À cause de Carey Price et du quatrième trio...
Canadiens mercredi, 20 déc. 2017. 08:02 samedi, 14 déc. 2024. 04:08Le match a commencé exactement comme prévu : vulnérable en défensive en raison de l’absence de Shea Weber, le Canadien s’est vite retrouvé sur les talons et s’est fait dominer par les Canucks.
Oui! Le Tricolore a obtenu quelques occasions de marquer, dont deux très bonnes qui ont permis à Anders Nilsson de s’imposer devant Max Pacioretty et Tomas Plekanec. Mais dans l’ensemble, les Canucks en ont obtenu davantage d’occasions de marquer au premier tiers et de bien meilleures occasions que le Canadien également.
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Avec des déplacements agiles et alertes, Carey Price qui devait prendre les bouchées doubles pour aider à combler la perte de Weber a fait exactement ce qu’on attendait de lui. Il a gardé son club dans le match.
Une pénalité bête de Joe Morrow qui s’est rendu coupable d’un bâton porté au visage d’un adversaire alors que Price venait de réaliser un arrêt et que l’arbitre allait siffler a ouvert la porte au premier but des Canucks.
Ce déficit de 0-1 n’augurait rien de bon. Non seulement le Canadien était victime du premier but pour la 21e fois en 34 rencontres, non seulement la défensive déjà débordée laissait entrevoir une autre soirée difficile autour de Carey Price, mais l’inertie de son offensive minait ses chances de remontée.
Pourtant, le Canadien est revenu. Non seulement a-t-il nivelé les chances en fin de première, mais il a pris les devants en deuxième enfilant trois buts avant d’en ajouter trois autres au dernier tiers pour résister aux tentatives de remontée des Canucks et consolider une victoire de 7-5.
Comment et/ou pourquoi le Canadien a-t-il été en mesure de marquer plus de buts en 60 minutes à Vancouver mardi soir que lors de ses quatre derniers matchs réunis?
Le fait que les Canucks ne soient pas une puissance de la LNH a certainement aidé la cause de la troupe de Claude Julien.
Mais le Canadien a aussi sa part de responsabilité dans cette victoire. D’ailleurs, les cinq observations illustrent ce que le Canadien a fait de bien... et de moins. Pourquoi le Canadien a-t-il gagné?
1 - À cause de l’éveil du quatrième trio
2 - À cause de Jeff Petry
3 - À cause de Carey Price
4 - Un peu à cause des mal-aimés...
5 - Et la recrue de l’année est...
Chiffre du match : 1500
Graham Rynbend a atteint le plateau des 1500 matchs dans l’uniforme du Canadien à Vancouver mardi. À titre de thérapeute athlétique, c’est en espadrilles et non en patin que Rynbend saute sur la patinoire lorsqu’on a besoin de lui. Mais bien qu’il ne marque pas de buts égalisateurs ou gagnants, il est un des rouages importants du Tricolore en raison du très grand nombre de patients qui défilent dans sa clinique quotidiennement. La question qui tue : est-il meilleur pour soigner les blessures au haut ou au bas du corps?
À cause de l’éveil du quatrième trio
Quand tu évolues au sein d’un quatrième trio, la philosophie qui doit t’animer est la suivante : aide-toi et le ciel t’aidera... peut-être. C’est en plein ce qui est arrivé à Nicolas Deslauriers, Daniel Carr et Byron Froese à Vancouver mardi.
Loin de faire dans la dentelle, ils ont su déployer des efforts et ont récolté des dividendes. On aime tous la combativité de Daniel Carr, mais il serait malhonnête de prétendre qu’il avait anticipé que la rondelle tirée de la pointe par David Schlemko frapperait son patin dans l’angle parfait pour dévier dans la lucarne du filet des Canucks. Mais c’est ce qui est arrivé en fin de première période à la toute fin du premier avantage numérique du Canadien. Que faisait le quatrième trio sur la glace en avantage numérique? Il était là pour les dernières secondes seulement histoire de maintenir de la pression sur les Canucks une fois les deux clubs de retour à cinq contre cinq.
Ce but est donc venu en prime.
Mais c’est encore le quatrième trio qui a marqué les deuxième et troisième buts également. Ils sont venus de la lame du bâton de Nicolas Deslauriers qui a dégainé comme on voudrait voir Max Pacioretty le faire plus souvent – oui Anders Nilsson a déjà mieux paru – et il a habilement redirigé la passe parfaite de Jeff Petry. « Je n’avais pas le droit de manquer le but tant la passe était parfaite », a commenté Deslauriers qui n’était pas en peine d’être passé près de son premier tour du chapeau en carrière dans la LNH. « Deux buts – aussi une première dans la LNH pour lui – c’est bien assez. On n’avait pas joué notre meilleure période avant de marquer notre premier but. Ça nous a aidés. On travaille fort et c’est le fun de voir qu’on peut contribuer aux succès de l’équipe », a ajouté Deslaurier qui revendique maintenant trois buts et six points en 15 parties.
