Le Canadien vient de franchir le premier quart de la saison et bien qu’il soit encore tôt, sa position au classement est sensiblement celle que je lui prédisais durant l’entre-saison. Si les séries éliminatoires débutaient demain, la troupe de Michel Therrien se qualifierait de justesse au calendrier printanier, en tant que détentrice du septième rang dans l’Association Est.

Cette première tranche de la saison, sans avoir été parfaite, a malgré tout été satisfaisante à certains chapitres, dont le jeu défensif de l’équipe, qui s’est avéré à point malgré l’absence d’un arrière fort utile -  le robuste Alexei Emelin - pour les 20 premières parties. Le CH bloque une tonne de lancers, commet relativement peu d’erreurs coûteuses en zone neutre, et continue de bénéficier plus souvent qu’autrement de formidables performances de ses gardiens Carey Price et Peter Budaj.

Mon évaluation est donc somme toute positive, mais je ne surprendrai personne en mentionnant que la panne sèche généralisée des attaquants du Tricolore est ce qui le ralentit depuis maintenant une douzaine de matchs. J’ai rarement vu autant d’éléments clés de l’attaque montréalaise traverser simultanément une séquence difficile, et malheureusement, celle-ci semble vouloir se prolonger. Malgré les multiples combinaisons tentées par l’entraîneur chef, les efforts de ses gros canons, soit Max Pacioretty, Daniel Brière, David Desharnais, Tomas Plekanec et Brian Gionta, ne les mènent nulle part ces derniers temps.

Pacioretty n’a pas trouvé le fond du filet une seule fois depuis le 12 octobre. Je veux bien croire qu’il a besoin de temps pour retrouver sa confiance après avoir passé quelques matchs à l’infirmerie, mais il doit trouver le moyen d’afficher une meilleure constance.  Brière a marqué le but égalisateur contre le Lightning de Tampa Bay, mais dans l’ensemble, sa contribution en zone ennemie a de quoi soulever des inquiétudes.

Il est vrai qu’une partie des déboires du Canadien autour des filets adverses est attribuable à un manque de chance. Parfois, les rebonds n’atterrissent pas au bon endroit, les tirs passent tout près de la cible et les situations de surnombre ne se concrétisent pas. Quand on vit de tels moments, la recette n’est jamais bien compliquée. On ne peut faire autrement que de redoubler d’ardeur, de foncer au filet avec plus de mordant. Une implication plus soutenue des attaquants plus costauds du CH sera impérative afin de créer plus de circulation devant les gardiens.

Tempérer les attentes

 Cependant, il serait faux de prétendre qu’un alignement en santé règlera nécessairement les carences offensives du CH. Malgré tout le leadership qu’il exerce et les belles qualités qu’il apporte tant au vestiaire que sur la patinoire, Brandon Prust n’est pas un marqueur de 20 buts. Et même si Emelin est un arrière sous-estimé quant au jeu de transition, personne ne s’attend à ce que sa contribution se fasse ressentir dans la colonne des buts et des passes.

Afin de relancer celui qui devait être son meilleur franc-tireur, Therrien a décidé de jumeler Desharnais et Brendan Gallagher à Pacioretty à l’entraînement de lundi. Même si cela signifie qu’on sépare de nouveau le trio des jeunes qui faisait preuve d’une belle régularité, je comprends parfaitement la décision de l’entraîneur-chef. Je suis en faveur de la stabilité dans un club de hockey, mais dans les circonstances actuelles, un remaniement s’impose.

Après avoir défendu son ami et coéquipier contre les attaques du maire Coderre sur Twitter, Pacioretty doit parvenir à se démarquer et permettre à Desharnais de l’alimenter. C’est ainsi que le duo d’attaquants du Tricolore a connu du succès dans la LNH, et précédemment dans la LAH. L’ajout de Gallagher à cette unité a pour simple objectif de créer une étincelle. Ce n’est plus un secret pour personne que ce dernier apporte une bonne dose d’intensité et qu’il est habile pour provoquer des choses à proximité du filet par sa ténacité.

Une lourde commande attend le groupe d’attaquants du CH dès mardi, alors qu’ils affronteront le Wild du Minnesota et Josh Harding, l’une des trois étoiles de la semaine dans la LNH. Leurs deux duels suivants, contre les Capitals de Washington et les Penguins de Pittsburgh, apporteront aussi leur lot de défis. Pourtant, si le CH choisit cette semaine pour sortir de sa torpeur offensive, ça ne serait pas la première fois qu'il déjoue les pronostics en élevant son jeu contre des formations de premier plan.

*Propos recueillis par Maxime Desroches