André Pronovost patine encore à 83 ans et sa mémoire n'a pas flanché
LNH samedi, 25 avr. 2020. 07:00 jeudi, 12 déc. 2024. 20:58MONTRÉAL – À 83 ans, André Pronovost ne s’ennuie pas du golf, des quilles, des cartes ou de marcher, il a hâte de recommencer le patin à roues alignées dans les rues de Shawinigan!
L’ancien ailier gauche du Canadien n’était pas le plus talentueux de sa génération, mais c’était déjà un exploit de jouer plus de 500 matchs réguliers dans un circuit à six équipes. Sans empiler les buts, il a contribué à quatre des cinq conquêtes consécutives de la coupe Stanley par le Canadien.
Après tout, on ne peut pas lui en vouloir de ne pas avoir eu le talent exceptionnel des frères Richard, de Jean Béliveau ou Bernard Geoffrion. Il misait toutefois sur une immense passion du hockey. Ce n’est pas pour rien qu’il est tombé en amour avec cet étonnant loisir à 57 ans!
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« Je suis maniaque de ça, je patine partout dans la ville. En 2017, je me suis tapé deux jours de suite, des rides de 30 km en allant d’un village à l’autre autour de Shawinigan », a décrit Pronovost en nous laissant bouche bée.
Il admet lui-même qu’il devrait idéalement perdre quelques livres en trop, mais c’est assurément le patinage qui constitue la clé de sa santé.
« Je n’avais jamais arrêté de patiner avant d’avoir mal à la hanche droite. Finalement, j’avais dû être opéré. C’était un 8 août et je suis retourné patiner sur la glace dès le 27 novembre », s’est-il amusé à dire un peu avec fierté et témérité. Il était hors de question qu’il rate une réunion organisée au Centre Bell, le 1er décembre, entre des anciens et des membres de leur famille.
Son attachement inconditionnel envers le hockey, il l’a également prouvé en devant disputer grosso modo la deuxième moitié de sa carrière dans des circuits professionnels mineurs à Pittsburgh, Memphis, Baltimore, Phoenix et Muskegon durant les années 1960.
« Dans ce temps-là, ce n’était pas la chose la plus payante. Mais c’était dans mes gênes de jouer au hockey. J’aimais tellement ça. J’ai commencé à 10 ans. J’ai tout de même eu de bonnes saisons dans la Ligue internationale à 33 ans avec 50 buts pour Muskegon », a décrit Pronovost qui avait obtenu une faveur de Sam Pollock, le directeur général du Canadien, pour participer au camp d’entraînement à Montréal afin de se préparer.
Le repêchage d’expansion de 1967 aurait pu lui fournir une occasion supplémentaire de revenir dans la LNH, mais il n’a pas abouti avec la bonne équipe ou plutôt le bon entraîneur.
« J’avais été repêché par (les North Stars) Minnesota, mais Wren Blair, ce n’était pas un coach. Je pense que c’est la pire personne que j’ai connue dans le hockey en 15 années professionnelles. La relation a mal commencé quand, au milieu de l’été, j’ai reçu une lettre pour un contrat m’offrant 15 000 $. Trois ans plus tôt, quand Detroit m’a descendu dans les mineures, je faisais 16 500 $. C’était stupide comme offre et j’ai retourné la lettre en disant qu’on était loin de s’entendre. La chicane a duré avec lui. Il m’a monté pour quelques parties, mais j’essaie d’oublier cette année moins facile », a relaté Pronovost reconnu pour ne pas se laisser piler sur les pieds.
Un esprit d'équipe qu'il n'a pas retrouvé ailleurs
Ça ne ressemblait en rien à ce qu’il avait connu avec le Canadien lors de ses cinq premières saisons dans la LNH. À notre grand bonheur, sa mémoire n’a pas été trop affectée par le style sans dentelle de son époque.