Pas mal pour un gars que les Sabres ont laissé partir en début de saison, car ils étaient convaincus que son manque de patin le confinerait dans la Ligue américaine.
Il est important aussi de souligner les deux points ajoutés par Daniel Carr mardi. Avec son but et sa passe, le plombier qu’on croyait condamné à la Ligue américaine affiche maintenant trois buts et neuf points en huit matchs. Il est le seul joueur du Canadien à revendiquer plus de points que de matchs disputés. Un rythme qu’il sera difficile de maintenir en évoluant au sein du 4e trio.
Mais attention, Claude Julien a offert le plus beau compliment qu’un entraîneur-chef peut offrir à ses joueurs de soutien mardi. Il leur a donné de la glace. Autant que le trio de Plekanec. Presque autant que les deux premiers. On a même vu le quatrième trio demeurer sur la glace en territoire offensif après qu’il eut obtenu une mise en jeu en zone ennemi. Ce qui est leur mandat premier lorsqu’il saute sur la glace... tout en évitant de se faire marquer bien sûr.
« Il faudrait peut-être y penser à deux fois avant de les qualifier le 4e trio. Ils sont efficaces. Ils jouent très bien. Ils sont fiables. Ils jouent bien plus et ont bien plus de responsabilités qu’un quatrième trio », a d’ailleurs témoigné Claude Julien après le match.
Je veux bien. Mais peu importe le chiffre qu’on associe aux noms de Carr, Deslauriers et Froese, il est clair que c’est ce trio qui a donné le ton offensivement mardi à Vancouver. Qui a donné le ton point.
À cause de Jeff Petry
Le Canadien a disputé un match affreux en défensive mardi soir. La brigade défensive a mal protégé son territoire. Elle a mal entouré son gardien. Elle a peiné à orchestrer des sorties de zone rapides et incisives.
Une exception : Jeff Petry.
Capable du meilleur et du pire comme il l’a plusieurs fois démontré cette saison, Petry a une fois encore choisi une soirée d’absence de Shea Weber pour se signaler.
Petry n’est pas Shea Weber. Loin de là. Mais il a pris les bouchées doubles comme en témoignent ses 28 présences totalisant 25 :20 d’utilisation. Non seulement a-t-il été le joueur le plus occupé des deux clubs, mais il a orchestré le premier but de Nicolas Deslauriers en se lançant à l’attaque avec vitesse et aplomb et a marqué en décochant un bon tir de la pointe que Nilsson n’a jamais vu passer en raison de la circulation devant lui. Un but en avantage numérique. Il faut d’ailleurs souligner la mise en jeu gagnée en zone offensive par Andrew Shaw pour offrir à Petry l’occasion de décocher le tir qui s’est transformé en but.
Il n’y a que du positif à tirer de la soirée de travail de Petry mardi. Du moins presque. Du moins statistiquement : il a un but ; il a ajouté une passe ; il a un différentiel neutre ; il a cadré les trois tirs qu’il a décochés, a asséné deux mises en échec et a bloqué deux tirs. Il a surtout donné un brin d’imperméabilité à une défensive qui sans lui était dangereusement perméable.
À cause de Carey Price
Carey Price a donné cinq buts. Cinq buts sur 39 tirs. Ça lui donne une efficacité de 87,7 % pour sa soirée de travail de mardi. Un amateur qui n’a pas vu le match, ou pire, un des nombreux détracteurs de Price qui consulte la feuille du match, conclura tout de go que « le meilleur gardien au monde » a encore connu une soirée bien ordinaire à Vancouver. Il ajoutera qu’une chance que son attaque lui a offert sept buts sans quoi il aurait récolté un 11e revers en temps réglementaire plutôt que sa 10e victoire de la saison.
C’est pour ça que je déteste les statistiques surtout avancées. En fait que je déteste l’importance démesurée qu’on leur accorde.
Car contrairement à ceux qui n’ont pas vu le match, les témoins de la performance de Carey Price pourront expliquer qu’au-delà une efficacité de 87,7 %, Price a excellé contre les Canucks. Qu’il a été un rouage important de la victoire. Qu’il a non seulement été le meilleur gardien sur la patinoire, mais qu’il a été le meilleur joueur de son équipe.
Price n’y pouvait rien sur les cinq buts des Canucks. Non seulement les adversaires ont-ils décoché de bons tirs et/ou complété de bons jeux, mais ils ont bien souvent, trop souvent en fait, été aidés dans leur action par des joueurs du Canadien – défenseurs comme attaquants – bien trop généreux en fait d’espace et de temps accordé autour du filet du Canadien.
