commandent de gros contrats. Ça prendra un peu de temps avant que le Canadien mène la barque le 1er juillet pour attirer les joueurs les plus convoités. Grâce à une meilleure gestion du clan Bergevin, le temps du Canadien viendra.

Brodeur dans un autre uniforme?

J'ai appris comme tout le monde avec une certaine stupéfaction que Martin Brodeur serait tenté de tester le marché des joueurs autonomes.

Honnêtement, ça m'a surpris, car j'ai toujours pensé que Martin passerait sa carrière entière avec les Devils. Cependant, lorsqu'on s'attarde quelque peu à la situation, on se rend compte que ce serait logique de le voir partir sous d'autres cieux. Les Devils sont au bord de la faillite et plusieurs membres clés de l'organisation sont sur le point de quitter. Parise bien sûr, mais aussi Bryce Salvador, qui s'est avéré le défenseur le plus fiable du New Jersey lors des dernières séries éliminatoires.

Les Devils ne sont pas prêts à investir beaucoup d'argent. Or, considérant le fait que la carrière de Brodeur tire à sa fin, il veut se donner une dernière opportunité de gagner la coupe Stanley et il a compris que ce ne serait pas au New Jersey que ça se produira. À moins bien entendu que Parise revienne.

Les joueurs ont le droit de vouloir évoluer pour des équipes compétitives. Ses options sont limitées, car il n'y a pas beaucoup d'emplois disponibles pour un gardien numéro un en fin de carrière. Néanmoins, j'estime qu'il ferait un boulot fabuleux à Detroit, Tampa Bay ou encore en Floride.

Certes, ce serait spécial de le voir dans un autre uniforme, car on a toujours l'impression que Brodeur ne va pas sans les Devils. Et l'inverse est aussi vrai.

Ces gros contrats accordés

Dans le marché d'aujourd'hui, il était impératif de voir Sidney Crosby et Jonathan Quick signer d'aussi gros contrats. Selon moi, ils méritent cet argent.

Cependant, j'en reviens toujours à me demander pourquoi j'ai perdu un an de ma carrière en 2004-2005. À cette époque, les propriétaires affirmaient tous haut et fort que la LNH ne pouvait continuer à accorder de gros salaires, car elle ferait faillite.

À l'heure actuelle, le plancher de la masse salariale est plus haut que le plafond après le lock-out. On a mis de l'eau dans notre vin pour arriver à un système pour limiter les dégâts et à la première occasion, ils ont trouvé la façon de contourner les clauses.

On vivra peut-être un autre lock-out, mais en attendant le dénouement, Sidney Crosby est le meilleur joueur de la planète : il faut lui donner ce qu'il mérite. Irremplaçable, il est le visage de la concession des Penguins de Pittsburgh. Je comprends très bien cette décision-là et Shero a compris l'importance de le mettre sous contrat pour possiblement le reste de sa carrière.

Du côté de Jonathan Quick, c'est le meilleur jeune gardien de la Ligue nationale. Il a été aussi dominant en saison qu'en séries éliminatoires. Plus important encore, il a aidé les Kings à gagner la précieuse coupe Stanley. Le succès se paye et les Kings ont réalisé qu'ils avaient un joyau entre les mains. Ils ne pouvaient pas le laisser partir. C'est correct, c'était le prix à payer pour sécuriser un gardien de but numéro un de ce calibre. Il s'agit d'une bonne signature dans le contexte actuel.

Mais on est dans un bateau pire qu'en 2004…

Le 1er juillet : une date très difficile pour moi

Le 1er juillet représente une date importante dans la vie d'un hockeyeur. C'est à ce moment précis que tu peux faire augmenter les enchères et obtenir le contrat de ta vie.

Pour ma part, je suis arrivé une seule fois au 1er juillet sans contrat en poche, soit en 2009 après une belle saison passée au sein des Kings de Los Angeles. J'avais eu des pourparlers avec l'organisation et il y avait de fortes possibilités que j'y retourne. Mais j'ai décidé d'attendre et d'écouter les offres des autres formations.

Lorsque le 1er juillet est finalement arrivé, les offres alléchantes n'étaient pas au rendez-vous. Ce fut un mauvais rêve pour moi. J'ai vécu cette situation difficilement; ça m'a affecté, car c'est arrivé dans un moment où j'étais vraiment excité de vivre l'opportunité de devenir autonome pour la première fois de ma carrière. J'avais de belles attentes.

Ce calvaire s'est étiré durant tout le mois de juillet et tout le mois d'août. J'avais des offres de contrats à deux volets qui ne m'intéressaient pas. Je n'étais pas prêt à revenir dans les mineures. Je l'avais vécu lors de mon passage à Philadelphie et j'ai trouvé ça difficile. Je n'étais pas motivé à retourner dans la LAH d'autant plus que je ne pouvais pas gagner la coupe Stanley. Mon but - le rêve de remporter la coupe Stanley - devenait alors inatteignable.

Les camps d'entraînement se sont ouverts en septembre et je n'avais toujours pas de contrat. Je savais qu'il était trop tard.

Je ne garde aucune rancune, ni remords de ces durs moments de sorte qu'aujourd'hui, je suis encore très confortable avec ma décision de ne pas retourner jouer. Et je vis le parfait bonheur depuis trois ans au sein de l'équipe de RDS.

*Propos recueillis par Nicolas Dupont