« Je suis chanceux pour ça. Quand on se rencontre, les vieux, on parle de plusieurs histoires et je peux dire "Attendez un peu, ça s’était plutôt passé comme ça". »
« Le gros point, dans notre équipe, c’était l’esprit d’équipe. C’était réellement formidable. Je n’ai pas vécu ça ailleurs après à Boston ou Detroit. Il y avait quelque chose de spécial pour l’esprit d’équipe et l’entraide à Montréal. Quand j’ai commencé, je demandais des conseils à Maurice, Béliveau, Geoffrion. Tout le monde s’aidait », s’est souvenu Pronovost.
Ce lien unique avait culminé avec le cinquième sacre, celui de 1960.
« La cinquième avait été réellement spéciale. On jouait nos parties et on se sentait invincibles. Phil Goyette, Claude Provost et moi, on formait la troisième ligne et on essayait de fournir notre effort de guerre », a confié celui qui avait inscrit un but et deux aides durant ces séries.
« C’était une saison de rêve comme on peut dire. Tout marchait et tout allait bien. On savait que Maurice ne reviendrait peut-être pas pour la suivante. Tout le monde tirait du même bord et c’était bien de penser que Maurice se retire en étant champion », a-t-il ajouté.
Durant la saison 1957-1958, le rôle de leur trio avait été accru quand Béliveau, Geoffrion et le Rocket avaient composé avec des blessures.
« Quand on se voit, on se dit parfois que ç’aurait été bien de pouvoir jouer un peu plus avec le Canadien. Mais tu ne peux rien faire quand tu as deux trios comme ça devant toi. On attendait notre tour. Phil, c’était le penseur du trio. Tous les jeux de finesse, ça venait de lui et on avait une très bonne entente avec Claude », a indiqué Pronovost à propos de la kid line.
En étant coéquipier d’Henri Richard avec le Canadien junior de Montréal, Pronovost a côtoyé le Rocket plusieurs fois. C’est peut-être ce qui explique pourquoi le numéro 9 était prêt à lui refiler plusieurs conseils quand il a fait le saut dans la LNH.
« Maurice avait un bon revers et moi aussi. Je lui demandais d’autres conseils et, automatiquement, il me montrait des trucs, mais il me guettait pour voir si je pratiquais. Un peu plus tard, Bill Hicke est arrivé à Montréal et il a fait l’erreur de demander un conseil à Maurice sans le pratiquer à la fin de l’entraînement. Le lendemain, Maurice l’a reviré de bord assez sec quand il a voulu connaître d’autres trucs! », a narré Pronovost en souriant.
L'occasion de revoir les matchs de son petit-fils Anthony Mantha
Les conseils du Rocket, Pronovost ne voulaient assurément pas les conserver tel un secret jusqu’à son dernier souffle. C’est l’un de ses huit petits-enfants qui en a entendu parler le plus souvent.
Si vous ne le saviez pas, Pronovost est le grand-père du talentueux Anthony Mantha – qui porte le nom de sa mère - des Red Wings de Detroit.
« Demande à Anthony de qui je lui parlais le plus et il va dire le Rocket. Je lui disais de pratiquer son revers et ses passes du revers. Toutes les manières de compter étaient bonnes pour lui, c’était notre marqueur naturel », a précisé Pronovost qui est également arrière-grand-père quatre fois.
Veuf depuis quatre ans, Pronovost a dû trouver une autre routine que celle de manger avec sa femme. Il s’est, tout naturellement, tourné vers sa passion.
« J’adore regarder des games de hockey. Depuis le début du confinement, j’ai recommencé à visionner les matchs d’Anthony cette année. Je regarde une partie par jour en m’installant sur le coin de la table avec mon souper et ma tablette », a exposé Pronovost.
Mais c’est tout aussi merveilleux pour lui de discuter sur sa tablette avec les autres membres de sa famille. Il est particulièrement heureux de pouvoir maintenant discuter avec ses deux plus vieux arrière-petits-enfants.