La victoire du Canadien contre les Hurricanes de la Caroline, le 29 décembre, était sa 46e en saison régulière depuis le début de l’année 2014, et ce, en 77 matchs, ce qui représente un rendement remarquable, parmi les meilleurs de la LNH au cours de la séquence. L’équipe en a ajouté neuf autres en séries éliminatoires tout en atteignant au passage la finale de l’Association Est, peu après que son gardien numéro un eut mené le Canada vers la médaille d’or, à Sotchi. Au cœur du processus, la direction aura libéré plusieurs vétérans, question de donner toute la place nécessaire aux plus jeunes qui étaient prêts à assumer plus de responsabilités. Elle aura aussi accordé une prolongation de contrat à un entraîneur-chef qui a atteint un niveau de maturité professionnelle à la hauteur de ses attentes et du potentiel de ce groupe de joueurs. Elle aura aussi réussi à s’assurer des services de son défenseur étoile pour très longtemps tout en gardant au bercail son mentor de 36 ans, ainsi qu’un de ses jeunes guerriers en attaque. À la fin de ce parcours, elle aura maintenu sa place dans les hautes sphères du classement, sans jamais s’en éloigner depuis le début de la nouvelle saison. Non mais, quelle année ce fut tout de même pour le Canadien, mes amis!

Lorsque le président et propriétaire de l’équipe Geoff Molson a promis aux amateurs et aux partisans un revirement sérieux après la débandade de 2011-2012, peu de gens auraient parié sur un résultat aussi rapide, qui se traduit ainsi par un bilan sportif on ne peut plus éloquent en cette fin d’année 2014. Ce qui est particulièrement rassurant, c’est de constater que les bases sont à la fois solides sur le plan collectif et sur le plan individuel chez les joueurs et qu’il existe une structure administrative qui croit fermement en son plan directeur mis de l’avant dès son arrivée en poste. Bref, les succès ne sont pas le fruit du hasard même si le portrait de l’équipe a beaucoup changé entre les deux moitiés de l’année. De mon dernier dossier des séries du printemps, onze joueurs n’y sont plus, dont celui qui fut capitaine pendant quatre ans. Ce n’est quand même pas rien! L'année 2014 aura donc été aussi l’année du passage du flambeau vers les nouveaux leaders et artisans de la formation.

Price et Pacioretty en tête

La victoire en Caroline, lundi, était la 20e de Carey Price en 30 matchs en saison 2014-2015. C’était aussi sa 36e en 2014. Avec une moyenne actuelle de 2,19 et une efficacité de 92,8 %, Price a ramené ses chiffres de cette saison au niveau de l’élite pure de la Ligue nationale. Du reste, plusieurs voient en lui rien de moins que le meilleur gardien au monde en cette fin d’année. Qui sait ce que le Canadien aurait pu accomplir de plus au printemps s’il n’avait pas été blessé par la charge de Chris Kreider? Le gardien de 27 ans a inscrit deux fois plus de victoires que de défaites en temps règlementaire en 2014 et on ne compte plus les occasions où il a été étincelant pour garder son équipe à flot en route vers une victoire. C’est en 2014 qu’il a eu sur sa route le plus gros défi de sa carrière, celui de mener le Canada vers une victoire « obligatoire » aux Jeux olympiques d’hiver. On aura beau dire qu’il avait une équipe de rêve devant lui, Price a réussi son test suprême avec brio! Il s’est fait rassurant tout au long de la compétition et a affiché un calme désarmant lors du match de médaille d’or contre la Suède.

Autre fait important au cours de l’année qui s’achève, c’est l’éclosion de Max Pacioretty. Maintenant âgé de 26 ans, l’attaquant américain a véritablement atteint son potentiel, sur tous les plans. En flirtant avec les 40 buts la saison dernière, il a démontré qu’il peut transporter une bonne partie de l’attaque du Canadien. Mais il a aussi endossé ce que plusieurs voyaient déjà en lui, c’est-à-dire l’âme d’un capitaine. Publiquement, il agit parfaitement en conséquence, ayant développé admirablement son sens de la communication avec les médias et le public. Plus discrètement, à l’abri des caméras, on le sent très bien au cœur même de la vie quotidienne de l’équipe et il semble faire l’unanimité chez ses coéquipiers, peu importe l’âge ou l’origine ethnique. Des quatre assistants, il est nettement celui qui est ressorti du lot et je ne vois pas comment on pourrait l’ignorer quand viendra le temps de décerner la lettre « C ».

