Comme nous le faisons depuis le début des éliminatoires, jetons ensemble un regard sur le duel de gardiens qui nous attend lors de la finale de l’Association Est.

Les déboires d’Henrik Lundqvist au Centre Bell sont bien documentés. On a beau remettre le compteur à zéro dans « l’autre saison », il y a de ces amphithéâtres où un gardien est bien au fait des difficultés qu’il y connaît. Le « roi Henrik » n’a pas joué à Montréal depuis le 15 janvier 2012, regardant les quatre matchs que les Rangers y ont disputés depuis du corridor menant au vestiaire des visiteurs. Ce laps de temps entre son dernier départ au Centre Bell et son prochain, samedi après-midi, pourrait lui être salutaire, question d’avoir le sentiment d’un nouveau départ. De plus, après un début de saison ordinaire miné de négociations contractuelles et de blessures récalcitrantes, il s’est ressaisi de façon spectaculaire devenant un des gardiens les plus constants et les plus dominants de la LNH depuis les Fêtes.

Techniquement, Lundqvist n’est pas parfait, mais il est rarement piégé hors position. Le fait qu’il évolue souvent avec l’arrière de sa lame de patin effleurant la ligne des buts, lui permet d’avoir plus de temps pour réagir et bien lire le jeu qui se déroule devant lui, cette lecture qui est une de ses grandes forces d’ailleurs. Ses déplacements courts et secs font qu’il est rarement battu par une passe latérale. Il comprend bien l’allure d’un match et est excellent à le gérer.

Du fait qu’il joue habituellement profondément dans son demi-cercle, Lundqvist ne couvre pas autant d’espace que désiré lors des tirs voilés et des déviations lors de lancers de la pointe. Un aspect que le Canadien tentera certainement d’exploiter. De plus, avec des feintes de tirs en entrée de territoire, le gardien des Rangers peut être menotté, surtout quand il choisit d’être un peu plus agressif. Le Tricolore devra absolument exercer une pression accrue sur Lundqvist lorsqu’il s’aventurera à l’extérieur de sa cage pour manier la rondelle, une de ses rares faiblesses évidentes. Finalement, parce qu’il favorise une position agenouillée centrée dans son filet, il arrive parfois de façon désorganisée près de ses poteaux devenant vulnérables aux rondelles perdues de vue lors de mêlées dans un angle restreint.

Voilà autant d’aspects à considérer an analysant le travail d’Henrik Lundqvist qui semble s’ajuster et s’améliorer au fur et à mesure qu’une série avance. D’ailleurs, il vient de signer, à Pittsburgh, une cinquième victoire consécutive lors d’un match numéro sept.

Après un rendez-vous raté contre Ben Bishop du Lightning, Carey Price s’est assuré, dès le premier match du deuxième tour, de remporter son duel tant attendu face à Tuukka Rask. En voilà un autre qui l’attend face, cette fois-ci, à un vétéran de 32 ans performant depuis longtemps et prêt à franchir une nouvelle étape dans sa carrière. À cet effet, Price aussi semble en mission dans ces séries.

Non seulement fait-il preuve d’une maturité nouvellement acquise cette saison, mais le gardien numéro un du Canadien, normalement peu volubile, a même fait preuve de grand leadership après la deuxième période du match ultime face aux Bruins en rappelant à ses coéquipiers de savourer le moment dans lequel ils se retrouvaient. J’ai eu la chance d’être le coéquipier d’un certain Patrick Roy à la fin des années 90. Lorsque Patrick parlait lors d’un entracte, tout le monde savait que la porte était officiellement fermée. Pour qu’une intervention comme celle de Price ait un effet durable, les bottines doivent suivre les babines… et elles l’ont fait!

D’un point de vue technique, les Bruins croyaient avoir trouvé une faille dans l’armure de Price en tirant constamment dans la partie supérieure. Si une tendance semblait alors se dessiner, avec une bonne partie des buts alloués par le numéro 31 dans le haut du filet, celle-ci s’est estompée. La seule façon de battre Price semble de créer du remous dans l’enclave et de rediriger des lancers du haut des cercles. Un simple ajustement pour favoriser une meilleure couverture d’espace dans une circulation lourde au détriment de réactions spécifiques à la trajectoire originale du lancer devrait suffire pour que Price arrête une plus grande proportion de tirs déviés. Ajustement plus facile à énoncer qu’à réaliser soit dit en passant.

Vous aurez deviné qu’il est quasi impossible de départager ces deux gardiens de premier plan dans un duel à ce point-ci des séries. Toutefois, si on prend en considération qu’à 32 ans, on connaît depuis longtemps à quel point Lundqvist est bon et qu’on se rend à l’évidence du fait que Price, à 26 ans, est clairement encore sur une pente ascendante, il faut croire que le parcours en or en 2014 du plus jeune des deux n’est peut-être pas encore terminé…