Les Canucks ont obtenu 39 tirs au cours du match. Dont 16 au premier tiers et 14 au dernier. Ils ont toutefois été en possession de la rondelle bien plus souvent que le Tricolore comme en témoignent leurs 72 tirs tentés. C’est 23 de plus que Montréal. Un, deux, peut-être trois de ces tirs non cadrés des Canucks ont frappé des poteaux venus en aide au gardien du Tricolore. Une chance pour lui. Car c’est la seule aide dont il a bénéficié à Vancouver. On pourrait ajouter l’appui de la foule acquise à sa cause et à celle du Canadien comme c’est toujours le cas dans l’Ouest canadien. D’ailleurs, on a entendu des Carey! Carey! Carey! dans les gradins du Rogers Arena mardi soir. Ça faisait changement des huées du Centre Bell...
Tout ça pour dire qu’en dépit des cinq buts qu’il a accordés, Carey Price a joué comme Carey Price mardi. Ce qui a grandement aidé la cause du Canadien qui ne rentrera donc pas bredouille à Montréal après les quatre premiers de sa séquence de sept matchs de suite sur la route.
Et un peu à cause des mal-aimés...
Max Pacioretty n’a pas marqué mardi. Il a récolté deux passes, ce qui est loin d’être mauvais. Mais celui qui devait flirter encore cette année avec les 40 buts est toujours confiné à huit. Et il est maintenant rendu à un but à ses 16 derniers matchs.
Il s’est fait voler en tout début de rencontre. Mais bon : passer proche ce n’est pas assez. Et c’est juste bon aux fers et à la pétanque comme tout le monde sait.
Il a été pris en défaut sur le 5e but des Canucks alors que lui et son centre Jonathan Drouin ont bousillé des couvertures défensives ce qui a ouvert la porte au tour du chapeau de Thomas Vanek.
Une fois encore, le capitaine a été critiqué. La belle passe acheminée à Paul Byron n’a pas apaisé les critiques. Pas plus que sa course vers une rondelle libre et la passe qu’il a refilée à Phillip Danault pour lui permettre de marquer un but d’assurance dans un filet désert.
Si Pacioretty avait marqué au lieu de passer, on lui aurait reproché de marquer une fois encore dans un filet désert. Sa générosité a soulevé encore des critiques. Comme si le capitaine était incapable de se faire justice.
Phillip Danault a apprécié le geste de son capitaine. Il l’a d’ailleurs remercié. Quant au principal intéressé, il a reconnu avoir voulu rester loin du but d’assurance. « Je ne suis pas un fan des buts dans des filets déserts. J’ai eu ma part au fil des ans », a lancé Pacioretty avec un sourire en coin. Comme s’il était bien au courant des doléances de ses détracteurs qui l’affublent de marquer des buts sans importance. Ce qui est faux, mais bon. Les perceptions sont ce qu’elles sont et elles sont souvent difficiles à contrer...
Au-delà l’occasion qu’il a ratée en début de rencontre, Pacioretty a ajouté quatre autres tirs. Lui et ses compagnons de trio – Jonathan Drouin et Paul Byron – ont été menaçants à quelques occasions. Ce qui est encourageant. Du moins un peu. « C’était plaisant de se retrouver. Je sais que nous n’avons pas eu les succès espérés en début de saison, mais c’était plaisant de se sentir impliqué en attaque ce soir. Les buts doivent encore venir, mais nous aimons vraiment jouer ensemble », a analysé Pacioretty après la rencontre.
On verra combien de temps l’expérience durera cette fois.
L’autre expérience a porté ses fruits alors qu’un autre mal-aimé, Alex Galchenyuk, a marqué mardi. Avec l’agilité qu’on lui connaît pour décocher des tirs alors qu’il est près du filet adverse, Galchenyuk a enfilé son 8e de la saison.
S’il est vrai que globalement, Galchenyuk, avec Danault et Shaw, n’ont pas connu leur meilleur match, ce but pourrait servir de tremplin. Pourrait...
Car si on a mis en cause de manque de complicité animant Jonathan Drouin et Max Pacioretty en début de saison, c’était bien pire entre Galchenyuk et Phillip Danault.
Le temps nous le dira.
Et la recrue de l’année est...
Pour un gars qui ne devait pas jouer en raison d’une sévère contusion au pied subie dimanche alors qu’il a bloqué un tir avec un patin, Brock Boeser a disputé tout un match.
Véritable poison au cours de la majorité des présences qu’il a effectuées, Boeser a fini sa soirée de travail avec un but – et quel but – en cinq tirs cadrés sur les 11 tentés. Son but était son 18e de la saison. Même s’il a disputé moins de matchs que ses principaux rivaux dans la course au trophée Calder, Boeser est premier marqueur chez les recrues avec 18 buts et 32 points. C’est six buts de plus que Clayton Keller et Alex DeBrincat et six points de plus que le porte-couleurs des Coyotes et neuf de mieux que celui des Blackhawks.
Malgré son statut de recrue, Boeser est, et ça saute aux yeux, déjà l’un des piliers offensifs à Vancouver. Celui par qui la relance offensive des Canucks passera.
À quelques matchs de la mi-saison, il est clair que Brock Boeser occupe la position de tête dans la course au trophée Calder.