Si la Ligue nationale de hockey a un plan de relance, il n’est est rien pour la Ligue américaine de hockey. Lorsqu’ils ont cessé leurs activités, les dirigeants de l’AHL ont tout simplement déclaré qu’ils allaient se concentrer sur la saison prochaine.

Oui, mais quand? Avec cette pandémie qui fait toujours rage un peu partout dans le monde, impossible d’avoir un plan précis quant à la saison 2020-2021. Ils n’ont pas les moyens ni les contrats de télévision de la LNH pour les imiter.

Pour les jeunes joueurs, bien que la situation ne soit pas idéale, elle n’est pas catastrophique. Pour les vétérans comme Steve Bernier, c’est un peu plus compliqué. Insécurisant même. L’attaquant québécois a 35 ans n’a plus de contrat, lui qui avait signé une autre entente d’un an à un volet en juillet dernier avec les Sound Tigers de Bridgeport, le club-école des Islanders. Pas question non plus de négocier avec Lou Lamoriello au cours des prochaines semaines.

« Moi je le connais, ça fait longtemps que je suis avec Lou, je l’avais comme DG en 2012 quand j’étais au New Jersey. Sa façon de penser est celle-ci : on termine la saison des Islanders d’abord et on verra ensuite. Il ne sera pas prêt à parler avec les joueurs de la Ligue américaine ou avec les vétérans comme moi, tant que sa saison à NY ne sera pas terminée. J’ai aussi appris avec Lou que tu dois t’occuper de ce que tu peux contrôler et pour moi, c’est de me rétablir, m’entraîner fort et me préparer à toute éventualité » précise-t-il.

Ah oui se rétablir... Car j’ai oublié de vous mentionner qu’en plus de ne pas avoir de contrat, Bernier est en réadaptation en ce moment. Il a connu une année pénible, occupant la liste des blessés la majeure partie de la saison.

« Ç'a commencé au camp d’entrainement, je me suis blessé la jambe droite, au niveau de l’aine et à la hanche. J’ai essayé de continuer à jouer, de passer à travers puis on a réalisé que j’avais une hernie sportive alors je suis allé à St. Louis, je me suis fait opérer et j’ai attendu six semaines avant de recommencer à jouer. Mais à mon retour, la douleur était toujours présente même qu’elle empirait de jour en jour, alors nous sommes allés voir un autre spécialiste et on a vu que ma hanche avait une déchirure au labrum ainsi que d’autre chose qui n’allait pas à l’intérieur de la hanche. J’ai donc eu une autre opération il y a trois mois. Ça été une saison très difficile mais on garde le moral et J’espère que mon corps va se rétablir à 100% pour les années futures », de relater le premier choix des Sharks de San Jose en 2003.

Bernier précise que c’est la première fois en 10 mois qu’il ne ressent plus de douleurs alors il est optimiste quant à son avenir de hockeyeur. Il ne veut surtout pas entendre parler de retraite. Pour le moment du moins.

« J’aimerais ça continuer à jouer pour plusieurs raisons. La première, j’ai ma famille avec moi ici à Bridgeport. Tout le monde adore ça, mes enfants y ont plein d’amis. Deuxièmement, l’an passé a été une année extrêmement difficile et je suis très déçu de ça, alors j’aimerais terminer sur une bonne note car l’année d’avant j’avais eu une superbe saison (42 points en 62 matchs) donc je sais que la dernière campagne était juste une mauvaise passe. »

Steve Bernier parle de revenir à Bridgeport. Jamais il ne mentionne un retour à la Ligue nationale. Il a mis une croix là-dessus. « C’est sûr et certain. L’an passé j’ai signé un contrat de la Ligue américaine à un volet, je suis venu ici pour ma satisfaction personnelle, du devoir accompli, de pouvoir jouer au hockey encore avec des jeunes joueurs qui viennent de rentrer dans la ligue avec plein d’énergie. C’est le fun de faire partie de ça mais aussi d’être ici comme un mentor pour eux et d’essayer de les améliorer le plus possible. C’est l’fun être ici et voir les jeunes arriver en début d’année et voir leur progression, c’est assez extraordinaire à voir », d’expliquer Bernier.

J’écoute ses propos et je me dis qu’il a déjà la mentalité d’un entraîneur. Il me répond que ses plans d’avenir sont totalement en ce sens. « Oui, à 100%. Il y a beaucoup de choses que je me vois faire dans le hockey. C’est tellement satisfaisant de voir un joueur s’améliorer, ce n’est pas nécessairement à cause de moi, mais quand tu vois ça, tu le vois passer à un niveau supérieur, je trouve ça plaisant. »

Donc la retraite, c’est pour quand?

« Je me donne une autre chance pour jouer mais en ce moment, je pense à ma réadaptation, à l’entraînement, essayer de patiner le plus possible quant on aura le droit bien sûr et d’attendre. Mais c’est sûr que ça me trotte dans la tête. L’incertitude c’est difficile », de conclure Steve Bernier.

Avec la résilience dont il a fait preuve au cours des derniers mois, il mérite certainement un dernier tour de piste avant d’enseigner son art aux plus jeunes.