La plupart des observateurs placent les Blackhawks de Chicago dans le rôle de favoris et les Flyers de Philadelphie dans celui de négligés à l'approche de la finale de la coupe Stanley et je suis un de ceux-là.

Le parcours des Blackhawks me fait beaucoup penser à celui des Penguins de Pittsburgh, qui se sont inclinés en grande finale contre les Red Wings de Detroit il y a deux ans, mais qui ont profité de cette expérience pour se rendre jusqu'au bout l'an passé. Les Hawks ont pris des notes après leur élimination aux mains des Wings en finale de l'Ouest le printemps dernier et cette année, ils représentent une équipe jeune, mais tellement plus mature. Je crois que leur tour est venu.

Par contre, je suis loin de penser que c'est dans la poche pour Chicago. Depuis que Peter Laviolette est arrivé derrière le banc des Flyers, il a demandé à ses joueurs de se concentrer davantage sur l'offensive. Il insiste auprès de ses joueurs d'avant pour qu'ils se portent à l'attaque sans retenue et qu'ils appliquent un échec-avant soutenu.

C'est là que réside, pour moi, la clé de la victoire pour les Flyers, parce que ma seule crainte concernant les Blackhawks, c'est le nombre de revirements causés par leur défensive dans leur territoire. En finale de l'Ouest, San Jose a fait la preuve que s'ils sont pressés, les défenseurs des Hawks vont faire des gaffes.

Vous avez été témoins de l'échec-avant agressif que les Flyers ont appliqué sur les défenseurs du Canadien? C'est évident que la stratégie ne changera pas contre Chicago et si les Sharks ont été incapables de profiter des nombreux cadeaux qui leur ont été offerts, ça pourrait être différent pour les Flyers.

Un combat de poids lourds

Le duel que je suis le plus impatient d'observer, c'est celui opposant Chris Pronger à Dustin Byfuglien. Il faut que le défenseur des Flyers règle le cas de la peste des Blackhawks dès le départ, parce que Byfuglien, c'est le baromètre de son équipe. C'est lui qui donne de l'espace aux Toews, Kane et cie. S'il n'est pas là, les Hawks ne sont plus la même équipe.

J'ai l'impression qu'on va obtenir le pouls de cette série assez rapidement. En fait, la première fois que Byfuglien va aller planter ses patins devant le filet des Flyers, on va voir dans quelle direction la série va s'en aller. Je m'attends à du jeu très physique et le travail des arbitres jouera un rôle important dans l'allure de la confrontation.

Les joueurs des Canucks savent de quoi je parle. Ils ont essayé par tous les moyens de faire la vie dure à Byfuglien et de l'empêcher d'embêter Roberto Luongo, mais ils se sont retrouvés sur le banc des punitions plus souvent qu'autrement et leur piètre rendement en désavantage numérique a mené à leur perte.

C'est différent pour les Flyers, qui excellent avec un homme en moins. Si les Blackhawks ne trouvent pas le moyen de profiter de leurs jeux de puissance, ceux qui tenteront de faire leur place devant le filet de Michael Leighton devront s'attendre à payer un prix élevé.

Toews et Richards, deux capitaines inspirants

Une autre confrontation intéressante sera celle entre les jeunes capitaines des deux clubs, Jonathan Toews et Mike Richards. Les deux ont connu du succès partout où ils ont passé depuis les rangs junior et tenteront de faire graver leur nom sur la coupe Stanley pour la première fois.

Ce qui m'impressionne le plus de Toews, c'est qu'il est non seulement bon offensivement et responsable dans son propre territoire, mais il est un rassembleur extraordinaire. Ce n'est certainement pas la première fois que vous entendez cette comparaison, mais pour moi, il est un jeune Steve Yzerman.

Rappelez-vous ce qu'on disait au sujet des Flyers au début de l'année. Selon les rumeurs, la chicane était pognée dans le vestiaire. Mais avez-vous déjà entendu parler de chicane à Chicago? Non, les kids ont du plaisir... C'est une équipe à l'image de son capitaine.

Mais comprenez-moi bien, j'adore Mike Richards! C'est un jeune joueur avec de la drive, du caractère, un gars qu'on croirait venir d'une autre époque. J'aime ce jeune homme depuis qu'il a attiré mon attention au tournoi de la coupe Memorial en 2003, à Québec. Il évoluait alors avec les Rangers de Kitchener.

Je me souviens avoir dit à Stéphane Leroux que parmi tous les joueurs présents à ce tournoi, il était mon favori, mon premier choix. Après un match des Rangers, j'avais rencontré quelques dépisteurs de la Ligue nationale et je ne pouvais m'empêcher de leur dire à quel point j'étais impressionné par ce joueur de centre de 18 ans. Simon Nolet, un recruteur des Flyers, m'avait regardé en me disant que je n'étais pas le seul...

Devant le filet, avantage Blackhawks

Un petit mot en terminant sur les deux gardiens de but qui s'affronteront. Disons qu'on a déjà vu un duel plus relevé en finale de la coupe Stanley, mais pour moi, il n'y a réellement qu'une seule surprise devant le filet des deux équipes.

Antti Niemi, selon moi, ne reçoit pas le crédit qu'il mérite. En réalité, il est bon depuis le tout début de la saison et c'est la solidité de ses performances qui lui ont permis de voler le poste de numéro 1 à Cristobal Huet. Il est le Jaroslav Halak des Blackhawks.

Michael Leighton, lui, est un vétéran qui a reçu l'appel d'un entraînement en détresse qui avait désespérément besoin d'un coup de main... et l'expérience a fonctionné. Ce qui arrive présentement à Leighton, c'est un vrai miracle.

À la position de gardien de but, je donne l'avantage aux Hawks dans cette série. Comparativement à Leighton, Niemi est plus constant depuis plus longtemps.

Finalement, ma prédiction

Je choisis les Blackhawks de Chicago pour remporter la coupe Stanley en six matchs. Jonathan Toews devrait remporter le trophée Conn Smythe.

Bonne finale à tous!

*Propos recueillis par Nicolas Landry.