Gary Bettman vient d'entraîner Bob Goodenow exactement à l'endroit qu'il désirait quand tout ce processus prit forme, il y a plusieurs années : dans un cul-de-sac!

Il est prêt à payer un gros prix, celui d'annuler une saison complète. Celui de voir son circuit prendre une chute vertigineuse dans l'échelle d'importance des sports professionnels en Amérique du nord. Celui aussi de voir sa ligue perdre plusieurs consommateurs.

Mais, il a décidé de prendre le pari, il a convaincu les propriétaires de prendre un tel pari, et il croit qu'il parviendra à convaincre Goodenow qu'il n'a pas d'autres choix que d'accepter qu'un plafond salarial est l'unique moyen de créer un partenariat.

Il joue au poker avec son rival tout en sachant fort bien qu'il a les meilleures cartes, ou si vous préférez, qu'il a les conditions gagnantes.

Revoyons le contexte.

Les propriétaires croient fermement que la Ligue nationale ne peut plus fonctionner sans un système économique basé sur un contrôle des coûts. Par conséquent, ils croient à toutes les promesses que leur a faites Bettman. Ils croient que leur homme va les conduire vers la Terre promise.

Qu'on aime Bettman ou qu'on le déteste, il demeure un petit futé. Il a appris des expériences du passé. Il y a 10 ans, Goodenow lui en a passé une vite. Il a encaissé le coup au fil des ans. Mais, il savait fort bien qu'il aurait une chance d'affronter son rival dans des conditions particulières.

Les deux leaders ne méritent pas des félicitations pour leur comportement depuis le début de ce conflit. Ils ont manqué de respect envers les amateurs, ils ont volontairement négligé le produit et l'entreprise dans l'unique but d'assouvir leur appétit. Bettman a choisi la voie de la provocation. Goodenow a choisi la voie de la confrontation.

Les deux leaders ont négligé les éléments les plus importants d'une négociation dans le but de créer un partenariat : celui de la confiance, celui du compromis, celui de la créativité.

Derrière cette stratégie, il y a une raison.

Devant la réaction de Bettman et de son adjoint et bras droit, Bill Daly, il est clair que les propriétaires ne tenaient aucunement à faire des compromis sérieux. Par conséquent, il faut de plus en plus s'attarder sur la thèse que les propriétaires et Bettman veulent ébranler l'Association des joueurs. L'écraser. Ils veulent ébranler les structures créées par Goodenow depuis son arrivée au pouvoir.

Qu'ont-ils fait pour s'approcher du but?

Ils ont imposé un lock-out. Ils ont constamment appliqué la théorie qu'une ligue professionnelle ne peut plus exister sans un contrôle des coûts. Ils ont sauté rapidement sur la réduction de 24% des salaires des joueurs pour en faire la clause cible de leur stratégie de fin de parcours. Maintenant, devant les commissaires du travail des États-Unis, ils peuvent mentionner : " Nous n'avons plus aucun argument pour avancer dans ce dossier puisque les joueurs ne reconnaissent plus le bien-fondé de leur proposition. "

Et comme Daly le disait hier : " Nous allons maintenant analyser les options encore disponibles. "

Les options disponibles? C'est pas tellement compliqué, il y a les joueurs remplaçants. Il y a aussi le fait qu'à partir du 1er juillet, près de 500 joueurs convoiteront des contrats. Une situation emballante pour 30 propriétaires. Daly a tenu des propos justes et intéressants, hier, mais chacune de ses réponses était un message pour les joueurs, pour ne pas dire une menace. Ça voulait dire, vous vous décidez à reconnaître un plafond salarial ou bye bye.

Quelles sont les options qui s'offrent à Goodenow maintenant?

Son plan de match a été contrecarré quand les propriétaires n'ont pas broché devant l'offre de 24% des salaires. Au contraire, les propriétaires et Bettman ont saisi l'occasion pour attaquer les bases de l'Association des joueurs.

Il est maintenant à court de ressources. On dira pas de joueurs, pas de ligue. Mais, on pourrait ajouter pas de ligue et pas d'emplois. Goodenow pourrait toujours consulter Gene Upshaw, le directeur exécutif de l'Association des joueurs de la NFL qui prétend qu'un plafond salarial est maintenant incontournable dans le monde du sport. Il suffit de savoir composer avec les éléments, de s'associer avec les propriétaires et de chercher à en tirer le maximum. Quand Upshaw a convaincu les joueurs d'adhérer à un tel système, il fut sévèrement critiqué mais les joueurs n'avaient pas le choix. Au fil des ans, il a saisi des occasions d'affaires, il a été créatif. Et, aujourd'hui, les joueurs profitent pleinement du système.

Est-ce que Goodenow est prêt à faire le même parcours avec les hockeyeurs de la Ligue nationale?

A-t-il vraiment le choix?