Place aux jeunes

Depuis le temps que les amateurs le réclamaient, voilà que le Canadien a opté délibérément pour un virage jeunesse en 2014 et bien que la direction se soit assurée de garder en place, à long terme, un vétéran de haute qualité comme Andrei Markov, elle a surtout « donné » l’équipe à ses jeunes leaders. Outre le contrat de Subban, qui a évidemment atteint des proportions particulières, la prolongation de l’entente avec Brendan Gallagher témoigne d’une vision bien nette de la part de l’équipe, vision qui touche à la fois l’appréciation de ses athlètes et une approche responsable devant les défis financiers des prochaines saisons.

D’autre part, en cette fin d’année, quelques belles histoires sont en voie de s’écrire à propos de ces jeunes repêchés au cours des dernières années. Alex Galchenyuk, finalement muté au centre, nous montre de plus en plus des signes de pure magie sur la patinoire et il tend à démontrer, soir après soir, que le Canadien a fait le bon choix en 2012. Nathan Beaulieu, quant à lui, vient enfin de passer en mode « ligues majeures » et a obtenu son billet pour le deuxième duo de défenseurs, aux côtés du vétéran Sergei Gonchar, qui s’avère un « prof » hors pair pour lui. Beaulieu a très bien saisi toute la profondeur du message qui lui a été lancé, lors de sa dernière rétrogradation à Hamilton. À son retour à Montréal, il avait promis de démontrer sa volonté de ne plus jamais retourner dans les mineures. Jusqu’ici, il a admirablement relevé le défi, même au-delà des attentes.

Le CH perd son papa

C’est quand même ironique de parler de l’éclosion des jeunes joueurs du Canadien alors que nous pleurons tous encore le décès de Jean Béliveau. C’est comme si la séquence des événements devait obligatoirement se faire ainsi, pour bien marquer ce passage incontournable que la vie nous impose. Le Canadien de Montréal a perdu son papa il y a quelques semaines mais il a gagné, pour toujours, un père spirituel. Les Price, Pacioretty, Galchenyuk, Gallagher, Subban et autres seront pour toujours enrichis d’avoir brièvement fait sa connaissance, mais surtout, d’avoir saisi toute sa grandeur, lors des cérémonies émouvantes qui ont suivi son décès.

On ne saurait, par ailleurs, passer sous silence le décès d’un ancien joueur de l’équipe et aussi un collègue inestimable : Gilles Tremblay. On sait tous ce que Gilles a accompli au cours de sa merveilleuse carrière d’analyste à la Soirée du Hockey. D’autres savent aussi à quel point il fut un excellent joueur pour le Canadien, hautement sous-estimé tout au long de son parcours. Personnellement, je peux aussi vous dire à quel point il était un homme bon, chaleureux, généreux, humble, aimant la vie, aux côtés duquel j’ai apprécié chaque seconde de nos innombrables repas à l’étranger, de nos fascinantes conversations sur le hockey, de ses savoureuses anecdotes qu’il racontait si bien. Il aura joué un grand rôle pour notre confrérie et il aura marqué ma propre vie, autant sur le plan professionnel que personnel.

Meilleurs vœux

Il me reste à vous offrir mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année qui commence dans quelques heures. La santé, autant sur le plan physique que mental, est à la base même de notre potentiel de bonheur et je vous en souhaite une large dose en 2015, tout en ayant une pensée franchement sincère pour ceux et celles qui combattent courageusement la maladie.

L’amour, l’amitié, la paix, du plaisir au passage avec votre famille et vos amis, voilà… rien de plus et rien de moins, mes amis.

Je vous aime beaucoup et on se reparle en 2015!